Michaël Guigou dispute le dernier match de sa carrière ce mercredi soir avec Nîmes contre Limoges. Le handball français perd l’un de ceux qui a tout gagné.
L’armoire à trophées et à médailles est remplie. Très bien remplie même. L’histoire, elle, est belle. Magnifique. Quasi-parfaite. Michaël Guigou s’en va, après de beaux et loyaux services en équipe de France et en club, dont le MHB, auquel il a tout donné. Ce soir, face à Limoges, sa carrière prendra fin. Avec beaucoup de souvenirs et sans regrets.
Ineffaçable
Discret, Mika est l’un des visages emblématiques du handball français. Mais avant tout, une référence pour les jeunes et les joueurs avec lesquels il a remporté de nombreux trophées. “ Il fait partie des plus grands « , affirme l’ancien capitaine des Bleus Jérôme Fernandez. » Il est le meilleur ailier gauche de l’histoire et laissera une trace indélébile d’autant qu’il pouvait jouer demi-centre. «
L’âme compétitrice, l’originaire d’Apt a longtemps été perçu comme un diamant brut dans sa discipline. Un bijou d’une rareté sans nom tant ses qualités sont nombreuses. “ Ce qui le rendait au-dessus de tout le monde, c’est sa capacité à comprendre le jeu et à apporter les réponses adéquates par sa technique « , analyse l’entraîneur de Montpellier, Patrice Canayer. » Quand il ne restait plus de solutions, on s’en remettait à son talent. Comme c’est une qualité qui traverse le temps, il a débuté très tôt et conclu tardivement sa carrière. «
Irremplaçable
Sa passion pour le handball commence très tôt, vers l’âge de cinq ans. À 17 ans, le Vauclusien rejoint Montpellier. Équipe qu’il ne quittera qu’en 2019… “ Rester plus de quinze ans dans un club, c’est rare. Mika, c’est Montpellier et Montpellier, c’est Mika ”, définit le gardien Vincent Gérard. Formation avec laquelle il aura soulevé de nombreux titres, dont le plus beau : la Ligue des Champions. Pas une, mais deux fois. En 2003 contre Pampelune et en 2018 face à Nantes. Dix titres de champion de France et onze coupes de France complètent sa belle panoplie.
Club auquel il resta fidèle pendant 20 ans malgré les multiples sollicitations. “ Quand Niko Karabatic est parti à Kiel en 2005, il m’a demandé si je voulais le suivre. Il y a eu aussi des contacts avec Pampelune, Ciudad Real, Barcelone… Ma priorité n’a jamais été d’être le meilleur joueur du monde, ni d’être dans le meilleur championnat « , a-t-il expliqué à l’AFP. » La vie est faite de beaucoup de choses et pas seulement d’une carrière sportive. Si tu parviens à concilier ton bonheur et celui des gens autour de toi, c’est top. ” Mais la fin se sera avérée compliquée, avec une non prolongation de contrat en 2019 suite à un désaccord avec l’entraîneur du MHB. Année où il décide de rejoindre l’équipe voisine de Nîmes. “ Je voulais être l’homme d’un seul club. Je n’ai pas peur de l’après, mais je serai un peu triste « , confiait-il à l’époque. » La fin de carrière de joueur sera un déchirement, tant elle ressemble à un petit deuil. «
Inégalable
22 saisons plus tard… La légende Michaël Guigou ✨ pic.twitter.com/AiQHRqiVzY
— Ligue Nationale de Handball (@LNHofficiel) June 7, 2022
En équipe de France, Michaël Guigou fait partie des meubles. Ce type de joueur toujours présent, synonyme de symbole et de boussole. Celui dont on n’imagine pas le départ… Depuis 2002, il n’a loupé aucun succès en Bleus. Triple champion olympique en 2008, 2012 et tout récemment à Tokyo. Quatre fois champion du monde. Trois fois champion d’Europe. “ Le Mondial 2009 en Croatie et les Jeux Olympiques à Londres m’ont marqué « , avouait-il. » Le premier titre européen en 2006 aussi… ” D’autres statistiques permettent de démontrer l’ampleur de son palmarès vertigineux, mais aussi son importance chez les Tricolores. Mika, c’est 307 sélections et 1021 buts au compteur. Le troisième meilleur réalisateur de l’histoire des Bleus derrière Jérôme Fernandez (1463) et Nikola Karabatic (1238). Le 18e sportif français à avoir remporté au moins trois médailles d’or olympiques. Tout simplement.
À l’heure d’adresser ses remerciements, Mika ne délivre pas un au revoir mais un à bientôt. “ Je remercie l’USAM de m’avoir accueilli et accompagné pour la fin de ma carrière. J’ai ressenti beaucoup d’amour, d’amitié et de sincérité. C’est très fort de finir comme ça. Je vais continuer l’aventure avec l’USAM et essayer d’apporter autant, voire plus que sur le terrain, et contribuer à transmettre aux jeunes ”, a-t-il annoncé. À Nîmes, le champion olympique en titre va poursuivre sa carrière, sur le banc cette-fois ci, en tant qu’ambassadeur du club et conseiller du président David Tebib. Le début d’un nouveau chapitre qui referme une des plus belles histoires sportives de France.
Séverine Bouquet