Du 21 au 26 juin, la Coupe du monde de basket 3×3 fait son grand retour, à Anvers (Belgique). Les deux équipes de France, féminine et masculine, ont l’ambition d’y briller. Entretien avec Karim Souchu, le sélectionneur des deux formations tricolores.
Karim, quel est le programme des équipes de France de basket 3×3 avant d’arriver à la Coupe du monde ?
Alors deux choses vont se passer. Pour les garçons, après un premier stage du 26 au 31 mai à Antibes, il y a les qualifications les 3 et 4 juin pour la Coupe d’Europe. Contrairement aux filles, les garçons ne sont pas qualifiés directement pour la Coupe d’Europe de septembre. Ils disputeront un tournoi de qualification à Tel-Aviv, c’est la première échéance qui arrive très bientôt. A la suite de ça, on va partir quelques jours avec les garçons sur un stage de préparation en Serbie, du 9 au 12 juin. Après ça, du 12 au 19, on sera à Voiron pour continuer la préparation avant de participer au tournoi Big Twelve, un tournoi international de qualité. Ensuite, on partira sur la Coupe du monde. Pour les filles, c’est différent. Un petit groupe de filles été concerné par les Women Series à Tel-Aviv fin mai. On ne les revoit qu’à partir du 12 juin à Voiron pour une grosse préparation. Elles partiront ensuite avec les garçons à la Coupe du monde. Les deux groupes ne vont pas être sur les mêmes dynamiques et les mêmes tournois de préparation jusqu’au 12 juin. Ensuite, tout le monde est réuni à Voiron.
Pour la Coupe du monde, savez-vous déjà quel groupe y va ? Combien de joueurs et de joueuses iront à Anvers ?
Pour la Coupe du monde, on va être obligé de déclarer six joueurs et six joueuses à la FIBA. Parmi ces six joueurs et six joueuses, quatre d’entre eux doivent obligatoirement être dans le top dix français. C’est une première contrainte. La sélection n’est pas encore décidée, les tournois et la préparation seront importants. Lors de la préparation, on verra 12 joueuses et 12 joueurs. A Voiron, on décidera de la sélection une semaine avant la Coupe du monde. On emmènera 4 filles et 4 garçons, parce que sur les six déclarés à la FIBA, il y a deux remplaçants. Jusqu’à la veille de la compétition, on peut changer des joueurs, s’il y a une blessure par exemple. Mais une fois que la compétition est commencée, c’est fini.
« Le basket 3×3 a été beaucoup regardé aux Jeux olympiques »
Y a-t-il des joueurs du 5×5 qui se déclarent candidats pour intégrer l’équipe de France ? Comment est-ce que cela fonctionne ?
Ce n’est pas évident parce que oui, il y a des joueurs qui déclarent. Cela étant, il faut que l’on fasse en fonction du calendrier du basket 5×5. Par exemple, pour les garçons, je vais préparer les qualifications pour la Coupe d’Europe, mais j’ai encore des garçons qui sont appelés au 5×5, dont je ne vais pas pouvoir les utiliser. Généralement, chez les garçons et chez les filles, on a des joueurs et des joueuses qui sont dans des clubs qui performent, et on les récupère assez tardivement.
Est-ce que vous remarquez, notamment depuis les derniers Jeux olympiques, un intérêt grandissant pour la discipline ?
Oui, clairement, on a été contacté par des joueurs qui veulent essayer, et ce sont des joueurs reconnus. On a également beaucoup plus de sollicitations des médias. Je ne le pensais pas, mais le basket 3×3 a été beaucoup regardé aux Jeux olympiques. Le format a marqué les gens, qui ont trouvé ça dynamique. Il n’y a pas une personne qui a regardé les Jeux qui ne me parle pas de 3×3.
Pour la Coupe du monde, quels sont les objectifs des deux équipes ?
On y va avec l’objectif de performer, on fait du sport de haut niveau pour ça, on va essayer d’aller le plus haut possible, avec les garçons et les filles. Sur une Coupe du monde, tout peut arriver. C’est une question de dynamique. Ensuite, quoi qu’il arrive, c’est une expérience qui va nous servir, car nous sommes dans un nouveau cycle, un renouveau avec des nouveaux joueurs, de nouvelles joueuses. Cela sera aussi une façon de s’évaluer, de voir où on en est.
« Nous sommes dans un nouveau cycle »
Le basket 3×3 est une discipline jeune mais elle s’est structurée très vite. C’est un sport qui a vite su prendre son envol…
L’avantage, c’est que l’on fait partie d’une fédération puissante, organisée, et qui a des résultats. Quand le 5×5 fait des médailles aux Jeux, c’est tout le basket français qui fait des médailles et ça donne envie aux jeunes d’essayer. Ils savent désormais qu’ils peuvent pratiquer le 5×5 et le 3×3. Si on réussit de belles performances, on va aussi créer des vocations. La fédération est pour beaucoup dans l’essor de la discipline, elle met des moyens pour développer la discipline.
Vous avez pratiqué le 3×3 en 2012, pensiez-vous que l’essor serait aussi important pour la discipline ?
Je voyais le potentiel, mais dire que je savais que cinq ans après, ça allait être un sport olympique, non. Ça a été relativement rapide. Mais honnêtement, ça se voyait. Il y a une ambiance, déjà en 2012 c’était vraiment très spécial. L’organisation, le lieu de la compétition, on avait un superbe produit entre les mains.
« Un groupe très difficile pour les garçons »
Est-ce que vous pouvez me parler des adversaires des Bleus à la Coupe du monde ? En commençant par les garçons qui affronteront la Serbie, qui est le gros morceau, Porto-Rico, le Brésil et la Nouvelle-Zélande…
C’est un groupe compliqué parce la Serbie est favorite de la compétition. Porto-Rico, c’est une équipe qui tourne sur le World Tour depuis trois ans maintenant, ce sont des spécialistes du 3×3, avec de très bons joueurs. La Nouvelle-Zélande, c’est toujours compliqué de la jouer car c’est une équipe physique, et le physique est très important dans le 3×3. Enfin, le Brésil est une équipe qu’on a battue de justesse lors du TQO [tournoi de qualification olympique]. C’est une équipe sud-américaine physique, dans l’intensité. C’est vraiment un groupe très difficile chez les garçons, ça va être compliqué. Mais je crois dur comme fer qu’on peut faire quelque chose de bien.
Et dans le groupe des filles, on retrouve là aussi le Brésil et la Nouvelle-Zélande, mais aussi nos meilleures amies américaines et l’Autriche…
On retrouve nos Américaines, qu’on avait quittées aux Jeux sur une note un peu amère. Mais c’est une Coupe du monde, donc ce sera forcément compliqué. Ce sera une question de dynamique et de préparation aussi, donc il faudra bien se préparer. Il n’y a pas de match facile. Il y a des nations qui sont peut-être moins connues en 5×5, mais dont il faudra se méfier en 3×3, comme le Brésil par exemple. La Nouvelle-Zélande, c’est pareil. Je l’ai vu jouer il y a quatre ans, elle s’était qualifiée pour un championnat du monde. C’était pas mal ! On sait à quoi s’attendre. Il n’y a plus de petites nations aujourd’hui au basket 3×3, tout le monde s’y met.
Pour les Bleues, face aux Américaines, il y aura un petit esprit de petit esprit de revanche ?
J’espère ! Même si cela ne sera peut-être pas les mêmes équipes des deux côtés. Cela fait partie des rivalités du sport. On sait qu’on n’avait pas fait ce qu’il fallait aux Jeux. On a une deuxième chance, à nous de la saisir.
« Les Jeux, c’est demain ! »
Tout le monde doit être très motivé staff et joueurs, en vue des Jeux de Paris 2024 qui vont arriver très vite…
Les Jeux, c’est demain ! Il va falloir qu’on se prépare grâce à toutes ces étapes-là. C’est ce que j’ai dit aux joueurs. On parle des JO comme le grand objectif, mais avant, il y a énormément d’étapes intermédiaires qui vont nous servir et qu’il ne faut pas négliger. La Coupe du monde en fait partie.
Les deux équipes de France sont directement qualifiées pour Paris 2024 ?
Non. Une seule équipe est directement qualifiée, ce sera celle qui sera la mieux classée. Avec l’une des deux équipes, on ne sait pas encore laquelle, on devra passer par un TQO. C’est dû au fait qu’il n’y ait que huit équipes dans un tournoi olympique de 3×3. L’équipe qui sera la mieux classée au 1ᵉʳ novembre 2023 sera l’équipe qualifiée pour les Jeux. La seule possibilité pour que la seconde équipe évite le TQO, c’est d’être dans le top 3 mondial ou dans le top 2 européen.
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