Fabrice Guilley, président du Comité 91 Judo, se penche sur la dynamique de la discipline, le judo militaire ainsi que sur le para-judo.
Quel bilan tirez-vous de la saison 2021/2022 ?
C’est un bon bilan. On a mis des actions pour faire connaître au public la pratique sportive du judo. Nous avons mis en place l’Itinéraire des Champions. Cela s’est déroulé au mois de novembre, en début de saison. C’était une manière de relancer le début de saison. Donc, nous avons eu à peu près 20/25 clubs qui représentent 400 à 500 enfants. Des champions olympiques, actuels et anciens, étaient présents. Nous nous sommes rendus dans les EHPAD, dans les hôpitaux ainsi que dans les quartiers défavorisés, avec un show au dojo régional. La mascotte Kodomo était aussi sur place. Ensuite, un spectacle très bien présenté par Frédéric Lecanu s’est tenu. A partir de là, à la fin, on se demandait si c’étaient les champions qui faisaient crier les jeunes ou si c’étaient les jeunes qui faisaient crier les champions tant il y avait l’osmose entre les champions, les enfants et le public. Nous avons aussi reçu les Coupes d’Île-de-France minimes, benjamins et seniors ainsi que les championnats de France à Villebon-sur-Yvette. Nous sommes un groupe organisé dont le but est de fidéliser et faire rayonner le judo, avec le soutien du Département de l’Essonne, de la Région Île-de-France, la Ligue Île-de-France de judo et la Fédération. Nous intervenons également dans les prisons.
Cette saison post-Covid a donc été bénéfique, tant pour le Comité que pour les pratiquants…
Exactement. On a eu une relance de licences. Lors du Covid, nous tournions autour de 7 000 adhérents. Après la pandémie, nous comptions 8 000 licences. La dynamique a été relancée, puisque nous totalisons environ 10 500 licenciés. Les trois mois de libre nous ont permis de mener des actions et de maintenir un lien avec nos adhérents, nos licenciés, les familles. Nous avons également aussi fait de la pratique du judo dans le milieu scolaire. Cela s’est révélé compliqué en raison des contraintes sanitaires. Toutefois, il a été possible de pratiquer de nouveau en fin d’année scolaire. Le judo scolaire, c’est un temps fort, un temps de pratique dans le programme scolaire, ce qui permet également de donner envie à des jeunes de rejoindre un club. Il ne faut pas oublier que le judo est connu également par ses résultats sportifs.
« Nous cherchons à intégrer des jeunes judokas à fort potentiel dans l’armée »
Outre cela, vous avez aussi accueilli les championnats du monde militaire en octobre 2021. Comment ça s’est passé ?
Le Comité, avec France Judo et la Ligue Île-de-France, a organisé le championnat du monde militaire. C’était une grande réussite avec 22 pays et 300 combattants. Nous avons été sacrés champions du monde par équipes masculine et féminine et glané trois titres en individuel. Lors de ce rassemblement, une intervention intitulée Lien, Armée, Nation a été menée. Celle-ci consistait à réunir 150 enfants issus des clubs de judo essonniens. De plus, une autre cérémonie s’est tenue sur les blessés de la Défense, qui reviennent sur leur accident et leur façon d’appréhender une nouvelle vie. Le judo met en place des ateliers pour leur redonner confiance. Un exemple concret : un motard qui a été percuté en intervention. Il a été amputé d’une jambe et lors d’un cours de judo en Lien Armée Nation Sport Santé, il enlève sa prothèse à la suite d’une douleur. Il se met debout et marche sur une jambe. Ça faisait deux ans qu’il attendait ça. Tout le monde était scotché.
Des judokas sont-ils aussi engagés dans l’armée ?
Oui. Je gère l’équipe de France militaire de judo depuis 2000. Nous avons récemment engagé quatre judokas. Shirine Boukli, de la Marine nationale, Julia Tolofua, de l’armée de terre et là, nous avons deux contrats qui vont arriver. Il y a Fanny Martinet, qui est aveugle, qui va avoir un contrat à l’armée de terre également. Elle est actuellement kiné. Grâce au contrat de 1 400 €/mois qu’elle va signer, cela lui permettra de s’entraîner à plein temps. Nous cherchons avant tout à intégrer des jeunes à fort potentiel.
Le Comité 91 Judo est très impliqué dans le para-judo. En quoi est-ce important ?
Nous avons des activités de para-judo et de sport adapté dans l’Essonne, avec Lucie Dupin, qui est devenue conseillère technique fédérale pour le para-judo en Île-de-France. Cependant, ces activités n’ont pas pu être menées durant deux ans en raison du Covid-19. Elles ont pu reprendre il y a peu, avec notamment une action au siège social de Carrefour à Massy. Cela peut aussi amener de l’employabilité aux personnes en situation de handicap, et par conséquent, les considérer d’une meilleure façon.
Il est vrai que le regard sur le para-judo a énormément évolué ces dernières années, comme en atteste la Journée paralympique…
Complètement. On peut remarquer qu’une osmose est née. Cela donne envie de pratiquer et d’échanger, ce qui, il y a dix, quinze ans, n’était pas forcément possible parce que les citoyens étaient sur la réserve. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir parce qu’il y a deux/trois olympiades, personne ne regardait les Jeux paralympiques. Mais on ne change pas ça en deux ans. Selon moi, Paris 2024 sera un bon tremplin pour la suite.