Hervé Liberman, président du Comité régional olympique et sportif (Cros) de la Région Sud, veut que le Comité régional soutienne au mieux ses athlètes, et c’est dans cette optique qu’il met tout en œuvre pour que les jeunes athlètes d’aujourd’hui soient les médaillés olympiques et paralympiques de demain.
De quelle manière avez-vous agi, en tant que président du CROS, pour sélectionner les 86 athlètes de l’Équipe Sud Olympique et Paralympique pour Tokyo 2020 ?
On accompagne les équipes olympiques et paralympiques retenues et listées par le Conseil régional Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, en l’aidant à vérifier que les listes sont bonnes par rapport à leurs délibérations. C’est tout un travail en amont qui a été fait pour constituer ces listes. Et nous, nous allons lancer un fonds de dotation, qui est déjà créé, et dont on va faire le lancement officiel, et qui devrait, selon la collecte de fonds défiscalisée que l’on aura, venir compléter le dispositif d’aides des athlètes, dans des domaines auxquels la Région n’aurait pas déjà répondu, en complément de ses aides. Il peut y avoir, par exemple, la prise en charge d’un complément pour un préparateur physique ou un préparateur mental en plus de ce que font déjà les Pôles France ou les Fédérations. On ne se substitue pas, on vient compléter le dispositif lancé par la Région, qui est le principal subventionneur du CROS.
La liste pour les JO de Tokyo 2020 a-t-elle été compliquée à faire ?
Non, pas compliquée au sens de complexe. C’est compliqué parce qu’il ne faut pas oublier quelqu’un. Ce n’est pas complexe, c’est juste fastidieux de vérifier les listes données par les ligues et les comités départementaux. Vérifier avec les clubs et vérifier à nouveau avec les Pôles France ou Pôles Espoirs du territoire, pour être sûr qu’on n’ait pas oublié quelqu’un, que l’on n’ait pas de doublons sur deux listes, qu’il n’y ait pas un sportif qui a été obligé de quitter la région pour signer dans un autre club. Il a fallu bien vérifier que les sportifs des sports individuels soient bien inscrits dans des clubs de la région. C’était plus simple pour les sports collectifs, mais on n’est jamais à l’abri d’un transfert de club.
Cette liste pour Tokyo 2020, est-ce le début du chemin vers Paris 2024 ?
On a d’abord les Jeux d’été de Tokyo, on aura ensuite ce dispositif pour les Jeux d’hiver de Pékin. Le premier lancement se fait pour Tokyo, tout le dispositif sera réellement rodé et aura pris son plein envol et sa vitesse de croisière pour les Jeux d’été de Paris 2024. À partir de 2020, on se lance pour bien accompagner les athlètes, puis on continue en 2022 et en 2024, où il y a un engagement fort de l’État et du mouvement olympique sportif pour réussir à doubler notre nombre de médailles par rapport à Rio en 2016. Est-ce important de créer une liste de parrains pour encadrer la jeune génération ? Il faut noter que cette liste n’est pas créée pour 2020. Mais oui, cette liste va exister, on est en train de faire nous-mêmes tout ce travail de recensement. On a pris une date symbolique, celle des Jeux olympiques d’été de 2000 jusqu’à ceux de 2020, pour trouver un certain nombre de noms d’athlètes qui sont allés défendre les couleurs de la France à des Jeux olympiques ou paralympiques d’été ou d’hiver. Avec ces anciens olympiens, on veut créer une académie pour eux. Ils deviendraient des tuteurs, des mentors, des grands-frères pour ces jeunes pousses de 2024. Eux qui ont fait une, deux, trois, voire quatre olympiades pour certains, vont partager leur expérience sur ces formidables et merveilleux instants. De préparation d’abord, de moments compliqués parce qu’il faut aller jusqu’à la sélection sans se blesser. Puis quand vous vivez les Jeux, il y a deux façons de les vivre. Vous faites les Jeux, vous défendez la France et vous avez participé selon la belle phrase de Monsieur Pierre de Coubertin, « l’important c’est de participer ». Après, c’est différent pour ceux qui ont gagné une médaille et encore plus la médaille d’or. Là, il faut voir comment les anciens peuvent accompagner les jeunes en leur parlant de ces moments merveilleux. J’ai eu l’occasion de croiser des médaillés d’or ou des médaillés olympiques, ils m’ont dit : « on a une telle joie à ce moment-là, un tel bonheur, qu’on ne profite pas assez de ces instants quand on est dans le pays ». Alors en France, ce sera encore plus vrai. Pour les Jeux de 2024, les athlètes seront encore plus sous les feux de la rampe, il y a tout un tas de choses à imaginer pour accompagner les jeunes. Qui de mieux qu’un olympien pour parler de ces merveilleux moments ? Ils ont de vraies histoires à raconter, certains ont eu du mal à s’en remettre.
Vous devez apprécier que la Région Sud mette l’accent sur le sport…
Ça me met du baume au cœur, avant tout parce que je milite contre un constat qui est bien ancré en France et qui dure depuis des années et des années, sans faire de reproches à d’autres institutions. Quand je parle d’un dossier Sport, individuel ou collectif, d’une manifestation, d’un sportif, d’un club, on vous dit toujours que ça coûte cher. Moi, je n’arrête pas de me battre pour dire : « Est-ce que vous êtes bien conscient de ce que vous êtes en train de véhiculer ? Qu’est-ce que le sport vous apporte ? C’est énorme ce que le sport vous apporte ! Regardez, en ce moment, la mise au ban du football concernant le combat contre l’homophobie et contre le racisme. Vous ne croyez pas que de temps en temps, il serait bien que les médias disent que c’est aussi au sport de porter tous ces combats ? » Souvent, on a de meilleurs résultats que les droits régaliens ou les obligations régaliennes de notre propre pays. Je suis très heureux de voir que la Région mette un peu plus de moyens sur le sport, parce que ça reste un des beaux outils de sociabilisation.
Qu’attendez-vous des 86 athlètes présents sur la liste pour les Jeux olympiques et paralympiques de 2020 ?
J’ai une seule attente : qu’ils respectent leur formidable engagement. Je leur souhaite la meilleure réussite possible. Et qu’on réussisse, nous, à les accompagner du mieux possible sans les pressurer. On est là pour les aider à se développer, que ces jeunes pousses deviennent de très beaux athlètes médaillés.
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Un fonds de dotation, qu’est-ce que c’est ?
Officiellement, « un fonds de dotation est un organisme à but non lucratif, créé par une ou plusieurs personnes, physiques ou morales, pour une durée déterminée ou indéterminée. Le fonds de dotation réalise une œuvre ou une mission d’intérêt général en lui accordant des financements. » Le CROS de la Région Sud souhaite capter des fonds d’entreprises pour financer le mouvement sportif. C’est dans ce but qu’a été créé ce fonds de dotation à la fin de l’année 2018, pour soutenir les athlètes appelés à préparer les Jeux olympiques et paralympiques. Il s’agit ici de mécénat et non pas de sponsoring. L’avantage pour les donateurs, c’est qu’ils bénéficient d’un régime fiscal très avantageux (les entreprises peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt à hauteur de 60 % du montant des versements, NDLR). La contrepartie, c’est que ces entreprises ne peuvent pas attendre de réponse publicitaire, contrairement au sponsoring.
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