Fondateur et président du Centre Omnisports Lozère, Daniel Teissier porte un regard ému sur le travail accompli durant plus de deux décennies. Un travail qui permet au COL de s’affirmer comme un acteur sportif fort en Lozère, et même au-delà.
Qu’est-ce qui fait la force du Centre Omnisports Lozère depuis sa création en 2000 ?
Je ne pense pas que nous ayons le monopole d’avoir une structure qui dure depuis plus de deux décennies. Mais effectivement, nous avons su inscrire dans le temps un challenge qui était audacieux, à savoir créer une structure d’élite sur un territoire rural. C’était un pari osé en 2000. Ce qui fait notre spécificité, c’est justement d’avoir épousé les besoins d’un territoire. Nous n’avons pas cherché à copier ce qui se fait ailleurs. Nous avons une dimension atypique. Il fallait créer une structure qui n’existait pas dans le paysage sportif lozérien et que l’on se fasse une place. Avec modestie et humilité, je crois que nous nous sommes imposés dans ce paysage sportif lozérien et que nous sommes un acteur de formation reconnu.
La philosophie du COL repose sur un triptyque clair : citoyenneté, scolarité et vie sportive. Pourquoi ces trois piliers ?
Lorsque je fonde cette maison avec Jean-Jacques Delmas alors maire de Mende, en 2000, ce concept de citoyenneté n’a pas la résonnance d’aujourd’hui. À cette époque, parler d’attitude comportementale, de savoir-être, était plutôt has-been aux yeux de beaucoup. Aujourd’hui, nous avons su en faire une valeur forte de notre structure. Pour moi, ce triptyque était une évidence. Dès l’origine, le but était de former les sportifs les plus complets possible, en ne travaillant pas seulement les jambes, mais aussi la tête. Nous formons l’adulte de demain, avec l’idée que ce soit un sportif accompli tout en conservant l’objectif que ce soit une belle personne.
« Notre mot d’ordre est la qualité avant la quantité »
Le COL a accueilli et formé des milliers d’élèves depuis plus de vingt ans. Est-ce une fierté particulière pour vous, qui en êtes le fondateur ?
En effet, c’est une grande fierté, même si notre vocation première n’est pas de faire du nombre. Nous ne voulons pas, comme dans les fables de La Fontaine, être la grenouille qui se fait plus grosse que le bœuf ! (Rires.) Notre mot d’ordre est vraiment la qualité avant la quantité. L’objectif n’est pas de remplacer les clubs qui travaillent en totale efficience. Nous proposons une offre complémentaire de celle des clubs, avec une structure différente qui permet d’apporter une valeur ajoutée au tissu associatif lozérien.
De quelle manière le COL travaille-t-il avec les clubs et les établissements scolaires ?
Il a fallu se faire une place et faire comprendre à l’ensemble de ces acteurs qu’il y avait un intérêt majeur à coopérer. Les relations avec le monde sportif sont allées croissantes au fil des années, avec désormais une dimension de respect basée sur un travail qualitatif. Concernant les établissements scolaires, nous sommes en phase totale. Le suivi scolaire est opéré en totale collaboration avec ces établissements. Autant sur le plan sportif que scolaire, notre notoriété n’a cessé de grandir durant plus de deux décennies.
Désormais, les jeunes sportifs viennent même de toute la France pour faire le choix du Centre Omnisports Lozère…
Tout à fait. C’est extrêmement important pour nous de ne pas nous scléroser. Pour autant, notre population cible demeure le jeune sportif lozérien. La structure s’adresse avant tout aux gens de ce territoire. L’idée de départ était celle-ci : proposer une structure dédiée au cœur d’un territoire ultra rural. Aujourd’hui, notre travail est reconnu sur le plan local, mais aussi, de plus en plus, au-delà des frontières de la Lozère, traduisant la reconnaissance de notre action et le chemin parcouru.
« Une volonté importante de féminisation de notre public »
Comment le COL peut-il continuer d’évoluer et de se développer ?
Je suis extrêmement heureux d’annoncer la reconduction actée de la convention qui nous lie au club de football phare de notre département, l’Avenir Foot Lozère. Celle-ci nous projettera ensemble jusqu’à l’horizon 2026. Il s’agit donc d’un nouveau virage nécessaire pour le pôle football, qui demeure la section locomotive de notre structure. Mais les autres disciplines ne seront pas en reste. Nous souhaitons mettre l’accent sur chaque section. Elles seront toutes touchées, notamment par une volonté importante de féminisation de notre public. Sans oublier un renforcement de notre politique autour de la scolarité. Ainsi, à partir de la rentrée prochaine, nous allons proposer du soutien scolaire en sus de notre historique suivi scolaire individualisé.
Paris 2024 approche à grands pas. À quel point, une structure omnisports et rurale comme la vôtre peut-elle s’approprier un tel rendez-vous ?
Ça peut donner l’impression que c’est un événement planétaire qui n’est absolument pas lié à notre travail au quotidien dans une structure locale. Mais ce type d’événement a évidemment des retombées pour l’ensemble du monde sportif et donc des structures omnisports. Ce sera un rendez-vous moteur pour l’ensemble de la jeunesse. Cela étant, il faut savoir surfer sur l’engouement suscité. De notre côté, c’est une échéance qui donne des envies. Nous avons des cadres de certaines disciplines qui ambitionnent d’avoir des athlètes du Centre participant aux Jeux. Pas forcément en 2024, mais sans doute plus tard. C’est une ambition qui peut habiter un technicien et un sportif même dans un territoire aussi rural que le nôtre.
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« Nous avons le souci permanent de l’individu »
Comme l’explique Antonin Elie, directeur sportif du Centre Omnisports Lozère, la structure se distingue par sa capacité à considérer et à faire grandir ses élèves. Le tout dans une ambiance familiale.
Si le Centre Omnisports Lozère est une structure désormais bien installée avec ses deux décennies d’existence, cela ne l’empêche pas d’innover… et d’injecter du sang neuf. Directeur sportif du Centre, Antonin Elie a pris ses fonctions il y a moins d’un an. « J’étais sur un ancien poste de responsable de l’école de foot, au sein d’un club avec lequel le COL est en convention. J’étais très heureux d’avoir l’opportunité de rejoindre le Centre, explique le directeur sportif. Aujourd’hui, je m’inscris dans la continuité de la méthodologie développée depuis de nombreuses années. Avec un triptyque scolaire, éthique et sportif. Nos jeunes sont considérés premièrement comme des élèves et non comme des joueurs ou des sportifs. La priorité, c’est bien évidemment la réussite sur les examens scolaires, c’est-à-dire sur les brevets, puis sur les baccalauréats ou autres examens. Aujourd’hui, ça fonctionne. On a 100 % de réussite lors de ces examens. » Le suivi scolaire est mené par la Velay Académie, en relation étroite avec les établissements scolaires. « Nous travaillons en osmose totale avec les différents établissements scolaires, des horaires aménagés sont mis en place pour pouvoir permettre aux jeunes de mener à bien leur double projet. »
« 100% de réussite lors des examens »
Sur le plan sportif, la réussite est également au rendez-vous aux yeux d’Antonin Elie. « On a vraiment le souci permanent de l’individu, de l’élève, de l’enfant et donc du sportif. Par exemple, sur le Pôle Football qui est un sport collectif, nous valorisons un suivi individuel afin de former le meilleur individu possible, qu’il puisse s’épanouir et bien-sûr qu’il performe dans sa discipline sportive. De plus, à l’intérieur de chacune de nos disciplines, une méthodologie particulière est mise en place chez nos cadres sportifs… Une approche individuelle, analytique ». Une réussite dans l’ensemble des domaines de ce triptyque qui ne passe pas inaperçue. Pour cette année 2022-2023, ce sont 184 élèves qui sont accueillis au sein du Centre Omnisports Lozère. « Nous avons eu un total de 350 demandes. Elles sont de plus en plus nombreuses chaque année. La sélection n’est pas évidente. Nous avons refusé près de 50% des demandes, ce qui est énorme, souligne le directeur sportif du COL. Cette réussite permet d’avoir une reconnaissance accrue au sein de notre territoire lozérien, mais pas seulement. Les jeunes viennent de plus en plus loin. Nous avons même trois élèves qui viennent de la Réunion. » C’est sans doute la plus belle réussite de la structure lozérienne : avoir créé un cadre idéal pour le travail et la progression, mais aussi un cocon familial favorisant le bien-être des élèves. « Les élèves appellent le Centre Omnisports Lozère leur deuxième maison. Ce n’est pas anodin : chez nous, ils se sentent comme chez eux. »