La France accueillera en 2025 la Coupe du monde de rugby à XIII. Une opportunité en or pour une discipline souvent éclipsée par le XV de France et le rugby à 7, présent aux Jeux olympiques. Entretien avec le président de la Fédération française, Luc Lacoste.
La France accueillera la Coupe du monde de rugby à XIII en 2025. Initialement programmé aux États-Unis et au Canada mais repoussé pour des raisons financières, l’événement revient finalement sur le territoire français. De quoi ravir le Premier ministre Jean Castex : « C’est un grand moment. Je sais le poids des symboles et je comprends ce que vous ressentez : il y a derrière vous tous les pratiquants et supporters de cette discipline. (…) Ce n’est pas seulement un goût personnel mais une passion française. Le gouvernement apporte son soutien sans réserve à cette compétition car elle participe d’une politique assumée de promotion et d’accueil des grands événements internationaux en France. » La France avait déjà organisé la Coupe du monde en 1954 et en 1972, avant d’en être le co-hôte en 2000 et 2013, avec le Royaume-Uni et l’Irlande. Le rugby à XIII comptait 13 000 licenciés en 2021, répartis dans 170 clubs (22 sections féminines).
Pourquoi la France a-t-elle décidé de se porter candidate à l’organisation de la Coupe du monde 2025 ?
Parce que notre discipline mérite de revenir sur le devant de la scène. Le rugby à XIII est un sport merveilleux qui bénéficie d’un passé glorieux. C’est un sport populaire, implanté dans le Sud de la France, mais également en région Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine, en Île-de-France, ainsi qu’en Loire-Atlantique avec quelques clubs. La Normandie voit également des clubs se créer.
Lorsque j’ai été élu en décembre 2020 j’avais dit que la France se porterait candidate, pour poursuivre l’aventure sportive. Après la Coupe du monde de Rugby à XV en 2023, et les JO de Paris en 2024, quoi de plus naturel que d’aimer « France 2025 ». Grâce au travail de tous et à la qualité et la singularité du projet proposé, la France s’est vu attribuer l’organisation en janvier dernier. La Coupe du monde reviendra donc dans notre pays 50 ans après la dernière édition en France.
Cette Coupe du monde, nous l’avons voulue pour le rugby à XIII français, afin de mettre un éclairage particulier sur ce sport qui le mérite tant et lui permettre de retrouver ses lettres de noblesse. La mécanique d’organisation que nous avons choisie devrait permettre une forte croissance du nombre de clubs, la forte croissance du nombre de licenciés, une augmentation de la pratique féminine et des jeunes ainsi que des handi-fauteuil.
Cette Coupe du monde 2025 n’est ni un début de quelque chose, ni une finalité en soi, c’est un point de passage, un point GPS dans la démarche de transformation de la fédération que nous avons démarrée depuis un an maintenant. La Coupe du monde était donc stratégique pour notre fédération.
« Le rugby à XIII est ultra spectaculaire »
On parle beaucoup des performances du XV de France, du rugby à 7 notamment grâce aux JO, il était important de replacer le XIII au centre du jeu ?
Oui clairement. Le rugby à XIII est un sport ultra moderne, fait de vitesse, de courses folles, d’un temps de jeu effectif moyen supérieur à 65 minutes sur les 80 minutes que dure un match, essentiellement joué à la main. Il est de surcroit peu traumatisant. Il est ultra spectaculaire. Pourtant, depuis des années, il était peu visible. Dès qu’on le voit, les gens adhérent quasi immédiatement. Il est donc en effet important de pouvoir le montrer et le promouvoir.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les gens connaissent bien son existence et le sondage que l’IFOP a réalisé dernièrement (88 % des Français sont favorables et soutiennent le projet d’organisation de la Coupe du monde de rugby à XIII en 2025, NDLR), montre clairement que les gens aiment ce sport historique. Ils ne demandent qu’à le redécouvrir sur l’ensemble de notre territoire. Il doit s’ouvrir, aller à leur rencontre. Toute la démarche de la fédération depuis un an, et la Coupe du monde sera à ce titre un événement majeur, est de remettre ce sport au cœur de la culture sportive populaire et lui redonner sa fierté.
Comment est née l’idée de regrouper quatre compétitions (femmes, hommes, fauteuils et jeunes) ? Est-ce que cela a été facile à mettre en place ?
Il fallait trouver une singularité forte après les deux événements majeurs que seront France 2023 et Paris 2024. L’idée est venue d’une volonté forte : un sport pour tous, accessible à tous. Dès lors, il est apparu très vite logique de faire une compétition pour les quatre disciplines : hommes, femmes, handi, et jeunes. Vous savez, notre plus jeune licencié a 3 ans, et le plus âgé, 93 ans. Nous sommes clairement un sport pour tous, qui a su développer des pratiques aménagées, adaptées au plus large public. Se rapprocher des gens, c’est notre ADN.
Ensuite, la politique fédérale est d’accroître le nombre de ses licenciés. C’est le cas pour les hommes mais peut-être encore plus pour les femmes. Ce sport est résolument féminin. Il est fait aussi pour les enfants dès l’école primaire, en passant par les collèges et les lycées, car il est très facile d’accès avec des règles simples et une capacité à s’amuser et jouer bien très vite.
« Les territoires font partie de l’ADN de ce sport »
Comment seront choisies les 40 villes qui accueilleront l’événement ? Quand seront-elles dévoilées ?
Les villes seront choisies selon différents critères, allant des capacités d’accueil des installations sportives pour les compétitions ou les camps de base, aux infrastructures hôtelières et touristiques pour recevoir le public festif qui arrivera d’un peu partout sur la planète. Tout dépendra aussi de la volonté affichée d’accompagner pleinement l’événement avec la mise en place de Comités locaux d’organisation.
Le processus de candidature est toujours en cours et les villes qui se positionnent sont nombreuses. Ensuite, d’avril à fin juillet, les équipes du Comité d’organisation vont aller à la rencontre de chacune d’entre elles pour évaluer les dossiers et trouver une cohérence d’ensemble. Les décisions seront prises entre les mois de septembre et de décembre.
Pourquoi avoir voulu faire de l’événement une Coupe du monde des territoires ?
Cela fait partie de l’ADN de ce sport. Un sport pour tous, accessible à tous. Il est important de pouvoir permettre à des villes de taille moyenne de participer à de grands événements sportifs et bénéficier ainsi des retours économiques et médiatiques de ce type d’événement. Généralement, ceux-ci ne sont dédiés qu’aux grandes métropoles. Nous voulions le rendre accessible au plus grand nombre. Le sport, c’est l’affaire de tous.
Quand est-ce que les premiers billets seront mis en vente ?
Les premières ventes auront lieu vraisemblablement à la fin de l’année 2023.
Vous faites votre possible pour que l’événement soit une belle fête populaire, notamment avec un tarif accessible pour les billets…
Oui, nous voulons là aussi rester sur notre credo d’un sport pour tous et accessible à tous. C’est pourquoi, le tarif moyen sur l’ensemble de la compétition sera de l’ordre de 30 euros.
Vous avez également souhaité mettre l’accent sur le côté écoresponsable de cette fête du rugby…
Il est indispensable de penser les événements afin qu’ils répondent à des critères écoresponsables très forts. Dans ce cadre, nous favoriseront notamment toutes les solutions qui apporteront un excellent bilan carbone. Mais c’est l’ensemble des valeurs RSE que portera « France 2025 ».
Qu’est-ce que sera, pour vous, une Coupe du monde réussie ?
Une bel événement, une ambiance conviviale, une fête dans tous les territoires. Une reconnaissance par les nations invitées d’une organisation sans faille et à la hauteur de notre pays. Ce sera un budget maîtrisé. Et puis, ce sera j’espère de très bons résultats pour nos quatre équipes de France. Bref, ce sera de voir les sourires sur chaque visage.
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