Après l’annulation de l’édition 2020 à cause du Covid-19 et un rendez-vous sans public l’année dernière à cause des restrictions sanitaires, la Coupe de France va pouvoir retrouver ses spectateurs lors des finales organisées le 23 avril prochain à l’Accor Arena, à Paris.
Un quart de siècle. Vingt-cinq ans que les deux finalistes de la Coupe de France se retrouvent à Paris pour se disputer un titre prestigieux. Le 27 avril 1997, alors que la Tour Eiffel affichait fièrement un « J-979 avant l’an 2000 », 4300 spectateurs étaient rassemblés au Stade Pierre de Coubertin pour assister à la victoire de l’ASVEL contre Nancy (67-58). Les Rhodaniens pouvaient alors s’appuyer sur Delaney Rudd, Brian Howard, Jim Bilba ou encore Alain Digbeu, trop forts pour les Nancéiens malgré Cyril Julian et un quatuor américain de feu (Jimmy Oliver, Pat Durham, Mike Ratliff et Derrick Lewis). Lors de la finale féminine, les joueuses de Tarbes étaient venues à bout du SC Bordeaux (63-60).
En 2022, si l’ASVEL et Tarbes font toujours partie des places fortes du basket hexagonal, les protagonistes ont changé. La salle aussi, puisque Coubertin a laissé la place à Bercy dès 1998, pour s’y installer durablement (seules les finales de 2014 et 2015 ont eu lieu ailleurs, respectivement à Coubertin et à la halle Georges-Carpentier). La Coupe de France y a trouvé son public. Ils étaient plus de 14 000 à participer à cette grande fête du basket en 2019, avant l’annulation en 2020 et le huis clos l’an passé.
Le plein de confiance pour attaquer la fin de saison
Que l’on soit un habitué des victoires comme l’ASVEL (10 succès dans la compétition) ou que l’on ne goûte que rarement aux joies de la victoire finale comme Strasbourg, qui a inscrit son nom deux fois au palmarès, une victoire en Coupe de France marque l’histoire d’un club et lance une vague de confiance avant les objectifs de fin de saison. Après ce que les Espagnols appelleraient « la décima » (la dixième), l’entraîneur de l’ASVEL, TJ Parker, notait l’importance de ce sacre : « On est content pour l’ensemble du club qui travaille dur. Ça n’a pas toujours été facile, mais les joueurs ont toujours travaillé. Ce qu’ils ont, ils l’ont mérité. On est content de ne pas avoir une saison vide, avec ce trophée. » Une victoire qui allait en appeler une autre, en championnat, quelques semaines plus tard. Vincent Collet, l’actuel coach de Boulogne-Levallois qui a remporté la Coupe de France avec Strasbourg en 2018, était sur la même longueur d’onde après un large succès contre Boulazac (82-62) : « Je ressens de la joie, c’est une finale, il a fallu la gagner. Un trophée c’est toujours un plaisir, ce n’est jamais neutre, même si cela n’a pas la même valeur qu’un titre de champion de France. »
Samedi 23 avril, quatre finales se succèderont tout au long d’une journée lors de laquelle le public présent à l’Accor Arena pourra profiter de nombreuses animations autour de la balle orange. Les U18 féminines ouvriront le bal dès 9h30, avant que les U17 masculins ne prennent le relais à midi. Place ensuite aux pros, d’abord les femmes dès 14h30, puis les hommes à partir de 17h. Joueuses et joueurs pourront à nouveau profiter de la ferveur du public, pour les aider à les mener vers la victoire et les Trophées Robert Busnel (pour les hommes) et Joë Jaunay (pour les femmes). Que la fête (re)commence !
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Qui est Joë Jaunay ?
Depuis 1996, le club vainqueur de la Coupe de France féminine remporte le Trophée Joë Jaunay. Un nom bien connu des férus d’histoire du basket, mais pas forcément du grand public. D’abord joueur (sélectionné à trois reprises avec l’équipe de France, il ne dispute aucun match avec les Bleus, gêné par des blessures), c’est en tant qu’entraîneur et formateur qu’il va passer à la postérité. Il a eu sous ses ordres Robert Monclar au RCM de Toulouse, puis a lancé Louis Bertorelle et Max Joseph-Noël à Caraman, club de la banlieue toulousaine. En club, il a aussi été à la tête du club féminin de Clermont, qui a ultra dominé le basket hexagonal dans les années 70. Entre 1970 et 1976, Joë Jaunay a remporté avec le CUC sept titres de champion de France (1970, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975 et 1976) et a été quatre fois finaliste de la Coupe des clubs champions (1971, 1973, 1974 et 1976).
Le regretté Michel Canque, ancien président de Clermont, avait déclaré il y a plusieurs années : « Nous avons eu une période très glorieuse que nous devons, je crois, à l’association de deux génies du basket. L’un est le manager-entraîneur Joë Jaunay, qui est certainement l’un des maîtres du basket mondial, extrêmement moderne dans ses conceptions, l’autre est une joueuse qui était l’une des meilleures du monde, Jacky Chazalon. » Quelques chiffres pour étayer cette période historique du basket auvergnat : en championnat, le club a réussi l’exploit d’enchaîner une première série de 125 victoires d’affilée, avant de faire encore mieux avec 222 victoires de rang ! Joë Jaunay a ajouté un titre national supplémentaire à son riche palmarès, avec le Stade Français en 1983.
Pendant cette période, l’entraîneur français a multiplié les casquettes, puisqu’il a été directeur technique national entre 1964 et 1980. A la tête de l’équipe de France Juniors (1964-1966), il a décroché la médaille d’argent du championnat d’Europe (1964). Il a également entraîné l’équipe de France féminine (1966-1976), avec une médaille d’argent du championnat d’Europe (1970) à la clé, et l’équipe de France masculine (1965-1974) à la même période. L’homme à tout faire du basket français dans les années 70 est décédé en 1993, à 73 ans.
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Qui est Robert Busnel ?
Le Trophée Robert Busnel est remis au vainqueur de la Coupe de France masculine. Cette légende du basket français a d’abord été joueur et a remporté plusieurs titres de champion de France, dont le premier à seulement 15 ans avec le Foyer alsacien Mulhouse. Il est aussi passé par le FC Grenoble, l’Éveil sportif Sainte-Marie de La Guillotière de Lyon et le Racing Club de France. Avec le maillot de l’équipe de France sur les épaules, il a participé aux Jeux olympiques de Londres en 1948. Les Bleus échouent en finale face aux Etats-Unis mais repartent tout de même de la capitale anglaise avec une médaille d’argent. Robert Busnel est à cette occasion joueur et entraîneur de l’équipe nationale.
La couleur de la médaille sera la même pour le joueur, sélectionneur, manager (et même journaliste) Robert Busnel au championnat d’Europe de 1949, remporté par…l’Egypte ! Retiré des parquets, l’entraîneur tricolore décroche deux nouvelles médailles, en bronze, lors des championnats d’Europe 1951 (derrière l’URSS et la Tchécoslovaquie) et 1953 (derrière l’URSS et la Hongrie). En 1953 toujours, il mène les Bleues à la médaille de bronze lors des championnats du monde, qui se disputent avec huit équipes des Amériques (Argentine, Brésil, Chili, Cuba, Etats-Unis, Mexique, Paraguay et Pérou) et seulement deux équipes européennes (France et Suisse). Les Américaines ont décroché l’or devant les Chiliennes, en argent à domicile.
Après l’expérience acquise à la tête des équipes de France, qu’il a quittées en 1957, Robert Busnel devient directeur technique national (DTN) du basket-ball français entre 1960 et 1964. Malgré un passage sur le banc du Real Madrid, en tant qu’entraîneur, lors de la saison 1965-1966 (il gagne le championnat), il reste proche des instances et endosse le costume de président de la Fédération française de basket-ball (FFBB). « Le basket stagnait en France, Villeurbanne dominait le championnat. La France manquait de joueurs de valeur internationale. J’ai décidé de la sortir de l’ornière », expliquait-il au Monde en 1983, trois ans après la fin de son aventure à la tête du basket tricolore. Robert Busnel ne s’est pas arrêté là, il a été président de la FIBA (Fédération internationale de basket) de 1984 à 1990. Le 15 mars 1991, ce grand monsieur du basket français décède tragiquement dans un accident de la route, à 76 ans.