Le président de l’Asvel est conscient des questions que peuvent se poser les observateurs à la suite de la nomination de son frère comme head coach. Mais les ambitions du club sont intactes afin de décrocher l’Euroligue à vie en fin de saison.
Tony, qu’est-ce qui vous a poussé à composer un staff 100 % français dirigé par votre frère ?
On voulait partir sur cette direction en 2021, mais les événements (NDLR : licenciement pour faute grave du coach Zvezdan Mitrovic) nous ont fait accélérer ce choix. D’où la nomination d’un staff 100 % français avec à sa tête mon frère, qui est au club depuis 8 ans, et Freddy Fauthoux en assistant coach, ainsi que Bryan George, et Morgan Belnou. On trouve que c’est important par rapport à nos fans et nos sponsors d’avoir une identité française.
Avez-vous été influencé par votre expérience aux Spurs de San Antonio ?
Depuis que nous avons repris le club avec Gaëtan (Muller, le directeur délégué), nous avons toujours voulu bouger les lignes et avons fait en sorte de constituer un club unique. C’est une nouvelle étape, c’est nouveau en France. Je l’ai vécu aux États-Unis avec l’association d’Ettore Messina et de Gregg Popovich, lequel a toujours été entouré de grands coaches avec Bud’ (Mike Budenholzer) ou Brett Brown. Cela a très bien marché. C’est ce qu’on a voulu mettre en place ici avec un coaching staff de très haut niveau. Freddy (Fauthoux) peut apporter énormément à mon frère. On espère que cette formule sera source de succès et de nombreux trophées.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que TJ prend le poste parce qu’il est votre frère ?
Cela ne me dérange pas, je comprends que les gens se posent cette question. TJ est là depuis longtemps. On en a beaucoup parlé avec Gaëtan Muller, François Lamy et Nicolas Batum et on en tous tiré la conclusion que c’est le bon moment pour lui. Sa relation avec les joueurs, son respect des valeurs et sa connaissance du basket, européen ou américain, jouent pour lui. Mais il n’y aura pas de passe-droit pour lui. Maintenant qu’il est n°1, il est à risques. Il a une chance et une opportunité en or pour commencer sa carrière au regard de l’équipe qui a été constituée et des ambitions du club. Maintenant, il connaît les règles du jeu : si on ne gagne pas de trophée, je n’aurais pas le choix… il le sait très bien, je serai plus dur avec lui.
Parlez-nous justement de l’effectif de la saison prochaine…
On a recruté des joueurs talentueux qui ont accepté de réaliser de gros efforts financiers pour nous accompagner dans notre projet. On a décidé de s’appuyer sur une base solide de joueurs français, comme Paul Lacombe, Mustapha Fall ou Guerschon Yabusele (qui a prolongé après sa pige de quelques matches en février). On a ajouté des joueurs américains, comme Norris Cole et les jeunes Allerik Freeman et Kevarrius Hayes, qui vont surprendre à mon avis. On a mis le paquet pour disposer d’une équipe compétitive et remplir notre objectif d’obtenir l’Euroligue à vie. La récompense ultime de tout ce qu’on a réalisé depuis 2014, ce serait de devenir une franchise à vie juste avant l’ouverture de notre future salle.
Ce projet pourrait engendrer une nouvelle prise de participation de l’OL dans le capital du club ?
Non, il y a déjà eu deux augmentations, une troisième n’est pas à l’ordre du jour. Nos relations avec l’OL se passent très bien. Petit à petit, je vais prendre plus de responsabilités puisque je vais intégrer le conseil d’administration de l’OL. J’ai la chance d’avoir le meilleur président délégué dont je pouvais espérer. C’est grâce à lui que je peux faire tout cela et donc je délègue très facilement. Jean-Michel (Aulas) m’accorde une grande confiance, il m’a déjà demandé d’être davantage impliqué dans le sportif.
Malgré la crise, vous semblez encore plus ambitieux…
Il faut se tourner vers l’avenir. On a vécu l’une des plus grosses crises de l’histoire, mais on doit rester positifs et aller de l’avant. On sait que cette saison sera déterminante, à nous de rester motivés et déterminés. On vit une aventure humaine incroyable et des moments forts. Le doublé national filles/garçons en 2019 a boosté tout le monde. Tout le monde a envie d’aller le plus haut possible. Cette fin de saison, c’est vraiment dommage, on était en course pour conserver notre titre et on réalisait une super année en Euroligue. Les filles étaient en quarts de finale. Les garçons ont titillé les play-offs. À nous de redémarrer aussi fort.
Vos objectifs en Euroligue sont-ils renforcés ?
On a envie de faire aussi bien que l’an dernier, à savoir au moins 10 victoires pour tenter de viser une qualification.
Edwin Jackson fait-il encore partie de l’effectif ?
Non, il est parti. J’ai géré ce dossier personnellement. Si professionnellement, on s’est mis d’accord pour une séparation, il restera mon petit frère et quelqu’un de la famille. On n’est pas fâchés du tout, d’ailleurs on part en vacances ensemble dans 15 jours.