Monument de la lutte en France, le Grand Prix de France Henri-Deglane est devenu un rendez-vous à ne pas manquer pour les meilleurs lutteurs du monde. Après son report l’an passé, le tournoi revient en bonne et due forme en 2023 à Nice, du 20 au 22 janvier.
C’est le retour d’un monument de la lutte en France. En un demi-siècle d’existence, le Grand Prix de France-Henri Deglane s’est installé comme un événement majeur de la discipline dans l’Hexagone. Ces dernières années, le tournoi organisé à Nice (Alpes-Maritimes) est entré dans une autre dimension, passant d’institution de la lutte française à échéance importante du début de l’année pour les plus grandes sélections internationales. Désormais, les meilleurs lutteurs et lutteuses de la planète ont pris l’habitude de venir combattre sur les bords de la Méditerranée, au mois de janvier. L’an passé, la nouvelle vague de Covid-19 et les restrictions sanitaires ont forcé le report du tournoi. Le choix joint des organisateurs, de la Fédération Française de Lutte, de la Ville de Nice et de la Région PACA, alors que le variant omicron repartait de plus belle.
Après une période de flou, le Deglane a finalement trouvé une formule alternative, mise en place à la fin novembre : trois jours de compétition exclusivement féminine entre nations. « Comme le Deglane 2023 approchait, dans sa forme originelle, on a choisi de faire un tournoi par équipe. On a pensé à faire mixte, avant d’opter pour une mise en avant de la lutte féminine », explique Jean-Pierre Scarfone, président du Lutte Club de Nice. Ainsi, les sélections d’Espagne, d’Italie, ou encore de Pologne ont lutté sur les tapis azuréens, face à deux Equipes de France.
Un rendez-vous international majeur
Du 20 au 22 janvier prochain, cette fois le Deglane est de retour en bonne et due forme. « Cette fois, c’est du classique, on repart sur le format habituel. Même si on a réussi à faire une belle fête de la lutte, l’essentiel reste évidemment le tournoi de janvier », rappelle Jean Pierre Scarfone. Au fil des années, le Grand Prix de France attire une concurrence de plus en plus dense. En 2021, lors de la dernière édition dans sa forme complète, on y retrouvait le plateau le plus relevé depuis sa création. Face à l’élite tricolore, les équipes premières de grandes nations de la lutte ont répondu présentes, avec quelques médaillées olympiques sur les tapis de la salle Leyrit. « Cette année encore, plusieurs sélections internationales très solides représenteront leur pays. Les Etats-Unis et l’Allemagne sont là, tout comme la Géorgie, la Roumanie, la Moldavie… », liste Jean-Noël Bahaderian, président du comité de lutte de la région Sud.
L’enjeu sportif est conséquent. Fin janvier, le Deglane est le tout premier tournoi d’envergure du calendrier. Pour démarrer la saison, Nice est the place to be, l’endroit idéal pour jeter un premier regard sur la concurrence… « C’est le premier gros test de l’année, acquiesce Emma Luttenauer, championne d’Europe U23 et membre de l’Equipe de France. L’opposition est de haut niveau. On peut se situer face à des adversaires qu’on va affronter toute la saison, et repérer de potentiels changements. Ça nous pousse aussi à repartir très vite après les fêtes, puisqu’on reprend l’entraînement dès le 2 janvier. On est directement dans le bain ! » Avec le TQO (Tournoi de Qualification Olympique) en ligne de mire, le Deglane est aussi le premier tournoi de positionnement pour les championnats d’Europe d’avril. Le Grand Prix de France est alors un moment important pour les staffs, qui commencent à établir leur liste en vue des grandes échéances.
Longévité et histoire
Même après la période covid et ses contraintes, le Deglane reste une référence de la lutte, aussi bien en France qu’à l’international. A bientôt 50 ans, l’événement a traversé les décennies. Une longévité rare qui mérite d’être soulignée. « Il y a très peu de tournois qui peuvent se targuer d’une telle pérennisation dans le paysage de la lutte. Le Deglane fait partie de ces grandes compétitions qui ont su résister au temps. Je rappelle que c’est une des rares manifestations sportives, avec le Tour de France, qui a pour récompense le Prix du Président de la République, sanctionné par le Vase de Sèvres », salue Jean Noël Bahaderian.
Alors que les générations de lutteurs se succèdent, le Grand Prix de France Henri-Deglane garde tout son prestige, fort de son histoire. « Je n’ai jamais vu un entraîneur national, ancien athlète, me dire qu’il n’est jamais venu au Deglane, témoigne le président du Lutte Club de Nice. Ils ont tous des anecdotes sur l’esprit de famille qui règne sur le tournoi, l’ambiance… Et il faut l’avouer, c’est toujours bon de venir chercher le soleil au mois de janvier ! » La Côte d’Azur joue évidemment un rôle dans l’attractivité du tournoi. Historiquement, la Ville de Nice a toujours soutenu le Deglane, de ses premières heures à aujourd’hui. « C’est aussi grâce à la municipalité, qui a toujours été à nos côtés, que l’on existe encore. Notre public est fidèle, et il y a un vrai ancrage ici », ajoute Jean-Pierre Scarfone.
Toujours la même âme
Même si le tournoi grandit et se tourne de plus en plus vers l’international, les organisateurs veulent garder l’esprit des débuts. Selon eux, cela passe par la conservation de la salle Leyrit comme théâtre des événements, en tant que place forte des sports de combat à Nice et berceau du Deglane : « même si la salle ne comporte que deux tapis, et non trois comme parfois demandé par les instances, on compte rester dans ce lieu où s’est écrit notre histoire. Cette salle Leyrit fait partie intégrante de notre identité » assure Jean-Pierre Scarfone.
L’héritage de Sébastien Giaume, ancien président du Lutte Club de Nice qui a fait prospérer le tournoi dans la deuxième partie du XXe siècle, est encore bien présent. En face du gymnase, un jardin porte son nom. « C’est important pour nous de savoir qu’il nous regarde », sourit Jean-Pierre Scarfone. Du côté des lutteurs, cette âme et ce passé se ressentent dans l’atmosphère du tournoi. « Je garde un très bon souvenir de ma première participation, en 2020, se souvient Emma Luttenauer. Même en tant que junior, j’avais été très encouragée. On sent une vraie ferveur. En vue de Paris 2024, c’est toujours intéressant pour nous d’évoluer devant un public qui nous pousse. » À Nice, l’esprit des Jeux sera déjà dans l’air…