Du 14 au 22 septembre, Astana (Kazakhstan) accueille les championnats du monde de lutte. Un rendez-vous capital pour les Bleu(e)s, à moins d’un an des Jeux olympiques de Tokyo. L’occasion d’évoquer les objectifs et la dynamique de la lutte tricolore avec Alain Bertholom, président de la FFL.
À l’approche des Mondiaux, quelle est la dynamique sportive de la lutte française ?
La configuration est bonne. Nous avons obtenu des médailles dans plusieurs compétitions de référence, y compris chez les jeunes. Je pense notamment à Justine Vigouroux qui a décroché la médaille de bronze lors du Festival olympique de la Jeunesse. Elle fait partie d’une génération très prometteuse qui obtient de plus en plus de résultats. Chez les seniors, nous sommes un peu passés au travers aux Jeux européens. Mais, il manquait pas mal de lutteurs et lutteuses titulaires. Je demeure confiant pour les championnats du monde.
Justement, quel est l’objectif fixé pour les Mondiaux ?
Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas d’objectif de médailles. Si nous avons par exemple six qualifiés pour les Jeux olympiques et aucune médaille, ce ne sera pas grave. Si nous nous qualifions en montant sur des podiums c’est encore mieux, mais ce n’est pas vital. Pour une fédération comme la nôtre, l’échéance olympique prend le pas sur tout autre type de rendez-vous.
Combien de qualifications pour les JO espérez-vous ?
J’aimerais qu’au moins six de nos athlètes soient présents à Tokyo dans moins d’un an. Cela représente deux lutteurs par style, ce serait l’idéal. Pour y parvenir, nous avons les Mondiaux, mais aussi des tournois de qualification au niveau mondial et continental. Ils auront lieu au printemps prochain, mais je ne vais pas vous cacher que plus tôt on se qualifie, mieux c’est.
« Une très bonne dynamique pour la lutte féminine »
Quels sont les styles qui sont aujourd’hui le point fort de la lutte française ?
Globalement, je pense que c’est assez équilibré. Nous avons les moyens de briller partout. Je reconnais que nous avons une très bonne dynamique concernant la lutte féminine, que ce soit chez les seniors ou chez les jeunes. Mais, je pense que nous avons, dans chaque style, des athlètes capables de briller au plus haut niveau.
À un an des JO, la lutte est-elle une discipline qui progresse en France ?
Tout à fait, nous restons sur une bonne année avec une hausse du nombre de licences. Nous comptons désormais 21 158 licenciés, avec une hausse de 3,6 % sur l’année écoulée. Dans le contexte actuel, où pas mal de fédérations stagnent ou régressent, ce sont de bons chiffres. Nous ne désespérons pas de continuer à surfer sur cette dynamique pour, pourquoi pas, atteindre les 25 000 licenciés. Ce serait un excellent résultat.
La possible intégration du MMA à votre fédération peut-elle vous y aider ?
Clairement. Si la gestion du MMA nous est confiée, nous dépasserons largement les objectifs fixés. C’est une discipline qui est très attendue par de nombreux pratiquants en France, je pense qu’elle pourrait rapidement constituer un apport de 15 000 à 20 000 licenciés. Pour une fédération comme la nôtre, ce serait un bond extraordinaire. Mais, nous ne sommes pas les seuls sur le coup. Au total, six fédérations se sont positionnées, nous demeurons donc dans l’attente sur ce dossier.
« Le MMA est lié au monde de la lutte »
Justement, à vos yeux, qu’est-ce qui vous rend plus crédible que toute autre fédération sur ce dossier ?
Sportivement, la lutte est le sport de combat historique. C’est la discipline qui se rapproche le plus de la pratique du MMA. Aux États-Unis, de nombreux pratiquants sont issus de la lutte. Naturellement, le MMA est lié au monde de la lutte. Après, ce n’est pas à nous de prendre la décision, ce sera au ministère des Sports de trancher. Je ne suis ni optimiste ni pessimiste ; chaque fédération sur la ligne de départ a sa chance.
Autre dossier chaud, celui des CTS qui pourraient être supprimés. Aujourd’hui, êtes-vous inquiet ?
Nous sommes en effet dans une période assez incertaine concernant le sort réservé aux CTS. Pour un sport et une fédération comme les nôtres, ce rôle est essentiel. Cette incertitude nous pousse à réfléchir, il est désormais très difficile de se projeter sur les années qui viennent. C’est tout simplement l’aspect structurel de la fédération qui va être impacté par ce qui va être décidé. Pour nous, cela risque de ne pas être simple.
Comment faites-vous entendre votre voix ?
Avec les présidents de plusieurs autres fédérations, nous avons rencontré Roxana Maracineanu, ministre des Sports. Elle nous a fait part de sa vision d’avenir, notamment concernant le sort des CTS. Je dois dire que je ne suis pas spécialement rassuré, mais de toute façon, je pense que nous n’aurons pas le choix. Nous allons devoir nous adapter.
« Nous allons à la rencontre du public »
S’adapter et se moderniser, est-ce déjà en cours dans ce que vous mettez en place ?
Tout à fait, nous sommes conscients que la lutte est un sport ancien qui a ses règles et ses traditions, mais qui doit aussi être mis au goût du jour. Nous avons notamment beaucoup développé, depuis plusieurs années, le beach wrestling. À l’avenir, on pourrait, pourquoi pas, imaginer une saison indoor et une saison outdoor. À la base, la lutte est un sport de salle, nous attendons donc que les adhérents viennent à notre rencontre pour pratiquer. L’avantage de la saison outdoor, c’est que nous pratiquons en plein air et que nous allons à la rencontre du public. Je pense que c’est le meilleur moyen pour se faire connaître.
C’est donc une véritable révolution pour la lutte…
C’est en tout cas une évolution qui me paraît importante pour l’avenir de notre sport, mais aussi de notre fédération. Il faut aussi que l’on intensifie notre travail auprès des jeunes. J’entends par là qu’il faut se moderniser dans notre approche de l’activité associative. Nous devons miser de plus en plus sur le numérique, cela doit ensuite permettre de montrer aux jeunes qu’il est intéressant de s’investir au niveau associatif. Nous devons trouver de nouveaux dirigeants, de nouveaux entraîneurs, de nouveaux arbitres. Pour cela, le monde de la lutte doit miser sur les jeunes.
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Les Bleu(e)s à l’assaut du monde
Rendez-vous capital pour les équipes de France de lutte. Du 14 au 22 septembre, la délégation française a rendez-vous du côté d’Astana pour les Mondiaux, qualificatifs pour les prochains Jeux olympiques. Avoir six athlètes qualifiés pour Tokyo 2020, c’est l’objectif fixé par Alain Bertholom, président de la fédération. Lors de ces Mondiaux, la France pourra notamment compter sur son fer de lance, Koumba Larroque. La jeune tricolore espère valider son ticket olympique, tout en montant sur la plus haute marche du podium mondial. Dans chaque style, les chances sont réelles, même si la concurrence sera rude puisque les meilleurs lutteurs et lutteuses de la planète seront au rendez-vous.