Il y a un mois, l’Altiligérien (bientôt 28 ans), installé depuis quatre ans à Grézieu-La-Varenne dans les monts du Lyonnais, devenait à la surprise générale champion du monde de VTT cross-country. Si sa vie n’a pas pour autant changé, le membre du Team Absolute Absalon, qu’il a rejoint il y a deux ans, se découvre de nouvelles ambitions : il vise une médaille aux JO pour lesquels il doit encore se qualifier.
Un mois après, quelle image gardez-vous de votre victoire aux Mondiaux ?
C’est avant tout le partage avec mes coéquipiers et le staff de l’équipe de France après l’arrivée. Il y avait peu de spectateurs du fait de la crise sanitaire et le fait de partager avec mes collègues, c’était un super moment. À l’arrivée, j’avais du mal à y croire… D’ailleurs, j’ai mis un peu de temps à réaliser. Quand on est compétiteur, au départ d’une course, on va toujours chercher la victoire mais là mon objectif c’était surtout une médaille. Remporter le titre, c’était vraiment inespéré. J’ai vécu une sacrée journée, la plus belle de ma carrière.
Votre vie a-t-elle changé depuis ?
Non, pas du tout. Je continue à faire la vaisselle et mes machines à laver (rires). Certes, je suis plus sollicité par les médias, mais cela ne change pas grand-chose, ni dans ma vie personnelle, ni dans ma carrière.
Pourtant, une semaine plus tard, lors des Championnats d’Europe, vous portiez le maillot arc-en-ciel de champion du monde…
Effectivement, l’approche est un peu différente. Je n’avais jamais gagné de Coupe du monde avant et là je suis devenu champion du monde. Le regard des adversaires est différent, ils me voient autrement, comme quelqu’un capable de gagner n’importe quelle course. Je suis plus attendu. D’ailleurs, cela a été compliqué de courir les Championnats d’Europe une semaine après. Au niveau émotionnel, j’ai passé une sacrée semaine. Le maillot arc-en-ciel motive plus, le peu de spectateurs sur place m’ont reconnu et encouragé. C’était important de courir à fond, histoire de passer l’hiver serein car c’était la dernière course de la saison. Je vais chercher le top 5, je suis très content car c’était dur dans la tête de pouvoir enchaîner, et je finis à peine 1 minute derrière le vainqueur donc c’était bien.
Vous avez rejoint votre manager Julien Absalon sur la plus haute marche du podium d’un championnat du monde… l’idée c’est de le rejoindre aussi sur la plus haute marche du podium olympique ?
(sourire) C’est clair que c’est l’objectif de l’an prochain en espérant que les JO de Tokyo aient lieu. Sachant que rien n’est fait pour la qualification. On est 4 ou 5 Français pour seulement deux places, tout se jouera lors des 2 manches qualificatives, en mai 2021, à Albstadt, en Allemagne, et à Nove Mesto, en République tchèque. Il faudra finir dans le top 3 pour se qualifier. Si aucun Français ne figure dans les trois premiers, la fédération reverra ses critères. Pour le moment, la condition, c’est ça. C’est une course dans la course, puis l’étape suivante, c’est aller chercher la médaille aux JO.
Comment comptez-vous préparer ces échéances ?
Je ne vais pas changer mes habitudes, je vais réaliser le même schéma de préparation. Je reprends tout juste l’entraînement individuel après 3 semaines de coupure. Pour ce deuxième confinement, nous avons une dérogation, en tant que professionnel, pour sortir rouler. Jusqu’à début décembre, c’est à la carte avant des stages collectifs au sein du team Absolute Absalon. Je n’étais pas qualifié pour Tokyo 2020, on repart donc de zéro, les cartes sont redistribuées. C’est mentalement qu’il va falloir être fort. Avant, quelques courses internationales, des Coupes de France, vont permettre de se jauger. Porter le maillot arc en ciel, c’est clairement un plus, ça va me donner une force supplémentaire.
Comment avez-vous débuté le VTT ?
C’est une histoire de famille : mon oncle Lucien Mounier était président d’un club en Haute-Loire et mon cousin Jérémy faisait de la compétition de VTT. Tout petit, j’allais le voir le week-end, puis j’ai intégré le club quand j’avais 8 ans. J’ai commencé rapidement les courses régionales, en cadet, puis des étapes de Coupe de France, avant d’être repéré par les staffs de l’équipe nationale. Je remercie beaucoup mes parents car ils m’ont payé mes premiers vélos puis m’ont toujours supporté sur les courses. C’est grâce à eux si j’en suis là. Vu le contexte sanitaire, ils n’étaient pas en Autriche pour mon titre mondial mais ils ont vibré devant leur télé. Je les ai eus tout de suite après la course au téléphone, c’était fort en émotion. Je crois qu’ils sont très fiers de moi.
Avez-vous le temps de vous consacrer à d’autres passions que le VTT ?
J’aime les sports outdoor de manière générale. En hiver, on pratique beaucoup de ski dans le cadre de notre préparation, du ski de fond ou du ski de randonnée. Je vais souvent dans les Hautes-Alpes, à Puy-Saint-Vincent, pour en faire et profiter de la nature en général.