Le vice-président de la Fédération Française de Rugby chargé du développement et de la pratique dans les territoires dresse un bilan post Coupe du monde positif malgré la situation économique actuelle de la FFR.
Suite à l’assemblée générale qui s’est tenue le week-end dernier, on a appris que les comptes de la FFR étaient dans le rouge avec 40 millions d’euros de déficit. Comment le rugby amateur peut-il se développer dans cette situation ?
SC : Il peut continuer à se développer parce que la Fédération a fait des choix. La révision budgétaire n’a pas amoindri les moyens qui sont alloués aux Ligues et aux comités départementaux, qui sont les principaux organes chargés du rugby amateur, on les a même augmentés. Il y aura des échelles d’économies qui seront faites, mais pas au niveau du rugby amateur, ni du développement de la pratique dans les clubs.
Comment la fédération compte réduire ce déficit ?
Il y a deux échelles. La première, c’est l’économie. On va regarder comment on peut faire des économies au sein de la Fédération. La deuxième concerne les partenaires. Il va falloir en chercher de nouveaux et trouver des moyens supplémentaires pour augmenter les revenus de la fédération.
Quelle est la situation actuelle du développement du rugby dans les territoires ?
Avec la Coupe du monde on a eu un effet plutôt intéressant parce qu’on a une augmentation de presque 13% de licenciés sur l’ensemble du territoire français. C’est vraiment une bonne chose pour le rugby, en plus il y a un fort intérêt pour la pratique féminine. La Coupe du monde a été une grande réussite même si la France n’est pas championne du monde. On avait travaillé en amont pour que les clubs soient prêts.
Est-ce que qu’il y a un aspect négatif à retenir ?
Je ne pense pas. Si ne pas être champion du monde est un négatif, à part celui-là, il n’y en a pas (sourire). Cela a été une grande fête populaire, sans problème de sécurité. Ce que je retiens, c’est l’énorme engouement autour de l’équipe de France durant la compétition. Cela a permis aux français de goûter à des moments de joie, de liesse.
Concernant les axes de développement, quels sont ceux qui sont privilégiés à l’avenir ?
La Fédération est d’abord un pourvoyeur de pratique, mais derrière on mène un travail éducatif, citoyen, autour du développement de l’activité dans les quartiers des villes. On développe la pratique scolaire, notamment avec le rugby à cinq. On s’intéresse aussi au jobdating, à l’emploi. Le projet campus a été une grande réussite puisqu’on a formé plus de 2500 jeunes sur des métiers dans le monde du sport mais aussi du tourisme et de la sécurité. On continue d’accompagner les clubs sur la structuration, notamment sur le développement des antennes de rugby dans les territoires où le rugby manque.
Comment faire pour réduire l’inégalité des licenciés et des clubs entre les régions ?
On doit avant tout continuer à structurer les clubs existants avant de commencer à en créer de nouveaux. On croit vraiment à cette initiative qui consiste à ouvrir des antennes d’école de rugby de clubs existants sur des territoires proches, qui eux, n’ont pas de club. Pour nous, cela peut vraiment être une solution pour encourager et favoriser leur développement.
Est-ce que les villes et les départements investissent davantage en faveur du rugby, par la création d’équipements par exemple ?
Pour l’instant, on n’a pas encore de retour à ce niveau-là. Sur l’héritage de la Coupe du monde, on va sanctuariser une enveloppe qui va nous permettre d’accompagner les collectivités et les municipalités qui ont envie d’investir notamment dans les infrastructures. On est plutôt sur des projets de rénovation que de création.
La pratique féminine continue, elle aussi, de se développer…
Notre objectif est d’avoir 100 000 licenciées. Aujourd’hui, on est entre 35 000 et 38 000. On souhaite mettre en place des structures qui les accueilleront dans de meilleures conditions. On veut encourager et favoriser les clubs dans les démarches qui consistent à créer des vestiaires spécifiquement pour les filles. On aurait pu penser que la Coupe du monde masculine amènerait une hausse de licenciés plutôt masculins, mais pas du tout. On a surtout vu arriver beaucoup de filles dans les clubs. L’objectif désormais c’est qu’elles bénéficient du meilleur accueil possible pour qu’elles se sentent bien, de mettre en place des compétitions pour qu’elles se plaisent et qu’elles continuent à pratiquer. Plus il y aura des filles, plus il y aura la possibilité de jouer des matchs, plus cela en fera venir. On est plutôt dans une bonne spirale.