Leader de l’équipe de France féminine de ski alpin, Tessa Worley voulait débuter la saison aussi bien que l’hiver dernier (victoire à Sölden), ce qui a presque été le cas (troisième le mois dernier) et voir la relève tricolore continuer à progresser dans les classements mondiaux.
Tessa, comment aborde-t-on une saison sans grands rendez-vous ?
Il y aura plein de beaux petits rendez-vous tout au long de la saison. Finalement, ça ne change pas trop mon approche de l’hiver. Même si, quand on a un grand rendez-vous comme des Jeux olympiques ou des championnats du monde, je mets toute mon énergie dedans. Du coup, sur les fins de saison ces deux dernières années, j’ai eu plus de mal à terminer en bonne forme. Là, chaque week-end va être important, j’espère réussir à étaler un peu plus ma forme tout au long de l’hiver.
Le premier Géant de la saison était à Sölden, où vous étiez tenante du titre. Vous commencez encore cet hiver avec un beau résultat, une troisième place…
Je voulais vraiment être présente d’entrée, comme l’an dernier. Bien attaquer dès la première course, on ne peut pas demander beaucoup mieux. Après, Sölden, c’est quand même tôt dans la saison, c’est particulier. On peut très bien réussir à Sölden et ne pas réussir à enchaîner comme on le souhaiterait. L’an dernier, c’était un peu mon cas, même si j’étais très contente de ma saison malgré tout. J’ai connu une préparation un peu différente des années précédentes, avec moins de ski. C’est peut-être normal que je me sente un peu moins préparée que d’habitude. Mais par contre, j’ai beaucoup de fraîcheur et beaucoup d’envie avant d’attaquer la saison.
« Il faut laisser du temps à la nouvelle génération »
Comment expliquez-vous les échecs aux JO puis aux Mondiaux ?
Je ne considère pas que les Mondiaux et les JO aient eu la même teneur. Sur mes Jeux olympiques, c’est vrai que ça a été complètement raté de ma part, dans le sens où je n’ai pas réussi à gérer l’événement comme je le souhaitais. Je suis passée à côté alors que j’étais on ne peut plus prête. Il n’y avait pas de raison que ça ne marche pas, ça a été une grosse désillusion. Les Championnats du monde de l’an dernier, c’était complètement différent. Je n’ai pas de regrets sur cette course car je l’ai abordée de la bonne manière, j’ai eu de l’engagement sur les deux manches. Il y a eu des erreurs, c’est sûr, ce n’était pas du tout la course parfaite. Ça m’a coûté une place sur le podium. Mais c’est très différent des JO. Quand il n’y a pas de regrets, je continue mon chemin.
Vous êtes un peu seule en haut de l’affiche du ski féminin français…
Le ski féminin français vit une phase de transition très importante. C’est vrai que c’est une transition qui dure, avec des filles qui arrivaient plutôt en fin de carrière déjà les années précédentes. Il y a eu des blessures. Et il faut un peu plus de temps pour qu’une jeune génération arrive et s’installe dans la hiérarchie mondiale. Aujourd’hui, toutes les filles de ma génération commencent à partir à la retraite. Avec Nastasia (Noens), nous sommes les deux dernières de cette génération à être encore là. Il faut qu’on arrive à faire la transition avec les jeunes qui arrivent en Géant, Coralie (Frasse Sombet), Clara (Direz), Joséphine (Forni) aussi en slalom, qui petit à petit prennent leurs marques. Mais il faut du temps. Je suis très positive par rapport à ça, elles ont déjà montré de belles choses l’an dernier.
« J’ai vraiment envie de faire du Super-G »
Allez-vous faire des épreuves de vitesse cette saison ?
J’aimerais beaucoup faire à nouveau de la vitesse. Mais c’est toute une reconstruction à faire, j’ai des dossards qui ont augmenté, il va falloir que je reprenne confiance sur les entraînements, que je fasse plus d’entraînements, mais c’est prévu. J’ai vraiment envie de faire du Super-G. C’est une discipline importante, j’aime cette discipline.
Vouloir faire de la vitesse, est-ce le signe que le genou va bien après l’opération ?
Je n’ai pas pu faire de la vitesse à cause de ça, donc c’est important que tout soit bien réglé. Le genou, avec l’opération chirurgicale, ça a bien fonctionné, je suis très contente, je pense que c’était nécessaire. C’était une question de savoir si l’opération était la bonne solution avant le mois d’avril, je pense que oui. C’est déjà important. Petit à petit, tout se remet dans l’ordre, même si c’est long car il faut réhabituer le genou à avoir des contraintes régulières. Avoir fait un stage de trois semaines en Argentine en skiant presque tous les jours, c’est déjà une belle étape.
Quels seront les objectifs cet hiver ?
À la base, je ne me fixe pas des objectifs très précis. Je veux pouvoir jouer la gagne à toutes les courses, je veux être actrice dans la course dès la première manche. On est nombreuses, il y a de la densité, du niveau et réussir à jouer devant tous les week-ends promet normalement un bon classement au général. Ça fait trois ans qu’il y a une grosse densité en Géant. C’est génial d’être dans ce combat et je pense que c’est aussi super à regarder. Le ski féminin mondial se porte bien, je suis contente d’en faire partie.
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Romane Miradoli, l’autre Française à suivre :
Romane Miradoli sort d’une saison très prometteuse, avec deux Top 5 et une présence régulière dans le Top 10 des disciplines de vitesse (Descente et Super-G). « C’est la meilleure saison de ma carrière, j’étais super contente de mon hiver, avec de bons résultats dans plusieurs disciplines. Faire notamment un Top 5 en Descente, je ne pensais pas que j’en étais capable, ça a vraiment été une surprise », se réjouit-elle. Objectif pour la Française cette année : confirmer en vitesse et progresser en Géant. « Je n’ai pas d’objectifs précis, je vais essayer d’aller chercher un peu plus de régularité en Descente, en Super-G et en Géant aussi. C’est un réel objectif. Ils ont remis quatre Combinés, ils font aussi partie de mes objectifs de la saison. » Si Tessa Worley est la chef de file incontestée des disciplines techniques côté tricolore, Romane Miradoli s’affirme comme la Tricolore à suivre cet hiver en vitesse. « Je ne me considère pas leader de l’équipe de France féminine de vitesse, mais le statut, je sais que je l’ai. C’est un fait, ce sont les résultats qui parlent. J’ai eu du mal à le gérer l’année passée aux Mondiaux, mais une fois qu’on sort de ces grands événements, le regard est un peu moins braqué sur nous, donc ce n’est pas difficile à gérer. »
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La bio express de Tessa Worley :
- 30 ans – Née le 4 octobre 1989 à Annemasse (Haute-Savoie)
- Club : EMHM (Ecole militaire de haute montagne) / Le Grand Bornand
- Palmarès : championne du monde de Slalom Géant (2013, 2017), vainqueur du Globe de Cristal de Slalom Géant (2017), médaillée de bronze aux championnats du monde de Slalom Géant (2011), championne du monde du Team Event (2011, 2017), 13 victoires et 29 podiums en Coupe du monde
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