C’est à l’INSEP que nous sommes allés à la rencontre de Koumba Larroque, jeune prodige de lutte féminine. Entraînements, cours, repas, sieste… A quoi ressemble le quotidien d’une sportive de haut niveau ? Reportage.
L’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) ou un repère de champions, à l’image des jeunes Teddy Riner ou Tony Parker qui ont fait leurs débuts dans ce centre emblématique. C’est au milieu de ses longues allées, de ses complexes sportifs et de ses stades que les jeunes athlètes s’entraînent jour après jour avec un objectif en tête : ramener toujours plus de résultats, de médailles, de records. Koumba Larroque, 19 ans, lutte six jours par semaine sans faute avec en ligne de mire les Jeux de Tokyo 2020 et bien évidemment les Jeux de Paris quatre ans plus tard. « Les Jeux de Tokyo restent mon objectif numéro un mais Paris, j’y pense. C’est à la maison, ce sera particulier ».
Malgré une timidité apparente, la lutteuse semble à l’aise en rencontrant le réalisateur avec qui elle passera la journée. Déjà très sollicitée par les médias, elle accepte de jouer le jeu avec un certain enthousiasme même si les anecdotes sortent plus facilement hors caméra. Elle parvient à conserver son naturel et sa candeur qui font tout son charme. Avec son sourire scotché aux lèvres, elle partage sa routine, ses habitudes du quotidien en oubliant rapidement le micro accroché à son col.
Après son premier entraînement de la journée où le renforcement musculaire constitue l’essentiel de sa séance, Koumba enchaîne généralement sur deux heures de cours. Avec un emploi du temps aménagé, condition nécessaire au programme d’athlète de haut niveau, la lutteuse peut suivre sa première année de kiné. « Pour l’instant ça se passe bien, j’arrive à tout gérer même s’il faut une certaine organisation. De toute façon, je n’ai pas le choix », affirme-t-elle. En effet, malgré son jeune âge, Koumba est lucide ; une carrière de lutteuse ne dure pas longtemps et ne rapporte pas énormément sur le plan financier. Mais la jeune sportive s’est tout de même accordée sa première folie en s’offrant une belle voiture grâce à ses primes : « Mes parents trouvaient que c’était un peu cher pour une première voiture. Ils m’ont dit : « tu te débrouilles ! » (Rires).
Une fashion addict
La pensionnaire de l’INSEP aime se faire plaisir, à l’image de sa quarantaine de paires de chaussures empilées sur une étagère de sa toute petite chambre. Car, c’est là où nous la retrouvons après son déjeuner à la cantine. « Je prends toujours l’ascenseur même si je suis au premier étage », explique-t-elle de son rire communicatif. Des photos et médailles ornent les murs, des bougies senteurs reposent sur le bord de la fenêtre, un énorme ours en peluche trône sur le lit… et surtout une garde-robe à faire craquer les armoires, ainsi qu’une collection de maquillage à faire pâlir n’importe quelle fille ! Sans parler des nombreux flacons de vernis et de parfums soigneusement alignés. Koumba est une fan de mode et une femme avant tout coquette. Elle souhaite d’ailleurs préserver son intimité lorsqu’elle se maquille confie-t-elle. On aperçoit dans un coin un habit traditionnel africain. « Ma maman est malienne et mon père français. Avant, j’allais au Mali tous les deux ans, maintenant c’est plus compliqué ».
Une passionnée infatigable
Après avoir pris congé pendant sa courte sieste, vient le second entraînement de la journée où Koumba est généralement accompagnée d’un partenaire et de son entraîneur Nodar Bokhashvili. L’ambiance est bon enfant, les fous rires s’entremêlent aux prises de combat. Malgré un partenaire géorgien, champion du monde à Paris, les barrières de la langue ne semblent pas être un problème entre les deux sportifs. La communication passe à travers une passion commune pour ce sport. Quant à Nodar, au français impeccable, l’entraîneur allie exigence et complicité. « Elle ne s’entraîne pas avec les autres filles en raison de sa catégorie et de son niveau », explique-t-il. Mais après plus d’une heure trente de combats acharnés, Koumba, très proche des autres lutteurs de l’INSEP, tient à tout prix prendre part au basket collectif. Infatigable, elle enchaîne les allers-retours sur le tatami avec ses coéquipiers. Le réalisateur tente de la rappeler à la mi-temps. « Je ne peux pas lâcher mon équipe comme ça », lance Koumba, déterminée à finir la partie.
« Au début je n’aimais pas la lutte, mais pas du tout »
Une fois douchée, Koumba décide de rendre visite à son ami lutteur à l’hôpital Bégin ; un environnement qui la rend anxieuse. Son rire juvénile laisse place à un peu de nervosité avant d’entrer dans la chambre de l’athlète géorgien. Là encore, la langue n’est pas un souci. Nodar joue le rôle d’interprète entre les deux amis. Koumba propose à son partenaire de combat un partage de connexion pour qu’il puisse naviguer sur Internet quelques minutes. Nous les laissons dans l’intimité avant de retrouver la lutteuse pour une interview face caméra. « Au début je n’aimais pas la lutte, mais pas du tout. Aujourd’hui je suis heureuse d’aller à l’entraînement tous les jours », attaque-t-elle. Ce sont ses deux grands frères qui lui donnent envie d’en faire. La jeune Koumba aime faire des galipettes et de la corde à sauter mais quand il faut plus s’impliquer, elle ne semble plus emballée. Les années passent et son potentiel ainsi que ses performances parlent pour elle. La lutte devient alors une passion, un besoin, un exutoire. Aujourd’hui, l’objectif est clair : ramener l’or des JO. Ni l’argent, ni le bronze, rien que l’or. Attachante, drôle, blagueuse, féminine… Koumba Larroque est surtout solide comme un roc.
Alicia Dauby