Double champion du monde d’enduro, Mathias Bellino est paraplégique depuis 2018 suite à un accident survenu en Argentine. Mais le pilote poursuit son rêve : celui de participer au Dakar. Pourquoi pas dès 2023 en SSV.
28 août 2018. Mathias Bellino, double champion du monde d’enduro, est alors sur la Ruta 40, en Argentine, l’une des épreuves préparatoires au Dakar. Le pilote alors âgé de 27 ans effectuait sa première au guidon de sa Honda HRC. « Dès les premiers moments passés sur la moto, je me souviens que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. J’étais dans mon élément, le rallye-raid c’était mon rêve. » Mais en cette journée du 28 août, une chute est venue balayer ses rêves. Le constat est sans appel : lésion irréversible de la vertèbre T6, au niveau de la colonne vertébrale et de la moelle épinière, deux vertèbres fracturées et paralysie des membres inférieurs. « Participer au Dakar avait toujours été dans un coin de ma tête. Ce challenge, c’était quelque chose de nouveau pour moi, un rêve. Je voulais essayer de participer et de briller sur cette épreuve avant d’arrêter la moto. J’avais réussi à signer avec l’un des meilleurs teams de la discipline, c’était parfait, je vivais vraiment mon rêve… », confie Mathias Bellino. « Depuis, la reconstruction n’a pas été facile. Elle n’est toujours pas terminée. »
Quatre ans après son accident, une partie du rêve de Mathias Bellino est encore en vie : participer au Dakar. « Peu de temps après mon accident, je me suis acheté un buggy. Je ne peux plus faire de moto et le buggy est ce qui s’en rapproche le plus en termes de sensations. Je me suis assez rapidement dit que de pouvoir participer au Dakar serait mon nouvel objectif sportif. » Se fixer des objectifs, une nécessité pour le pilote. « Je suis un compétiteur dans l’âme. Ma vie a toujours été alimentée par des objectifs. Depuis mon accident, c’est d’ailleurs ce qui me permet de garder la tête haute. Des objectifs, il faut en avoir des petits, des moyens, des grands… le Dakar fait partie des grands », assure Mathias Bellino, qui ambitionne de participer à l’édition 2023 en catégorie SSV. « La compétition me manque énormément. Ça fait 3 ans que je n’en fais plus et c’est un manque énorme. Aujourd’hui, je ne m’identifie pas du tout à une personne en situation de handicap, c’est quelque chose que je n’ai pas encore accepté. Quand je monte dans mon buggy, c’est là où je suis le mieux. J’allume le moteur et c’est parti, je me sens bien. »
« Le rallye-raid, un rêve que j’ai touché du doigt »
Sur ses réseaux sociaux, en janvier dernier, Mathias Bellino confiait ne pas être capable de regarder le Dakar à la télévision. Le cœur brisé, le pilote espère aussi que sa participation à l’édition 2023 lui permettra de franchir un cap du point de vue psychologique. « N’importe quel sportif qui arrête son sport, même quand il a choisi sa sortie, traverse des périodes de déprime et de remise en question. Alors imaginez si tout s’arrête du jour au lendemain. En un instant, j’ai perdu mes rêves, mes objectifs, mes espoirs… ça a été très compliqué à vivre et ça l’est toujours. J’ai tout de même réussi à tourner la page de l’enduro, où j’ai fait une belle carrière. Mais le rallye-raid, c’est dur à vivre. C’est un rêve que j’ai touché du doigt, mais je n’ai pas pu en profiter. C’est quelque chose qui me pèse énormément, mais je me dis que si je suis au Dakar en 2023, j’y serai avec tout le monde, avec tous les pilotes, au cœur de l’action, et ça me soulagera forcément un peu. »
« Je suis prêt physiquement et mentalement »
Si Mathias Bellino met un « si » à sa participation au Dakar 2023, c’est parce qu’elle n’est pas encore actée. « Je suis prêt physiquement et mentalement. Mais comme souvent en sports mécaniques, l’argent est le nerf de la guerre. Il faut construire un projet et trouver des partenaires. C’est aujourd’hui la principale difficulté que je rencontre », souligne le pilote. « Avant, j’étais pilote de moto, c’était mon métier. J’étais payé pour faire de la compétition et obtenir des résultats. Aujourd’hui, la donne est forcément différente. En SSV, seuls les meilleurs sont payés. Pour les autres, il faut payer pour pouvoir rouler. C’est une question de réseau, de trouver des gens qui ont des moyens, qui sont passionnés de sports mécaniques et qui apprécient mon projet. » Un cercle de partenaires et de soutiens s’est d’ores et déjà constitué autour de Mathias Bellino. « Je pense notamment à RD Adaptation, qui est basée à Aix-en-Provence. C’est une société qui adapte des véhicules pour des gens comme moi. Je les ai contactés, je leur ai envoyé mon dossier, ils ont répondu tout de suite présents. Ils se sont occupés de mon buggy d’entraînement pour que je puisse le conduire et me sentir le mieux possible à l’intérieur. Ils ont répondu à toutes mes demandes, c’est un super boulot qu’ils ont fait. Dans cette aventure, j’ai pas mal d’autres soutiens, je pense à BFGoodrich, à la concession Pole Position 77, à 3,2,1 Perform, à BS Battery ou encore à 4.42 Suspensions. »
Il y a aussi le soutien du public, des passionnés de moto. Des personnes que, bien souvent, Mathias Bellino ne connaît pas. « J’ai reçu énormément de soutien après mon accident, bien plus que ce que j’imaginais. J’ai traversé pas mal de périodes de déprime, surtout au début, et ce soutien est un élément qui m’a fait énormément de bien. De voir tous ces gens que je connais à peine, voire pas du tout, qui sont derrière moi, qui pensent à moi, c’est extraordinaire. J’ai reçu des messages très touchants qui ont été très importants dans mon parcours de reconstruction. » Une reconstruction qui va donc passer par le SSV, « d’abord pour un rallye du Maroc, c’est en tout cas l’objectif, ça fait partie de mon budget », confie Mathias Bellino. « C’est une épreuve de plusieurs jours qui va me permettre de voir tout ce qu’il y a à appréhender et à mettre en place. Cela va aussi me permettre de me préparer dans les meilleures conditions en vue du Dakar. Pour le moment, je ne prétends pas être encore un bon pilote de buggy, surtout en vue d’une épreuve comme le Dakar. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre. » Fort heureusement, l’envie d’apprendre est là, celle de progresser aussi. « Le Dakar 2023, ce n’est pas un one-short. J’ai envie de commencer par en faire un, pour me faire plaisir et aller au bout. Mais ensuite, le but est de réitérer l’expérience sur plusieurs années. En moto, j’ai su progresser d’année en année, jusqu’à atteindre mes objectifs. Cette fois, ce sera pareil, j’entends m’améliorer pour avoir une carrière en rallye-raid. J’étais censé l’avoir en moto, mais ce sera finalement sur quatre roues. »
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Pour ceux qui souhaitent soutenir Mathias Bellino dans son aventure, n’hésitez pas à le contacter directement sur mathias.bellino@gmail.com