Au cours de l’année 2022, Margot Chevrier a pris une toute autre dimension, pour éclore au meilleur niveau international. La perchiste de la Team SPORTMAG revient sur sa longue saison 2022, clôturée par les championnats d’Europe.
Après un concours pas évident, au bout d’une longue saison, quel est votre sentiment après ces championnats d’Europe à Munich ?
C’est difficile d’être à la fois déçue et satisfaite. Forcément, c’est toujours un peu délicat de faire dixième d’une finale… Mais ce n’est pas tellement la place, ce sont surtout la performance et la manière dont ça s’est passé qui comptent. Dans ce concours, tout était difficile : physiquement, psychologiquement et nerveusement, on voit bien que je n’ai plus rien en stock ! Avant même les qualifications, je sentais que même si je voulais tout donner, je n’avais plus de réserves. C’était très dur à gérer…
Après les qualifs, je ne voyais pas comment j’allais pouvoir enchaîner sur la finale. Plus de jus, du tout. Avant même mon footing d’échauffement, j’avais mal partout ! Il fallait vraiment que ce soit le dernier grand championnat de la saison… Cette année, j’ai souvent eu le sentiment que la saison n’allait jamais finir. Il fallait toujours enchaîner, sans arrêt. Après les Mondiaux, il fallait tout de suite repartir pour Lausanne, et ensuite se remobiliser sur les Europe…
« La première fois en 4 ans que je peux vraiment ne rien faire ! »
Alors ça fait du bien d’en voir enfin le bout, et de prendre quelques vacances…
Ah complètement. La saison prochaine, je ne repartirai pas si tôt sur les compétitions. J’avais démarré en novembre pour préparer l’hiver, cette fois, on changera le programme. Depuis la reprise du sport après le deuxième confinement, je n’ai pas vraiment arrêté. Il y a eu énormément de concours, de déplacements, de sélections, de courses après les minima… C’est une première depuis quatre ans que mes vacances sportives tombent en même temps que mes vacances scolaires. C’est la première fois depuis bien longtemps que je peux vraiment « rien faire » ! En général, quand je faisais des breaks de la perche, j’étais en stage à l’hôpital, ce n’est pas totalement reposant. Là je peux vraiment profiter…
Pour revenir sur ces championnats d’Europe, cette finale était particulièrement éreintante, avec des sauts qui s’enchaînaient en permanence !
Ah ouais j’ai vraiment eu cette sensation de passer mon temps à sauter ! Je fais huit sauts en vingt minutes, je n’en pouvais plus. C’est un peu un manque de chance au programme oui, mais surtout parce que je ne passais pas mes barres. Alors à chaque fois, tout le monde était passé, et il ne restait que moi qui devais recommencer. Trois essais ça va très vite, et c’est difficile de se régler quand nerveusement et physiquement on est à bout. Habituellement, on fait la même course, le même élan. Mais là, quand on est crevé comme je l’étais, il y a trop de différences d’un saut à l’autre, et c’est difficile de trouver la bonne perche et la bonne marque d’impulsion.
« Une vraie saison d’apprentissage »
Même si ce concours-là n’a pas tourné comme il le fallait, cette saison est évidemment très prometteuse pour la suite…
Sur la saison dans sa globalité, c’est vrai que j’avais les moyens de faire de belles choses. Quand je vois ce que j’ai réussi aux Mondiaux, que ce soit en qualifications et à l’échauffement, je me dis que j’aurais pu faire quelque chose de très bien aussi aux Europe. Après, il faut réussir à sortir cette performance le jour J. Pour être médaillée européenne, il aurait fallu que je batte mon record de cinq centimètres, à la hauteur du record de France (4,75m). C’était faisable sur le papier : moi comme mon entraîneur, on y croyait, mais c’est difficile de le reproduire à chaque concours !
Cette saison, j’ai emmagasiné beaucoup de confiance et d’expérience. Il y a clairement un avant et un après 2022. Beaucoup de choses ont changé à partir du moment où j’ai fait 4m65 à Miramas. Désormais, je me sens à ma place sur les grands championnats internationaux. L’enjeu, la pression, le public… j’adore ces sensations ! Forcément, il faut se planter avant de faire de meilleures choses, et c’était une vraie saison d’apprentissage à ce niveau pour moi. Partager le quotidien de l’équipe de France est aussi quelque chose de génial, et j’ai hâte de revivre tout ça. Après une coupure quand même !