Du 8 au 10 septembre, la ville des Hauts-de-France accueille les meilleurs Européens de la discipline pour un Euro qui promet du spectacle. L’équipe de France aura à cœur de briller devant son public.
Un chemin semé d’embûches, puis la délivrance. Du 8 au 10 septembre, Boulogne-sur-Mer accueillera enfin « ses » championnats d’Europe de savate boxe française. « On devait organiser ce rendez-vous en 2020. Mais le Covid-19 est passé par là. Trois semaines avant, on a dû annuler, explique Yann Pochet, président du Center Training de Boulogne-sur-Mer, organisateur de ce rendez-vous prestigieux. Naturellement, cet événement a été reporté. La Fédération Française et la Confédération Européenne de savate nous ont fait confiance pour la suite, sur le fait de pouvoir à nouveau organiser cet événement. On avait vraiment tout préparé, comme on était à trois semaines du rendez-vous, tout était prêt. On a donc ressorti ce vieux dossier du tiroir pour le remettre à jour. »
Un contretemps qu’il a fallu surmonter, et qui a coûté cher. « Ça a été très, très compliqué à gérer du fait de l’annulation du championnat d’Europe seulement trois semaines avant le début de la compétition. Un investissement financier important avait déjà été mis sur la table. On a eu une perte financière de 18 000 euros qui n’a pas été compensée, et il a fallu rebondir. On a organisé les championnats de France Élite, que l’on a dû préparer en huit mois, et maintenant, les championnats d’Europe que l’on prépare sur trois ou quatre mois », détaille l’organisateur.
Les Hauts-de-France pleinement impliqués dans la promotion de la discipline
Mais le jeu en valait la chandelle. Boulogne-sur-Mer va accueillir à Damrémont une compétition qui, pour la première fois, se déroulera entièrement au même endroit. « C’est la première fois que cela va se passer sous cette forme, avec tournois et finales dans la foulée. D’habitude, les tournois qualificatifs étaient organisés dans un pays, et les finales, plus tard, à un autre endroit. Cette fois, tout a lieu ici sur trois jours. On a les tournois qualificatifs juniors et seniors, masculins et féminins, le jeudi et le vendredi. Le vendredi soir, ce sont les finales juniors, et peut-être deux ou trois finales seniors, dans les poules un peu creuses, où il y a un peu moins de combattants. Et le samedi soir, ce sera l’ensemble de toutes les finales seniors », précise Yann Pochet.
La tenue de ce rendez-vous dans les Hauts-de-France devrait permettre à la savate boxe française de se développer encore un peu plus dans la région, lieu historiquement lié à la discipline. « La boxe française est en place dans le Boulonnais depuis 1900, raconte le président du Center Training. On a les archives, tout remonte à cette date. A l’époque, les salles étaient partagées avec la boxe anglaise. Les Anglais venaient d’ailleurs s’entraîner au moment de la Seconde Guerre mondiale. » Depuis, l’histoire d’amour entre la région et la savate boxe française continue, portée par des passionnés comme Yann Pochet : « La région Hauts-de-France est fortement impliquée dans le développement de la savate boxe française, il y a pas mal de clubs ici. Il y a un investissement important, que ce soit sur le Boulonnais, voire sur la Côte d’Opale, puisque Calais a récemment organisé des finales juniors Premium. La Côte d’Opale organise de grands événements, le Pas-de-Calais également. Et, bien sûr, les Hauts-de-France nous suivent, et sont pleinement investis dans le développement et la promotion de la discipline. »
« Des pourparlers avec une délégation ukrainienne »
Pour le grand rendez-vous de septembre, les meilleures nations européennes seront présentes à Boulogne-sur-Mer. Toutes, sauf la Russie, qui devrait être privée de compétition à cause de l’invasion de l’Ukraine. « Il n’y a rien de sûr, tempère Yann Pochet, mais en raison du contexte politique, il y a de fortes probabilités que les Russes ne viennent pas. C’est une décision de la Confédération Européenne et du Comité Olympique. Je sais également qu’ils sont en pourparlers avec une délégation ukrainienne. Il se pose la question de l’hébergement, il faut les équiper aussi, car ils ont tout perdu. En ce qui concerne les autres nations, il y aura les pays de l’Est, la Bulgarie, la Hongrie, la Serbie, la Croatie… Il y aura certainement la Suisse aussi. Les Anglais progressent énormément également, en assaut, c’est le cas, en combat, on va voir ce que ça donne. Les Italiens seront là, et bien sûr, il y aura une équipe belge. » Les combattants tenteront d’empêcher « une très belle équipe de France » de trop briller à domicile, devant un public acquis à sa cause.
Et si l’organisateur Yann Pochet se réjouit de ce plateau relevé pour les championnats d’Europe, le père qu’il est, déplore l’absence de ses deux joyaux, sa fille Lohane et son fils Alexis. « Lohane est en école de sous-officier de gendarmerie actuellement, à Tulle. Toute l’année, elle est privée de compétitions. Que ce soit de l’assaut ou du combat, elle ne peut rien faire », détaille le papa. Multiple championne de France, championne d’Europe, championne du monde, celle qui collectionne les titres et remplit l’armoire à trophées familiale ne sera pas de la partie à domicile.
« Un Euro sans Lohane et Alexis, c’est frustrant, c’est terrible même ! »
C’est la même chose pour le fils, Alexis. Lui aussi est déjà champion de France, champion d’Europe et champion du monde. Lui aussi manquera le rendez-vous boulonnais de septembre. « Il est gendarme, sous-officier. Avant de reprendre la compétition, il veut être gendarme de carrière, et éviter ainsi les soucis à cause d’une éventuelle blessure. Pour cela, il faut trois années dans la gendarmerie. Là, il termine sa deuxième année, il lui en reste encore une pour assurer sa place. Revenir, ça le démange. Aux championnats de France, il n’a même pas voulu venir, car il en avait gros sur la patate. Aux championnats d’Europe, ce sera la même chose. Mais quand il va revenir, ça va faire très mal, prédit le père Pochet. En revanche, pour cet événement, on ne l’aura pas avec nous, malheureusement. »
Yann Pochet comprend évidemment les raisons de ces absences, même s’il rêvait de voir la famille triompher à domicile, aussi bien au niveau de l’organisation que sur le ring : « Bien sûr que c’est frustrant, c’est terrible même ! Ce sont des projets qui se préparent bien à l’avance. Une fois que la machine est lancée, il y a ces petites informations, ces modifications qui arrivent. Mais on ne va pas annuler pour ça. Il y a l’amour du sport en lui-même, de la savate boxe française, et je suis fidèle à mes engagements. Les enfants, ça aurait été un plus, un gros plus, mais c’est comme ça… » Il n’en reste pas moins que ce rendez-vous européen se doit d’être une belle fête de la discipline, qui sera diffusée sur SPORTMAG TV. « Ce que j’attends, c’est qu’il y ait une médiatisation assez forte, pour la promotion de la savate boxe française. La salle sera remplie, je le pense vraiment. Et j’espère surtout un retour international très positif pour l’organisation, de la part des instances et des autres nations, pour donner envie à tout le monde de développer davantage la savate boxe française », espère Yann Pochet. Même sans les stars de la famille.