Après une riche carrière de rugbyman, Julien Pierre a repris le chemin de l’école en 2018, avec pour objectif de s’engager pour la protection de l’environnement. Fin 2020, l’ex-international a officiellement lancé FAIR PLAY FOR PLANET, le premier label vert pour les clubs et les événements sportifs.
Le 5 mai 2018, Julien Pierre foulait pour la dernière fois la pelouse du Stade du Hameau. Une victoire contre Toulon (38-26) qui permettait à la Section Paloise de terminer à la huitième place du Top 14, et à Julien Pierre de mettre fin à sa carrière de sportif de haut niveau avec le sentiment du devoir accompli. Pas le temps pour le finaliste de la Coupe du monde 2011 de faire face à la « petite mort » du sportif. Une fois les crampons raccrochés, il passe coordinateur sportif du club béarnais et retourne sur les bancs de l’école avec un objectif bien précis : s’engager pour la protection de l’environnement.
Une reconversion qui n’a rien d’une excentricité pour celui qui a passé son enfance aux Sables-d’Olonne entouré d’animaux. Son grand-père était alors le propriétaire du Zoo des Sables, et a aussi créé le Parc animalier de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire). « Le respect de la planète, c’est une sensibilité que j’ai depuis longtemps, depuis l’enfance. J’ai toujours été sensible à la protection de l’environnement, et je suis président fondateur d’une fondation pour la protection de l’environnement et des espèces menacées depuis une dizaine d’années maintenant », explique Julien Pierre. En partenariat avec le Parc Animalier d’Auvergne, la Passerelle Conservation est née après un voyage de l’ex-rugbyman avec son oncle à Sumatra, île qui œuvre pour la protection du tigre, en 2009.
Pour franchir une étape supplémentaire dans son implication pour la protection de l’environnement, Julien Pierre reprend les études et fait son mémoire sur « la création d’un label vert pour les clubs de sport ». Il passera rapidement de la théorie à la pratique, en lançant FAIR PLAY FOR PLANET à la fin de l’année dernière. Il s’agit du premier label reconnaissant les acteurs du sport, clubs et événements sportifs, ayant un réel engagement environnemental. A peine lancé, déjà plébiscité : « Nous travaillons aujourd’hui avec la Section Paloise, mais aussi avec un club de football aux Sables-d’Olonne qui évolue au niveau régional. Et d’autres clubs arrivent très vite, notamment une équipe de Ligue 1. Aujourd’hui, nous discutons avec de très nombreux clubs, en France et à l’étranger, que ça soit des clubs de District de football, des clubs de natation, des clubs du Top 14 de rugby, des clubs de cyclisme sur piste, de golf, de Ligue 1, de basket, de handball. » Raccrocher les crampons chez les Vert et Blanc de la Section Paloise était donc plus qu’un clin d’œil. Le vert est bien présent, et le club sera le premier à lui faire confiance lors du lancement du label FAIR PLAY FOR PLANET.
« Une vraie prise de conscience du monde sportif »
L’engouement naissant autour de ce nouveau label est un signe positif d’une prise de conscience du monde sportif. « Il y a une prise de conscience, dans le sport comme dans la société en général, qui est accentuée par la crise que l’on traverse actuellement, explique Julien Pierre. Il y a une vraie prise de conscience, pour différentes motivations. Cela peut être des motivations personnelles de dirigeants qui ont une vraie sensibilité pour le développement durable, des motivations économiques parce que ça permet d’aller chercher de nouveaux partenaires, des motivations d’image car tous les acteurs doivent s’engager dans cette lutte. Les motivations sont diverses et variées, mais c’est important que cela évolue dans le bon sens. »
Pour cette nouvelle aventure pas trop loin du monde de l’ovalie, Julien Pierre s’est entouré de Laurent Stravato, qui travaille depuis plus de 15 ans dans le développement international et la gestion des ressources naturelles et des changements climatiques, et de Jean-Paul Lalanne, ingénieur en génie des systèmes industriels. Un Comité d’Éthique a également été instauré avec une mission de conseil et de représentation morale de l’entreprise. Font notamment partie de ce Comité la joueuse du XV de France féminin Lenaïg Corson, la vice-championne paralympique de snowboard Cécile Hernandez et le réalisateur et scénariste Luc Jacquet (« La Marche de l’empereur », « Le Renard et l’Enfant », « Il était une forêt », « La Glace et le Ciel »).
« Engager cette réflexion écoresponsable et la récompenser »
Concrètement, comment bénéficier de ce label si l’on est un club désireux d’agir pour la protection de l’environnement ? « Déjà, il faut nous contacter. Nous avons travaillé sur un référentiel qui prend les actions des clubs dans leur globalité. Ca va de la gestion de l’imprimante et de la machine à café, jusqu’à la gestion des bâtiments, un spectre vraiment très large qui comprend aussi l’alimentation, l’énergie, la gestion des sols pour les sports en extérieur, la sensibilisation. Les clubs remplissent ce référentiel de la manière la plus exhaustive possible, c’est un peu long car il y a plus de 250 questions. Ensuite, nous envoyons un expert certifié COFRAC (Comité français d’accréditation) au club, qui fait un audit, qui vérifie le déclaratif et qui regarde l’écosystème du club, tout simplement. Après cela, on remet un rapport au club avec une évaluation et une notation. Il y a trois niveaux de labels différents (le premier niveau FPFP Player, le niveau intermédiaire FPFP Engaged, et le top niveau FPFP Confirmed). Les clubs qui n’atteignent pas le tout meilleur niveau, on leur donne entre six mois et un an pour l’atteindre parce que l’idée n’est pas de sanctionner les clubs, mais d’engager cette réflexion écoresponsable dans le monde du sport, et de pouvoir la récompenser », détaille le champion de France 2010.
Avoir un sport plus responsable est une priorité pour le gouvernement actuellement en place. Roxana Maracineanu, ministre déléguée chargée des Sports, l’avait rappelé dans nos colonnes le mois dernier. « Nous agissons à plusieurs échelles. Par le Savoir Rouler à Vélo, en encourageant les mobilités douces via l’éducation des jeunes à la pratique du vélo. En développant des outils qui permettent de limiter l’empreinte carbone à l’image d’Optimouv, qui permet de mutualiser les déplacements pour des événements sportifs, ou de Suricate, qui permet de signaler des dégradations dans les espaces naturels. Nous avons aussi un travail en cours sur les pelouses des terrains de sport : notre objectif est d’atteindre le zéro produit phytosanitaire dans une majorité de terrains d’ici 2022. » Nul doute, donc, que les regards seront braqués sur les grands événements sportifs à venir sur le territoire français : la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Julien Pierre et ses équipes sont prêts à jouer un rôle pour que ces deux grands rendez-vous soient également un succès environnemental. « Evidemment, nous aimerions être impliqués. Ce sont de grosses structures, avec d’importants départements RSE (responsabilité sociétale des entreprises), mais nous aimerions travailler avec eux. » Le message est passé.