Les fédérations olympiques ont pleinement intégré le sport santé dans leur programme de développement. Aviron, tennis de table, badminton… SPORTMAG est allé à la rencontre de ceux qui s’occupent de ce sujet.
Le sport santé est un véritable enjeu pour les fédérations sportives, qui n’hésitent plus à intégrer ce sujet à leur programme. Pour certaines, comme la Fédération française d’aviron, le sport santé est déjà pleinement intégré à la politique de développement. « Il est au programme de la FFA depuis 2012, explique Yvonig Foucaud, référent sport santé à la Fédération. Nous sommes l’une des premières fédérations à avoir mis en place un programme adapté. Dès 2012, on a mis en place un coach aviron santé. » Des choses existent également depuis plusieurs années à la Fédération française de tennis de table, et la nouvelle équipe en place du président Gilles Erb, élu en décembre 2020, « a souhaité mettre à égalité le développement et le haut niveau dans son programme ». « Le programme de développement s’appuie sur quatre piliers et un de ces quatre piliers, c’est le ping santé. Les autres sont le ping citoyen, le ping loisir et le ping en extérieur », détaille Stéphane Lelong, en charge du pôle Développement de la Fédération. Et c’est Lucie Coulon qui se charge de toute la partie Ping Santé.
Du côté de la Fédération française de badminton, Jérôme Careil, directeur technique national, se félicite que la discipline soit « une activité hyper propice au sport santé. Le badminton a comme caractéristique principale que tout le monde peut en faire. Cela nous ouvre un champ des possibles immense. » Un atout que possède également l’aviron : « C’est le sport idéal, car on va développer à la fois le cœur et le corps, le cardio et la force. C’est en plus un sport porté, non traumatisant, et harmonieux, où on développe 85% de la masse musculaire. L’aviron est un sport ou les personnes en surpoids vont très vite être valorisées, notamment par la pratique indoor. J’aime le dire parce que c’est un vrai vecteur pour motiver les pratiquants. Ces personnes-là, on s’en occupe très bien, et sur du long terme, ça fait parfois des miracles », assure Yvonig Foucaud.
« Les coachs que l’on forme sont des militants du sport santé »
A la Fédération française d’aviron, « la pratique sport santé s’adresse aux personnes atteintes d’affection longue durée (ALD), et en prévention primaire pour des personnes qui n’ont pas de pathologie, explique le référent sport santé à la FFA. Aujourd’hui, le dispositif nous permet d’avoir des personnes qui vont avoir des limitations de type maladies cardiovasculaires, des cancers. On a beaucoup de femmes opérées de cancer qui font de l’aviron santé. Pour elles, on organise d’ailleurs tous les ans au championnat de France Indoor le challenge Avirose. » En dix ans, le travail de la FFA a payé : « En 2012, on n’avait rien sur le terrain. Dix ans plus tard, on a 120 coachs formés pour accueillir ces publics. Et environ 1500 personnes atteintes d’affections longue durée sont inscrites dans nos clubs, parmi nos 44 000 licenciés. » Et les résultats sont probants : « 90% des pratiquants, au bout d’un ou deux ans à pratiquer dans ces créneaux, deviennent des pratiquants comme les autres et s’inscrivent sur la durée. À tel point qu’aujourd’hui, on a des clubs où les premiers pratiquants aviron santé, notamment des femmes opérées d’un cancer, dirigent les clubs et sont très impliquées dans la vie associative. »
Yvonig Foucaud garde en souvenir de belles histoires créées par ce dispositif sport santé : « On a déjà eu des gens complètement désocialisés qui ont retrouvé du sens à leur vie. Je pense à un rameur qui était en obésité morbide, et qui a été motivé, valorisé par la pratique, avec la coach qui l’accompagnait. Il ne faisait que de l’indoor dans un premier temps, car il pesait 150, 160 kilos. Il était tellement content d’aller au club et d’être valorisé qu’il a décidé d’aller jusqu’à l’opération de chirurgie bariatrique. Son objectif était de pouvoir monter un jour dans un skiff. Quelque temps plus tard, il m’a envoyé un message pour me dire : « c’est fait. » C’est fort ! Il avait à peine 34 ans quand il est arrivé, et aujourd’hui, il est très investi dans son club, il a retrouvé du travail, il se sent bien, c’est quand même assez extraordinaire. Donc oui, ça marche, parce que les coachs que l’on forme sont des militants du sport santé. »
« Continuer à déployer le fit’minton sur le territoire »
Du côté de la FFTT, on travaille avec les personnes atteintes des maladies d’Alzheimer et Parkinson. « On a une convention avec France Alzheimer et avec France Parkinson, raconte Stéphane Lelong. Pour Alzheimer, on travaille sur la prise d’information et surtout sur la coordination. Le côté convivial de l’activité, associé à des exercices de coordination motrice, permet aux malades d’oublier un peu leur maladie sur un temps donné. Et ce travail de coordination motrice stimule le système cognitif et contribue à développer l’hippocampe, zone du cerveau fragilisée par la maladie d’Alzheimer. C’est pareil pour la maladie de Parkinson. Le tennis de table est une discipline qui a une motricité fine, et jouer permet d’accentuer la concentration, de réduire un peu les tremblements ou en tout cas de mieux les espacer. On a démarré avec France Parkinson au mois de novembre 2021 et on a déjà une vingtaine de clubs en France qui ont ouvert un créneau. Pour Alzheimer, il y avait à la même époque un peu moins de dix clubs, et cette année on n’est pas loin de la trentaine. »
La Fédération française de badminton met quant à elle l’accent sur la performance sociale du sport, avec plusieurs thématiques, dont la santé et le bien-être. « On veut mettre en avant la lutte contre la sédentarité, qu’on couple avec le badminton en entreprise, détaille Jérôme Careil. L’idée, c’est de se rapprocher des entreprises pour proposer notre activité, facile d’accès, qui est du coup un vrai vecteur de lutte contre la sédentarité. Nous avons également un dispositif qui s’appelle le fit’minton. C’est une pratique sur la base de mouvements du badminton, mais dans une logique d’activité remise en forme, en musique, avec des chorégraphies. On aimerait continuer à déployer ce dispositif, qui répond à des enjeux de santé. »
Le e-tennis de table bientôt incontournable dans les entreprises ?
Le sport en entreprise est aussi un axe majeur de développement à la FFTT. « On travaille sur la construction d’une offre pour l’activité sportive en entreprise, qui peut se mettre en place assez facilement, assure Stéphane Lelong. Une table de tennis de table ne prend pas beaucoup de place. Cela permet de lutter contre la sédentarité et d’améliorer la convivialité au sein du personnel. De plus, le ministère nous a donné la délégation de la e-discipline, le tennis de table en réalité virtuelle. Il existe déjà un jeu extrêmement réaliste, qui nous permet de proposer et de présenter l’activité sur un espace de 4 m². On n’a pas encore construit l’offre de pratique, mais on imagine très bien pouvoir proposer l’activité sportive en entreprise, présenter le tennis de table d’une part, et faire du sport au travers le casque de réalité virtuelle. On va travailler d’ailleurs avec le pôle ressources, sport et innovations de Nantes, rattaché au CREPS, pour mesurer les impacts physiologiques d’une pratique en réalité virtuelle par rapport à la pratique réelle. »
L’autre volet du ping santé concerne le public senior. « Il existe dans les clubs une offre de loisir adaptée à ce public. Je fais le lien avec le ping en extérieur, parce que demain, avec le programme des équipements sportifs de proximité, la FFTT compte bien proposer des séances de tennis de table ping santé à un public sédentaire, proche de chez lui, notamment un public retraité. Ces équipements de proximité vont faciliter l’accès à la pratique », se réjouit Stéphane Lelong.
La FFBad travaille aussi avec les seniors, comme l’explique Jérôme Careil : « Pour tous ceux qui sont capables de venir, on les inclut dans des créneaux existants, en prenant en compte les caractéristiques des seniors concernés, ou l’on crée parfois des créneaux spécifiques pour un public senior, qui a l’avantage de pouvoir pratiquer en journée. On a aussi un autre dispositif pour les personnes qui sont en établissement, comme les EHPAD. C’est une pratique avec des situations pédagogiques vraiment adaptées aux pratiquants, en utilisant par exemple des ballons de baudruche à la place du volant. Concrètement, on a repris un certain nombre d’outils qui étaient liés aux très jeunes, qui permettent de faire travailler la mémoire, la mobilité. Et on a de bons résultats. » Preuve que le sport santé est un sujet désormais incontournable dans le développement du travail des fédérations.
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