Joueur de Fédérale 1 en 2017, Grégory Alldritt est aujourd’hui devenu un incontournable à La Rochelle et en équipe de France. Focus sur ce troisième ligne attaché à ses racines, perfectionniste et ambitieux.
En trois ans, Grégory Alldritt est passé de joueur à Auch en Fédérale 1 à leader de l’équipe du Stade Rochelais en Top 14, mais aussi meilleur joueur du Tournoi des VI Nations avec le XV de France. Une ascension express qui ne donne pourtant pas le vertige au principal intéressé. « Je tiens à garder les pieds sur terre », confie Grégory Alldritt. « Je ne suis pas du genre à m’enflammer, je sais que j’ai encore beaucoup de progrès à faire. Je ne suis qu’au début de ma carrière. » Le natif de Toulouse n’a en effet que 23 ans, lui qui affiche 1,91 m sous la toise et 115 kg sur la balance. L’ascension a été progressive, sans passer dans les rangs formateurs d’un grand club français, mais au sein d’un petit club du Gers. « J’ai été formé au SA Condom. C’est le club qui m’a tout appris, qui a fait de moi le rugbyman que je suis et qui m’a donné l’amour de ce sport. En 2014, afin de poursuivre ma progression, j’ai rejoint Auch. » Un club au sein duquel il reste trois ans, avant de s’envoler direction La Rochelle et le Top 14. « Le club de mes débuts prône des valeurs d’humilité, de travail et de plaisir autour de la pratique du rugby. C’est exactement ce que j’ai retrouvé du côté de La Rochelle lorsque j’ai visité les installations du club pour la première fois. La philosophie de ce club me correspond totalement. Il y a tout ce qu’il faut pour s’épanouir au Stade Rochelais : un centre d’entraînement dernier cri, un stade magnifique et un public passionné qui est toujours derrière nous. Tous ces éléments réunis font que le choix de poursuivre l’aventure à La Rochelle est évident. »
« Je n’ai pas attendu le coronavirus pour aider mon club formateur »
Un épanouissement rochelais qui se traduit par des sélections avec le XV de France. Sous le commandement de Fabien Galthié, Grégory Alldritt s’impose progressivement parmi les jeunes éléments incontournables. Après une Coupe du monde prometteuse, il enchaîne avec un très grand Tournoi des VI Nations où il est élu homme du match lors des succès tricolores face à l’Angleterre et l’Italie. Avant l’arrêt net. Au mois de mars, les compétitions sont stoppées en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. « J’étais bien sûr très déçu de ne pas pouvoir aller au bout de la saison, mais je ne vois vraiment pas comment nous aurions pu faire autrement. Le plus important était de préserver la santé des joueurs et du public afin d’amorcer une nouvelle saison dans les meilleures conditions », reconnaît le joueur de La Rochelle. « Je n’étais pas habitué à une période d’inactivité aussi longue. Ça m’a fait beaucoup de bien au début, de pouvoir me reposer. Je sortais d’une saison assez longue avec la Coupe du monde, le Tournoi des VI Nations et ma saison avec le Stade Rochelais. Mais sur la fin, je dois avouer que j’avais très hâte de reprendre l’entraînement. Il a fallu être patient, mais honnêtement, nous, joueurs de rugby, n’étions pas à plaindre. » L’ancien du FC Auch s’est d’ailleurs présenté affûté à la reprise de l’entraînement, lui qui n’a pas chômé durant plusieurs semaines. « Le club nous avait fourni des exercices à faire et c’est un programme que tous les joueurs ont bien suivi. De mon côté, j’ai improvisé des séances de course, de vélo, de musculation et d’autres exercices avec les moyens du bord. » Un Grégory Alldritt projeté sur sa préparation et sur l’avenir… sans pour autant oublier son passé. « Je sais que beaucoup de clubs amateurs sont en difficulté à cause de cette crise. Je n’ai pas attendu le coronavirus pour agir et aider mon club formateur du SA Condom. Tout au long de l’année, j’essaye d’apporter ce que je peux apporter au club. Le club sait très bien qu’il peut compter sur moi et que je réponds positivement à chaque demande. J’ai encore beaucoup d’amis qui jouent là-bas, les entraîneurs que j’avais sont toujours sur le banc, j’ai donc encore beaucoup de liens avec mon club, il me tient énormément à cœur. »
« Je n’ai pas tendance à avoir beaucoup de pression »
Un cœur qui aura besoin d’être bien accroché dans les jours et semaines à venir. En effet, le Stade Rochelais va connaître un début de saison dantesque avec la réception du RC Toulon, un déplacement sur la pelouse du Stade Toulousain puis la réception du Racing 92 lors des trois premières journées de Top 14. « Il va falloir très vite entrer dans le vif sujet et être performant. Nous devrons prendre des points lors de ces trois premiers matches sous peine d’être déjà en difficulté en vue du top 6 en fin de saison. Il n’y aura pas de round d’observation en ce début de saison », confirme Grégory Alldritt. « Le Stade Rochelais est un club qui n’a jamais affiché d’objectif en début d’année et qui a toujours pris les matchs les uns après les autres, sans se projeter. Nous allons entamer la saison puis nous verrons où nous serons en décembre avant la deuxième partie de saison. Mais ce qui est certain, c’est que nous avions amorcé une belle dynamique avant l’arrêt des compétitions. Cela nous permet de travailler sur une bonne base en vue de la nouvelle saison. Du côté des coachs et des joueurs, il y a eu pas mal de réflexion sur la saison, sur les aspects à améliorer et les points sur lesquels insister. » Sur le plan collectif… mais aussi personnel, le Toulousain de naissance étant un joueur particulièrement perfectionniste. « Je n’ai pas tendance à avoir beaucoup de pression (rires). Mais je sais que je suis un peu plus regardé, c’est certain. De mon point de vue, je continue à travailler toujours aussi dur, car je sais que j’ai beaucoup de progrès à faire. Je me concentre sur moi et je sais que si je fais le travail, je pourrais aider mon équipe, que ce soit le Stade Rochelais ou l’équipe de France. »
« Fabien Galthié est très précis dans sa façon de voir le rugby »
Une équipe de France que Grégory Alldritt entend retrouver très prochainement. « Lors de la Coupe du monde, nous avions réussi à élever notre niveau de jeu avec de belles prestations face à de grandes équipes. Il est certain que le Tournoi nous a ensuite permis de confirmer ces progrès et de lancer une belle dynamique. Personnellement, j’ai pris goût à ces matchs internationaux de haut niveau. Je n’ai qu’une hâte, c’est de pouvoir rejouer de tels matchs. Cela me motive d’autant plus à travailler dur afin de retourner en équipe de France », assure le Rochelais, convaincu qu’il n’est plus du tout le même joueur qu’il y a deux, voire un an en arrière. « Je me sens plus fort de par mon expérience. Avoir disputé des matchs de très haut niveau m’a permis de me frotter aux meilleurs joueurs du monde et de progresser. Cela m’a aussi ouvert les yeux sur des axes de progression et sur les sacrifices que je dois faire pour évoluer. Ça m’a reboosté afin de continuer à travailler », confie Grégory Alldritt, qui a bénéficié d’une aide précieuse ces derniers mois. « Fabien Galthié est très précis dans sa façon de voir le rugby, mais aussi très exigeant. Cela me paraît essentiel et nécessaire à très haut niveau. Ces éléments combinés m’ont permis de progresser sur un plan individuel, mais aussi à notre équipe de France d’évoluer dans le bon sens. » Un bon sens qui est censé guider cette équipe tricolore vers 2023 et le Mondial à domicile. Un rendez-vous que Grégory Alldritt n’entend évidemment pas manquer. « Dans ma tête, ça reste assez éloigné. Il peut se passer beaucoup de choses en trois ans. Mais il est certain que tout joueur de rugby rêve de disputer une Coupe du monde à domicile, moi y compris. »