1998 – 2018 : Le paradoxe du football français

France's Samuel Umtiti scores his side's first goal of the game during the Semi Final FIFA World Cup match between France and Belgium at Krestovsky Stadium on July 10, 2018 in Saint Petersburg, Russia. Photo: Tim Goode / PA Images / Icon Sport

Depuis sa victoire 1-0 en demi-finale de la Coupe du monde 2018 face à la Belgique, la France est devenue la seule nation à jouer trois finales sur les 20 dernières années. Pourtant, c’est également durant cette période que le football français a connu ses heures les plus sombres.

 
1998, 2000, 2006, 2016, 2018. Cinq finales de compétition majeures. On peut aisément dire que l’équipe de France a su se mettre en évidence dans les grands tournois lors de ces 20 dernières années. Un bilan plus que correct, si on rajoute les quarts de finale en 2004, 2012 et 2014. Sur la même période, (très) peu d’équipes peuvent se vanter d’avoir fait mieux que nous. Pourtant, si le bilan est beau, il n’est pas parfait. Il n’a pas le petit truc qui fait de lui une période exceptionnelle du foot français.

2002, 2008, 2010, les erreurs à oublier

Si les Bleus ont réussi à aller très haut, ils sont également parvenus à creuser les méandres du sport français. 2002, 2008 et 2010. Excès de confiance pour l’une, naufrage collectif et prévisible pour les deux autres. Ces trois compétitions représentent des heures sombres de notre football français. 2002 et l’engouement populaire, les deux étoiles avant même le début de la compétition, la blessure de Zidane, les maux offensifs. Rien n’a marché, alors que les Français avaient probablement la meilleure équipe de leur histoire.

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2008-2010, l’après Zidane. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Formule bateau qui s’applique à merveille, pour une équipe qui n’a jamais su remplacer son numéro 10. La main d’Henry, la demande en mariage de Raymond Domenech, le scandale de Knysna. Autant de sujets à polémique parfaitement utilisés pour nuire au football français. Les caïds immatures et les gamins apeurés si chers à Roselyne Bachelot, sont désormais les têtes de turc d’un pays qui remet ses problèmes quotidiens sur le dos de sportifs trop payés. La fracture entre le peuple et les joueurs était alors béante. Plus personne ne se reconnaissait dans ces joueurs qui avaient sali l’image du pays.

Deschamps et le football du peuple

Plus de 8 ans après la pire catastrophe du sport français, le football et ses acteurs sont redevenus une fierté nationale. Il n’y a qu’à constater les réactions au coup de sifflet final face aux Belges pour se rendre compte que les Bleus ont de nouveau conquis leur public. Depuis sa prise de pouvoir, Didier Deschamps a su redonner vie à ce groupe. Avec des choix forts, et souvent fortement critiqué, il a su fédérer autour de lui pour rendre les joueurs meilleurs. Mieux que ça, la bonne ambiance qui se ressent dans le groupe permet aux spectateurs de s’identifier à ces joueurs. Qui n’a pas envie d’aller danser autour de l’enceinte de Presnel Kimpembe ou d’aller jouer au Pérudo avec Kilian Mbappé. Une identification qui va jusqu’au terrain. Le football que pratique les joueurs de Didier Deschamps à base de combativité, de solidarité, de don de soi, est une copie du football qui se joue en district. Si, bien évidemment, les Bleus sont très forts techniquement, les valeurs sur lesquelles repose cette équipe une fois sur la pelouse ressemblent à des consignes de football amateur. La hargne d’un Lucas Hernandez contraste avec le toucher de balle soyeux d’un Marcelo. Un football pauvre dans sa construction, qui n’a rien à voir avec l’élitisme de Zinédine Zidane lors de la Coupe du monde 2006 ou de Maradona en 1986. Ces deux joueurs sont inaccessibles pour le commun des mortels. Si la France remporte le titre ce dimanche, alors Didier Deschamps aura, indépendamment de sa volonté, réussi à rassembler les Français derrière son équipe, comme il l’avait fait en 1998. La boucle sera bouclée…

Justin Teste
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