Du 3 au 6 juin, Treignac (Corrèze) accueille les championnats du monde de descente en canoë-kayak. Et les Français seront à surveiller, même si la championne du monde en titre Lise Vinet (kayak monoplace) n’a pas réussi à se qualifier pour ce rendez-vous à domicile.
Lise, comment s’est déroulé votre début de saison ?
La fin de saison dernière était assez tardive, début octobre. On a fait une petite pause, puis on a enchaîné assez vite parce qu’on savait que les Mondiaux se déroulaient au début du mois de juin. On n’avait pas le temps de faire une grande pause. On a enchaîné, avec pas mal de stages, à peu près un par mois. On a fait un peu comme d’habitude, un stage de ski de fond l’hiver pendant la coupure, un stage à Séville pour reprendre le bateau, quelques stages en eaux vives pour reprendre la technique. Concernant la compétition, on a eu quelques épreuves interrégionales ou régionales. Et j’ai fait une course nationale où je termine deuxième. Je fais une bonne course, ça m’a permis de mettre les bases.
Vous pratiquez donc aussi le ski de fond pendant l’hiver…
C’est surtout pour travailler le fond qu’on fait ça, c’est de la PPG (préparation physique générale). On fait ce stage de ski de fond pendant une semaine presque tous les ans, cela permet de changer un peu de support. On a l’habitude et c’est plutôt sympa. Pendant l’hiver, généralement, on coupe un peu du kayak, parce qu’il fait froid ! On fait donc beaucoup de préparation physique générale et de musculation. On alterne également course à pied, vélo et natation.
Lors des championnats du monde, vous aviez un titre à défendre. Être sacrée championne du monde l’an dernier ne vous assurait pas une qualification directe pour cette année ?
Non, malheureusement.
« La Haute-Vézère, une rivière que j’adore ! »
Pouvez-vous me parler de ce rendez-vous qui se déroule en France ? Et des spécificités de ce site de compétition ?
Les championnats du monde se déroulent à Treignac, sur la Haute-Vézère. C’est un site que l’on connaît très bien parce qu’il y a déjà eu des championnats de France organisés là-bas, et il y a régulièrement des courses à cet endroit. Moi, c’est une rivière que j’adore parce que c’est une petite rivière qui ne paye pas trop de mine comme ça. Et en réalité, quand on s’y engouffre, ça ne s’arrête jamais. C’est assez technique, il y a pas mal de cailloux, pas mal de belles vagues. A chaque fois, il faut trouver la trajectoire qui nous convient le mieux, et qui nous permet d’être le plus rapide possible. C’est une superbe rivière. Et en revanche, la spécificité, c’est qu’il n’y a de l’eau qu’une fois par an là-bas. Au-dessus, c’est un gros barrage avec un lac, et ils ouvrent toujours un week-end dans l’année. Généralement, je crois que c’est en mai ou en juin. On ne peut pas y aller à un autre moment, ou alors il faut vraiment qu’il y ait beaucoup d’eau l’hiver et que ça surverse sur le barrage, mais ça n’arrive presque jamais. C’est une rivière qu’on connaît très bien, mais on n’y va pas souvent non plus. C’est un peu l’enjeu. Il y a eu six jours de lâché pour les sélections, et ensuite le prochain lâché sera pour les championnats du monde. Il n’y en a pas entre temps.
Vous étiez attendue après votre titre l’an dernier. Vous rêviez de décrocher une nouvelle médaille d’or ?
Oui, évidemment, c’était un bel objectif ! Mais les sélections ont été compliquées car il y a une grosse densité en France, il ne fallait pas se louper. L’année dernière, il n’y avait que les championnats du monde sur le sprint. C’est une année sur deux. L’an passé c’était du sprint sur un bassin de slalom, donc sur un bassin artificiel. Et là, du coup, on passe en naturel avec du sprint et de la classique. C’est un peu différent. Cela demande des qualités différentes.
Comment se déroulaient les sélections ?
Il y avait quatre jours de course, deux jours de sprint et deux jours de classique. Et une fille était sélectionnée à chaque fois, donc il y aura quatre filles au total. Aux championnats du monde, les quatre filles ont le droit de courir la course individuelle sprint et la course individuelle classique. Pour les compétitions par équipes, c’est par trois, donc ils prendront les trois meilleures de l’individuel. Cela ne sera pas défini avant.
« On a la chance d’avoir de superbes rivières en France »
Quelles sont les différences entre le sprint et le classique ?
C’est surtout le temps qui varie. Le sprint, ce sont des manches qui durent à peu près une minute. Il y a deux manches de qualifications, et ensuite la finale, où tout est remis à zéro. Le classement se fait sur la finale. La course classique, c’est sur tout un tronçon de rivière, et c’est sur 18 minutes. On part chacun d’un tour, et le but, c’est d’être la meilleure sur dix-huit minutes. Évidemment, l’effort est complètement différent, niveau explosivité, niveau longueur de parcours, niveau vision, et au niveau de la navigation.
Pourquoi la France domine largement la discipline, comment l’expliquer ?
C’est une bonne question. Je pense que ça donne des idées quand on voit les autres réussissent. Quand on est jeune, ça fait rêver et ça donne envie de faire la même chose. Ensuite, on est encadré par des gens qui ont réussi, ça aide beaucoup. On a aussi la chance d’avoir de superbes rivières en France et tous les pays n’ont pas cette chance-là, et sont obligés de beaucoup voyager pour trouver de l’eau vive. Nous, on a plein de superbes rivières, c’est une chance. Enfin, je pense que c’est aussi un choix aussi des fédérations, de mettre l’accent sur certaines disciplines ou sur d’autres.