Lenaïg Corson est la première joueuse de rugby à avoir fait son entrée au Hall of Fame FFSU. Celle qui a débuté le rugby à 20 ans et qui évolue désormais en équipe de France et au Stade Français, doit en effet beaucoup au sport universitaire…
Que représente pour vous cette entrée au Hall of Fame FFSU ?
C’est forcément une belle reconnaissance pour notre sport et pour ce que l’on véhicule sur le terrain, autant notre état d’esprit que nos valeurs. Le rugby féminin n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur, il est donc très positif et agréable qu’une fédération puisse reconnaître nos performances.
En quoi le sport universitaire a-t-il marqué votre parcours ?
C’est tout simplement là où j’ai débuté, puisque j’ai démarré le rugby à 20 ans. C’est grâce à la fac que je me suis mise à ce sport. Avant, je pratiquais l’heptathlon, mais au bout d’un moment j’ai eu envie de passer à un sport collectif. Le rugby était présent sur la liste des sports universitaires, c’est donc comme ça que j’ai débuté, d’abord à la fac pendant six mois, puis en club.
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L’université a donc marqué un véritable point de départ dans ma pratique sportive, j’y ai trouvé des valeurs de solidarité et de camaraderie que j’adore. C’est d’ailleurs avec la FFSU que j’ai connu ma première sélection nationale.
Quel est votre plus beau souvenir universitaire ?
Ce n’est pas très compliqué, c’est le titre de championne du monde universitaire obtenu en 2016. C’était tout simplement génial, une aventure formidable et un titre au bout, on ne pouvait pas rêver mieux. Cela marquait aussi la fin de mon cursus universitaire, c’était donc idéal de terminer de cette manière. J’ai aussi de bons souvenirs avec l’Université de Rennes avec laquelle j’ai décroché deux titres de championne de France universitaire.
Justement, études et sport, ça a été un binôme compliqué à faire fonctionner ?
Oui, d’autant qu’on ne m’a pas toujours facilité la tâche. Heureusement, je pouvais toujours compter sur de bonnes copines qui me donnaient les cours, car ce n’était pas le cas des professeurs. Même si j’avais une bonne raison, même en cas de sélection, il fallait toujours que je m’arrange par mes propres moyens. Ça n’a pas toujours été facile, mais ça m’a aussi aidée à forger mon caractère. J’ai été courageuse et je me suis donné les moyens de réussir.
Justement, la perception du rugby féminin a-t-elle changé depuis plusieurs années ?
Oui, clairement. J’ai vécu mes premières sélections avec l’équipe de France à XV en 2012 alors que le rugby féminin n’était absolument pas médiatisé et même sous-développé. Les gens ne s’attendaient pas à ce qu’on sache jouer avec un ballon. Depuis 2014 et la Coupe du monde, beaucoup de choses ont changé.
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Les gens ont pu juger par eux-mêmes, ils avaient enfin des images. C’est un événement qui a été une grande avancée pour notre sport. Grâce aussi aux résultats, on a obtenu plus de reconnaissance, que ce soit de la part du public ou de la Fédération Française de Rugby.
En juin dernier, vous avez pris la décision de rejoindre le Stade Français. Est-ce un choix qui vous épanouit aujourd’hui ?
C’est un choix qui a été mûrement réfléchi, car cela faisait neuf ans que j’évoluais à Rennes, mon club formateur. Je ne regrette absolument pas ce choix de m’installer à Paris. Il était compliqué de jouer à Rennes, de m’entraîner avec l’équipe de France à Paris puis de revenir à Rennes avec mon club. C’était le choix de la raison que de privilégier le repos, la récupération et surtout de vivre un challenge sportif excitant avec le Stade Français.
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La bio express de Lenaïg Corson
30 ans
Née le 15 mars 1989 à Paimpol (Côtes-d’Armor)
Clubs : Stade Français (depuis 2018), Stade rennais rugby (2009-2010 puis 2011-2018), Burnside Rugby Union (2010-2011)
Palmarès : vice-championne du monde de rugby à 7 (2018), championne du monde universitaire de rugby à 7 (2016), vice-championne du monde universitaire de rugby à 7 (2014), championne de France universitaire (2013, 2014)
Par Olivier Navarranne