Nantenin Keita, athlète parasportive de 37 ans, revient sur sa carrière, ses médailles, les Mondiaux de Paris 2023 et Paris 2024.
Nantenin, que pensez-vous de votre longue carrière ?
C’est une carrière faite de hauts et de bas. Je suis contente d’avoir eu cette longue carrière parce que finalement, sur ma fin de carrière et en comparaison de Rio, j’ai vécu de belles années. Si je m’étais arrêtée à Londres comme on avait prévu au départ, il y a de belles années que j’aurais ratées.
Peut-on dire que c’est une sorte de seconde jeunesse depuis les Jeux de Londres ?
Je ne sais pas si c’est une seconde jeunesse, mais c’est surtout que j’ai élargi ma zone de confort en changeant d’entraîneur, de cadre d’entraînement et en entendant un nouveau discours. C’était dans une optique de garder ce que j’avais acquis avant et de venir compléter avec une nouvelle façon de penser. J’avais besoin de me confronter à d’autres choses et ne plus rester dans le confort que j’avais depuis pas mal d’années.
« Je suis fière de plusieurs médailles »
Vous avez décroché de nombreuses médailles à tous les niveaux. Quelle est la breloque qui vous rend la plus fière ?
Il n’y a pas qu’une seule médaille, mais plusieurs dont je suis fière pour plusieurs raisons. Il y a celle en bronze à Londres. Les gens ne savent pas que trois jours avant de m’envoler pour les Jeux paralympiques, je ne marchais pas. J’étais en béquilles, je ne pouvais pas du tout poser le pied et au final, je reviens quand même des Jeux de Londres avec une médaille de bronze sur le 100 mètres, une course sur laquelle je n’étais pas du tout attendue. Je suis tout autant heureuse d’avoir décroché l’or à Rio en 2016 parce que ça faisait longtemps que je l’attendais. Cela venait conclure une conviction que j’avais en moi, que j’étais en capacité d’obtenir l’or.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce problème au pied arrivé trois jours avant de vous envoler pour Londres ?
La préparation de 2012 a été très compliquée parce que déjà, je me fais opérer un an avant. Je reprends l’entraînement très exactement mi-décembre 2011 pour préparer les Jeux de 2012. Ensuite, je fais six mois d’entraînement et je subis plusieurs blessures (élongation, entorse de la cheville). Trois jours avant de m’envoler pour Londres, je me réveille, pose le pied par terre et tombe parce qu’il ne me soutient pas. Je me rends à l’hôpital en béquilles où l’on m’annonce : « On ne sait pas si tu vas pouvoir remarcher tout de suite et encore moins recourir. » J’ai dû réaliser des examens, qui n’ont rien révélé. Plus les jours passaient, plus je parvenais à poser de nouveau mon pied, bien que cela ait été très compliqué.
« Prendre la température pour Paris 2024 »
Les Mondiaux de para athlétisme arrivent à Paris en juillet prochain. Vous avez déjà été titrée en 2002 à Villeneuve-d’Ascq. Quel est l’objectif ?
L’objectif sera de prendre des repères par rapport à la pression qu’il y a quand on concourt à domicile et de la prise de température auprès des médias. Pour moi, ça va vraiment être cela pour me préparer à cette pression de Paris 2024.
Je sais que je ne serai pas spécialement performante aux Mondiaux parce que je suis blessée depuis fin juillet 2022 et que je n’aurais pas assez d’entrainements pour prétendre à quelque chose « d’intéressant ». L’idée sera d’aller prendre de l’information, de montrer que je suis encore là. L’objectif, l’ambition de résultat sportif est sur les Jeux de Paris et pas sur les Mondiaux de Paris.
Quel sera le programme des prochaines semaines ?
Je reprends la course depuis quelques jours. Il y aura tout d’abord un passage par la case qualification, ce qui n’est pas encore fait et j’aurais très peu de courses pour me qualifier.
De nombreuses jeunes pousses débarquent en équipe de France de para athlétisme. Quel est votre avis sur ces jeunes ?
C’est une jeune génération qui est très ambitieuse, qui a la chance d’avoir aujourd’hui tout en place pour pouvoir réussir et performer, pouvoir s’entraîner aussi dans de bonnes conditions. C’est une jeunesse qui arrive dans un milieu où le niveau est assez dense et élevé.
Paris 2024 se profile. Ce sera votre dernière compétition de haut niveau ?
Oui, on peut dire que les Jeux paralympiques de Paris seront ma dernière compétition de haut niveau. Je pense que je maintiendrai tout de même la pratique d’une activité physique.