Elles devaient inverser une défaite de 5 points enregistrée à l’aller pour espérer se qualifier pour les quarts de finale de l’Eurocoupe. Les joueuses de l’Asvel, nouvellement installée au Palais des sports de Gerland où elles avaient dominé Villeneuve-d’Ascq dimanche en Championnat, n’ont pas fait dans la demi-mesure en matant l’équipe turque 87-56 et en l’éteignant totalement en deuxième mi-temps. Leur coach, Yoann Cabioc’h, les croit capables de remporter plusieurs titres cette saison.
Comment vous sentez-vous après cette qualification ?
En fait, dimanche contre Villeneuve-d’Ascq, on a gagné le match et on a remporté deux points, on a gagné quelque chose. Là, on n’a rien gagné ! Enfin, on a gagné le match et le droit de rester dans la compétition. C’est bien mais ce n’est pas encore assez matérialisé pour moi. Je serai pleinement heureux et encore plus fier quand on aura gagné l’Eurocoupe.
C’est quand même le favori que vous sortez et de belle manière ! Forcément, cela renforce vos ambitions ?
On va jouer en quarts le vainqueur entre les Hongroises de Pecs et les Espagnoles de Girone qui se disputent le billet ce jeudi soir (victoire de Pecs à l’aller 85-73). Ce sont deux belles équipes, on n’a vraiment pas la partie de tableau la plus facile. On va se pencher sur ce quart de finale plus tard, surtout qu’il se joue dans plus d’un mois (les 20 et 27 février). On va plus se concentrer sur la Coupe de France, avec la réception ce samedi de Basket Landes, et le Championnat. C’est excitant de se dire qu’on est encore en lice dans les trois compétitions. Il faut quand même se rappeler ce qu’on disait de nous à l’intersaison. En être là, c’est magnifique. Mais je sais qu’on peut aller plus loin, qu’on peut remporter un titre, même deux titres, trois titres. Je ne serais pas déçu si on ne les a pas, je serais déçu si on n’y croit pas.
Qu’est-ce qui vous fait penser qu’elles en sont capables ?
J’aime voir la progression de mon équipe et on est vraiment sur la pente ascendante. Après, la manière dont les joueuses savourent cette qualification peut paraître détachée mais c’est vraiment comme ça qu’on aborde les choses : on ne va pas commencer à faire des plans sur la comète et on est vraiment concentrés sur notre process. Sur ce qui va faire que chaque jour on va devenir un peu meilleurs que la veille. Sur ce qui va faire qu’à chaque match on va apprendre de nos erreurs et avancer. L’équipe a commencé la saison avec 7 ou 8 nouvelles joueuses et on ne peut pas construire un collectif d’un claquement de doigts. Maintenant qu’on est en janvier, on voit qu’il y a un collectif ! Mais on n’est encore qu’à 70-80 % : la preuve, en première mi-temps, on a fait beaucoup de cadeaux et donc là-dessus on doit faire mieux. On n’a pas non plus l’adresse à 3 points qu’on a eu en deuxième mi-temps. Et puis, Galatasaray n’était pas capable de tenir 40 minutes à notre rythme.
C’est essentiellement ce qui a fait la différence ?
Dès la 4e minute, on mène 10-0, les joueuses de Galatasaray sont déjà fatiguées. Elles ont enchaîné ces derniers jours Fenerbahce dans un match très intense, le match aller contre nous, un déplacement à Kayseri, elles n’ont pas arrêté et elles tournent relativement peu sur les postes extérieurs. Elles étaient cramées et ça s’est vu en deuxième mi-temps. À la mi-temps (32-31), le discours a été : « allez, on continue, ça ne paie pas vraiment mais ça va payer à la fin ! »
Après, Francesca Pasa, ça ne se voit pas dans les « stats », elle a réalisé un match exceptionnel, et je pèse mes mots. D’une qualité défensive phénoménale. Elle a complètement annihilé l’efficacité offensive sur les pick and rolls de Julie Vanloo, l’une des meilleures meneuses d’Europe, qui termine à 1 sur 13 aux tirs, 5 points marqués et un seul rebond.
Comment vous voyez ce quart de finale de Coupe de France samedi contre Basket Landes ?
Basket Landes, c’est une équipe de coupe. Elle a gagné deux fois la Coupe de France sur ces trois dernières années (2022 et 2023, finaliste en 2024). Elle peut avoir des galères en Championnat (gros revers à Bourges samedi dernier), en Euroligue (4e défaite en 4 matches mercredi à Bourges) mais sur un match elle peut être dangereuse. Il y a de vraies individualités : Leila Lacan, Luisa Geiselsoder, Clarince Djaldi-Tabdi, Destiny Slocum,… il va falloir se les coltiner! Même si le départ de Samantha Fuehring en novembre leur fait mal, ça reste une équipe avec de la densité. Je prévois un match qui va être serré jusqu’à la dernière seconde.
Vous avez encore un peu d’essence pour ce match ?
Bien sûr ! Parce que l’essence, c’est mental. Tout ce qu’on travaille depuis le début de saison, c’est de s’entraîner longtemps, difficilement, intensément. Ça paie dans ces périodes-là. Peut-être qu’en août-septembre, ça a pu leur faire bizarre aux joueuses. En octobre, elles se demandaient pourquoi on continue à s’entraîner dur, c’est fatiguant. Mais quand on arrive là en janvier, ça nous aide grandement.
Deuxième match au Palais des sports de Gerland et deuxième victoire. Même s’il y avait beaucoup moins de monde mercredi que dimanche dernier, cette salle vous réussit pour le moment.
C’est une salle et une équipe qui méritent que les gens viennent. Il faut venir parce qu’il va y avoir du spectacle régulièrement ! J’aime beaucoup le lieu, il y a un côté historique et puis, le plafond est magnifique. C’est plaisant tous les jours de venir au boulot et de pouvoir travailler dans ces conditions. En plus, l’académie du club est juste à côté, c’est très pratique pour les jeunes pour venir s’entraîner avec nous. L’administratif est maintenant installé aussi ici, tout comme la salle de muscu, nos bureaux, tout est sur place. On y est bien.
Propos recueillis par Sylvain Lartaud