Spécialiste de combiné nordique, Mattéo Baud a suivi les traces de son père, Frédéric. À seulement 20 ans, le jeune Doubiste a déjà pris part aux Jeux olympiques et entend se faire une place parmi les meilleurs de sa discipline. Tout en continuant à pratiquer le sport qu’il aime avec le sourire.
Père et fils, coach et athlète : Frédéric Baud et son fils Mattéo sont plus liés que jamais. Une relation renforcée par l’amour d’une discipline : le combiné nordique. Le père, Frédéric, faisait partie des meilleurs tricolores dans les années 1990 et 2000. Une passion transmise à son fils. Le jeune Mattéo Baud, 20 ans, est aujourd’hui le grand espoir français de la discipline. Mais pour le natif de Pontarlier, pas question de se mettre la pression. « J’ai mes objectifs en tête, je veux devenir l’un des meilleurs de ma discipline. Mais pour en arriver là, il faut que je prenne du plaisir et que je m’amuse », confie le jeune athlète, fidèle à la philosophie de son père. Pour Mattéo, le combiné nordique est rapidement apparu comme une évidence, dans les pas de Frédéric. Dès l’âge de 12 ans, il prend part à sa première compétition internationale. Cinq ans plus tard, il obtient son premier podium international, avant de s’aligner sur les Championnats du monde juniors. Une ascension express pour celui qui garde les pieds sur terre (sauf quand il pratique le saut à ski). « Je tiens à poursuivre mes études en parallèle de ma carrière sportive, confie-t-il. On sait que le sport, cela va forcément s’arrêter. Alors il faut une porte de sortie. Plus tard, je me vois rester dans ce milieu, en tant qu’entraîneur ou autre. Alors, avoir des diplômes et des compétences, c’est essentiel. Cela me permet aussi d’avoir un bon équilibre. Pendant l’hiver, on n’est jamais à la maison, toujours en compétition… le retour à la vie normale d’un étudiant, ça me fait du bien, d’avoir ce contraste. »
Les Jeux olympiques, « une super expérience »
Une vie qui a pris un sacré tournant en 2022 : Mattéo Baud a participé à ses tout premiers Jeux olympiques du côté de Pékin. Vingt ans après son père. Une émotion forcément particulière. « J’ai vraiment pu m’exprimer de la meilleure des manières lors de ces JO », glisse-t-il. 18e en petit tremplin, 21e en grand tremplin et 5e par équipes, il retient surtout les acquis et la maturité emmagasinés : « C’était une super expérience. En tant que sportif de haut niveau, c’est toujours impressionnant de participer à ce type d’événement. Je suis convaincu que ça va beaucoup m’apporter pour la suite, c’est certain. Il n’y a pas de doute là-dessus, ça va vraiment me permettre de progresser et d’être prêt pour les prochaines échéances. » Également Champion de France au début de l’année 2022, Mattéo Baud a vécu une année extrêmement riche : « J’ai gardé tous les points positifs et j’ai construit là-dessus. J’ai vécu beaucoup de déceptions la saison dernière, mais aussi pas mal de moments de joie. Donc j’ai essayé de garder ce que j’avais vraiment bien aimé, tout en apprenant de mes erreurs. » La tête sur les épaules, le jeune Doubiste s’est réfugié dans le travail, au cours d’une période estivale capitale pour les athlètes des disciplines hivernales. « L’été, dit-il, c’est le moment le plus important. Cela représente 80% de nos performances durant l’hiver. Si on se prépare bien durant l’été, nous n’avons plus qu’à récolter ce que nous avons semé. »
« Me rapprocher du top 10 de façon régulière »
Récolter ce qu’il a semé, Mattéo Baud pourrait le faire à l’occasion de la saison de Coupe du Monde. L’année passée, il a pris la 42e place du classement général final, sans parvenir à accrocher un top 10. Cette fois, la donne est différente. « Je ne me suis pas fixé d’objectifs précis, mais j’aimerais me rapprocher du Top 10 de façon régulière », confie le jeune homme, qui a coché les 21 et 22 janvier 2023 sur son calendrier. Le circuit de la Coupe du Monde fera étape à la Chaux-Neuve, dans le Doubs. Un site de pratique que Mattéo Baud connaît parfaitement : « C’est un rendez-vous que j’ai à cœur. Ça fait plaisir de l’avoir au calendrier, je vais tout donner pour être à la hauteur sur cette étape de Coupe du Monde à domicile. » Calme et confiant, le jeune membre de l’équipe de France est conscient d’avoir progressé de façon exponentielle ces derniers mois. « J’ai bien travaillé et j’ai su augmenter mon niveau de saut et mon niveau de ski, confirme-t-il. Au niveau du ski de fond, je sens vraiment la différence. J’ai modifié quelques points techniques, j’ai également modifié quelques trucs sur la musculation, je pense que ça porte ses fruits. C’est beaucoup plus rassurant, et je pars avec beaucoup plus de sérénité pour cet hiver. » Un entraînement plus poussé, mieux ciblé, sur lequel il est accompagné par le staff de l’équipe de France, dont fait partie son père. « Pour moi, poursuit-il, il était important de bien travailler. Pas forcément en nombre d’heures, mais surtout en qualité d’entraînement. J’ai pu faire des séances de meilleure qualité, ce qui m’a permis de progresser en ski de fond. C’est la meilleure préparation estivale que j’ai faite depuis le début de ma carrière. »
Un départ à l’étranger l’an prochain ?
La préparation et la progression, des éléments–clés pour ce talent prêt à éclore. Le staff de l’équipe de France l’accompagne au mieux, au sein d’un collectif tricolore très jeune et comptant plusieurs Jurassiens en son sein. « C’est super d’avoir un groupe solidaire et qui se tire vers le haut, ça permet de mieux encaisser les entraînements, salive-t-il. C’est idéal pour la période estivale, mais aussi pour les périodes de compétition. On a beaucoup d’affinités entre Jurassiens. On apprécie de se faire une belle bagarre entre nous. On se soutient aussi, mais c’est bien de se mettre en concurrence également. » Après cette saison, Mattéo Baud réfléchit cependant à un sacré changement, tant dans sa carrière que dans sa vie : « Je pense très sérieusement à changer de pays. Soit l’année prochaine, soit l’année d’après, je pense que je vais me lancer. Peut-être en Norvège, ou probablement dans un autre pays, par exemple le Japon. Voir d’autres manières de s’entraîner, d’autres états d’esprit… En tant qu’athlète, c’est primordial. Cette démarche d’aller voir ce qui se fait de mieux à l’étranger serait particulièrement enrichissante pour le saut. C’est très intéressant d’avoir d’autres points de vue et méthodes que l’on n’applique pas forcément en France. Au-delà du sportif, j’aime vraiment les langues, découvrir une culture étrangère… C’est un projet que j’envisage vraiment de mettre en place. » Ce serait aussi l’occasion de préparer au mieux les Jeux olympiques 2026, le grand objectif de Mattéo Baud : « Je vais garder les JO en ligne de mire pendant les quatre prochaines années. C’est ce qui va me motiver à travailler dur, pour arriver dans la meilleure forme possible. » Avec toujours le plaisir comme maître mot.