Sixième des championnats du monde de rugby-fauteuil, Jonathan Hivernat tire un bilan positif de l’événement. L’athlète de la Team SPORTMAG retient les progrès d’une équipe de France aux moyens limités, mais à la détermination exceptionnelle.
Jonathan, la France termine 6e des Mondiaux de rugby-fauteuil. Que retenez-vous de cette compétition ?
L’objectif était de finir dans le top 4 mondial, on a failli à cet objectif-là. Pourtant, on avait commencé de la meilleure des manières. On a surpris beaucoup de personnes qui n’attendaient pas autant de cette équipe après la préparation maigrichonne que nous avons eue. Je pense que nous avons fait sensation. Nous avons imposé le respect pendant la première partie de compétition. Les quatre premiers jours ont été riches, intenses et forts. Je pense que ça a été l’un des plus beaux moments de ma carrière sportive. Décrocher six victoires sur des championnats du monde, ce n’est pas rien. C’est révélateur du fait que cette équipe de France commence à avoir de la constance au plus haut niveau. Le seul regret, c’est ce quart de finale perdu face au Danemark, qui était l’un des matches les plus importants de cette compétition. Mais d’un autre côté, je n’aurais jamais pu espérer que cette équipe de France puisse battre les États-Unis et la Grande-Bretagne sur une seule et même journée. C’est la preuve que nous avons énormément progressé, ce sont des performances références. Je retiens cette aventure humaine et sportive incroyable.
Parlons de ce quart de finale perdu en prolongation. Quels sont les points à améliorer qui peuvent vous permettre de gagner ce type de match à l’avenir ?
Quand on a le public avec soi, ça nous transcende et ça nous porte, ça a été le cas pour cette équipe du Danemark. Au-delà de cet élément-là, nous avons besoin de plus de régularité sur notre intensité physique et énergétique. Cela va nous conduire à mieux gérer nos temps forts et nos temps faibles, et ainsi de limiter la marge d’erreur. Ça pourrait nous permettre de gommer de petits détails qui ont été importants sur ce match et qui ont entraîné cette élimination. Je pense que le match se joue avant l’overtime, il y a plusieurs erreurs évitables qui auraient dû nous permettre de gagner avant la prolongation. Nous avons perdu trop de ballons pour pouvoir prétendre être devant et gérer le match. Personnellement, je n’étais plus aussi frais qu’au début de la compétition. C’est aussi sur cette dimension physique que l’on va devoir progresser.
« La Fédération Française de Rugby a un rôle clé à jouer »
Vous parliez de la préparation, à quel point ce manque de moyens vous a-t-il empêché d’aller jusqu’au bout ?
C’est quelque chose qui m’attriste. Cette équipe de France est capable de réaliser quelque chose de très fort, mais on ne nous donne pas les moyens d’y arriver. Toutes les nations présentes sur les championnats du monde ont beaucoup plus de moyens que nous. Avec le maigre budget que l’on a, arriver à un tel niveau et rivaliser avec les autres équipes relève de l’exceptionnel. Nous arrivons à surprendre et nous confirmons notre positionnement vis-à-vis de la scène internationale. Cette sixième place, elle reflète une grande régularité de l’équipe de France depuis une dizaine d’années.
Avez-vous toujours l’espoir que le rugby-fauteuil intègre la Fédération Française de Rugby ?
Nous représentons une équipe de France, nous voulons simplement un minimum de dignité. La FFR a un rôle clé à jouer, ce serait une importante plus-value pour nous, c’est clair. Ce serait un signe important en vue de l’inclusion de tous les rugbys. Certes, notre discipline est différente, mais le fond est similaire, nous faisons partie de cette famille du rugby. C’est quelque chose qui ne pourra nous faire que grandir. Mon rôle, c’est de pouvoir aussi arriver à convaincre et à persuader que ce mouvement parasportif a un réel intérêt à figurer au sein de la Fédération Française de Rugby. Il faut que l’on avance là-dessus en vue d’une collaboration forte et significative, ça me paraît essentiel.
Quelle va être la suite du programme pour cette équipe de France ?
Chacun d’entre nous va devoir récupérer après ces championnats du monde puis retrouver les terrains en vue du début du championnat de France qui va commencer fin novembre. Il sera important de faire un débriefing avec l’ensemble des joueurs et du staff lors d’une réunion. On va pouvoir se dire les choses, aborder ce qui a été positif et négatif, ce qu’il nous reste à travailler et évoquer les pistes d’améliorations en vue des prochaines échéances.