Philippe Crochard, président de la FFTir, évoque le dynamisme de sa fédération. Celle-ci étant à l’origine de la construction du Centre National de Tir Sportif, mais aussi des performances de choix des tireurs tricolores dans la majorité des disciplines.
Aujourd’hui, quelle est la situation du tir en France ?
Le tir se porte bien en France, puisque nous pouvons compter sur 220 000 licenciés répartis sur 1 625 clubs partout en France. Sur ces cinq dernières années, nous sommes notamment sur une dynamique de croissance très intéressante. Cela s’explique en particulier par l’adoption de la loi en 2013-2014 qui a changé la classification de certaines armes. Auparavant, certaines armes liées à la pratique de plusieurs de nos disciplines étaient classées en armes de guerre. Toutes les armes utilisées lors des précédents conflits ont été déclassées, ce qui a énormément facilité l’intérêt de nouveaux tireurs qui ont pris leur licence à la fédération. La croissance de la FFTir s’explique également par les projets sportifs qu’elle porte depuis plusieurs années.
Justement, quelles sont les priorités de développement pour le mandat en cours ?
La construction et la mise en place définitive de notre Centre National de Tir Sportif à Châteauroux sont incontestablement nos grandes priorités. Ce dernier nous permettra d’accueillir les grandes compétitions à l’échelle internationale, quelle que soit la discipline de tir (voir encadré). La féminisation de la pratique fait également partie des sujets importants. Elle est respectée au sein de la fédération où la parité est de mise, mais au sein des clubs c’est plus difficile. Pourtant, nous accueillons très volontiers les dames, qui bénéficient souvent de tarifs préférentiels lorsqu’elles pratiquent ou se licencient dans un club. Nous faisons des efforts qui, je l’espère, porteront leurs fruits.
La diversité de la fédération, avec 12 disciplines, fait-elle sa force ?
Je le pense. D’autant que, chez nous, ces disciplines sont rassemblées, alors que, dans beaucoup de pays, elles sont éclatées entre diverses fédérations. De ce fait, certaines disciplines ont parfois moins de moyens et une chance moindre de se développer. Chez nous, ce n’est pas le cas. La FFTir a la chance d’être en charge de l’ensemble de ces disciplines, qui représentent bien toute la palette de ce qu’est le tir.
Les tireurs de haut niveau n’arrivent pas à vivre de leur sport. Qu’est-il possible de mettre en place pour changer cela ?
Il faut être clair : il n’y a pas de projet pour que le tir devienne professionnel en France. Notre sport n’est pas spectaculaire, il est encore peu médiatisé, donc cela joue forcément sur la reconnaissance que l’on obtient. Dans l’idéal, il faudrait que les fabricants rémunèrent les tireurs.
Au niveau sportif, quels sont les prochains objectifs de la FFTir ?
Le but est de continuer à bien figurer au palmarès des compétitions internationales auxquelles nous participons, et cela dans toutes les disciplines. La FFTir peut se targuer, depuis de nombreuses années, de se distinguer par ses bons résultats. Nous venons notamment de remporter un titre de champion d’Europe en tir à 10 m (Céline Goberville à Györ en Hongrie). Continuer dans cette voie est l’objectif. Ce n’est pas facile, puisqu’il y a de plus en plus de concurrence, avec de nouveaux pays qui se mettent au tir.
Paris 2024 est-il déjà en préparation au sein de la fédération ?
Les Jeux olympiques organisés en France font évidemment partie de nos objectifs. Chez les jeunes, nous avons déjà identifié des athlètes performants ou à fort potentiel. Ils sont la génération qui sera en mesure d’être présente à Paris en 2024. Concernant la pratique du tir à ce moment-là, on peut cependant regretter qu’il soit prévu de mettre en place un stand éphémère pour la compétition. Nous aurions évidemment préféré la construction d’un stand de tir pérenne et de qualité en région parisienne. Malgré tout, il est certain que, si le tir brille par ses résultats lors de ces JO de Paris, ce sera un coup de boost pour notre sport.
Châteauroux, nouveau temple du tir français !
Un projet colossal. Dès 2012, la FFTir a entamé sa révolution en se portant acquéreuse de 78 hectares situés dans l’enceinte de l’ancienne base de l’OTAN, près de Châteauroux. « Le but de ce Centre national de tir sportif est double. Il doit permettre de répondre à la demande quasiment permanente de stages dans la totalité de nos disciplines, mais aussi d’organiser des compétitions », explique Gilles Muller, directeur technique national de la FFTir. Le tir français peut donc désormais compter sur sa propre installation, signe de sa croissance et de son ambition pour les années à venir. « Nous sommes évidemment ravis de disposer d’un lieu un peu mythique, où tout le monde peut se rencontrer. Nous pourrons enfin pratiquer l’ensemble de nos disciplines et leurs différentes épreuves sur un même site », assure Gilles Muller. « Nous sommes, bien sûr, plus ambitieux désormais. Nous avions les athlètes et les entraîneurs, nous avons désormais la structure. Cela fait monter automatiquement nos curseurs, notamment à l’approche des Jeux olympiques de Tokyo en 2020. L’objectif sera de faire mieux qu’à Rio, où nous avions obtenu deux médailles. La dynamique doit être ascendante ». Une dynamique qui doit culminer pour le tir français à Paris, en 2024, lors des Jeux olympiques. Un événement pour lequel le Centre National de Tir Sportif de Châteauroux devrait justement servir de base arrière…