Lancé en 2016, le dispositif Prescri’Forme donne la possibilité au médecin traitant de prescrire de l’activité physique adaptée à ses patients sur le territoire d’Île-de-France. Un dispositif qui permet de créer du lien entre les différents acteurs du sport santé afin de proposer une offre importante au service du public, comme l’expliquent Fabrice Dugnat et William Fiadjoe, respectivement référent régional sport santé et responsable adjoint du pôle sport au sein de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) d’Île-de-France.
Qu’est-ce que Prescri’Forme ?
William Fiadjoe : Prescri’Forme est un dispositif mis en place par la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) et l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France. L’idée de Prescri’Forme est de promouvoir l’activité physique et sportive auprès des publics démunis et vulnérables, tant sur le plan financier qu’au niveau de la santé. Nous voulons faire passer le message que cette activité physique et sportive est une thérapie non médicamenteuse. Le dispositif s’inscrit d’ailleurs pleinement dans la Stratégie Nationale Sport Santé 2019-2024.
Fabrice Dugnat : La naissance de Prescri’Forme a d’ailleurs été rendue possible par la loi de janvier 2016 de modernisation de notre système de santé qui prévoit la prescription, par le médecin traitant, de l’activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient, dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection longue durée (ALD). Sur ce sujet, il y a une forte volonté politique d’opérer en interministérialité. Le travail est conjoint entre l’ARS et la DRAJES, tant au niveau des moyens humains que financiers.
Comment ce dispositif fonctionne-t-il ?
Fabrice Dugnat : Il a fallu inventer un dispositif qui permet de structurer l’offre de soins et d’activités physiques. Prescri’Forme s’appuie sur un réseau pyramidal. Au sommet se situent 16 centres Prescri’Forme qui sont en charge de développer un réseau de professionnels de santé (médecins, kinésithérapeutes…) et de professionnels du sport (enseignants, associations…), de former les professionnels de santé et de l’activité physique au sport santé, de prendre en charge des patients complexes, de réaliser des bilans médicaux et de condition physique et d’orienter le public vers des structures adaptées à leurs besoins. Ces centres disposent tous de médecins et d’enseignants en activité physique adaptée (APA).
En dessous, 352 clubs « Prescri’Forme » et 341 programmes passerelles qui organisent du sport sur ordonnance. Le public est composé de personnes en ALD qui doivent pratiquer une activité physique dans le cadre de leur thérapie non médicamenteuse. L’encadrement est assuré par du personnel spécifiquement formé (diplômes d’état).
A la base, 1173 associations « sport santé » proposent des activités physiques adaptées pour celles et ceux qui veulent conserver leur capital santé. De nombreuses fédérations sportives ont innové tant sur le matériel, les règles du jeu, que la formation des éducateurs afin de rendre leur discipline accessible à tous. Il faut vraiment que chacun sache que ce que nous pouvions voir à la télévision où ce que nous connaissions il y a vingt ans est aujourd’hui révolu. La plupart des associations ont des sections adaptées à tous les âges et à tous les niveaux de condition physique. Là aussi, l’encadrement est spécifiquement formé.
« La prise de conscience est réelle »
Prescri’Forme s’adresse-t-il à un nombre croissant de personnes ?
Fabrice Dugnat : L’équipe des médecins de la DRAJES d’Île-de-France a construit une formation « Prescri’Forme » qui est aujourd’hui, grâce à un partenariat avec le mouvement olympique, dispensée dans chaque département francilien au sein des comités départementaux olympiques et sportifs. De nombreuses fédérations cherchent également à développer le sport santé et le sport sur ordonnance. Elles organisent des formations fédérales. De plus en plus de personnes sont formées, plusieurs centaines d’éducateurs le sont chaque année. Cela permet ainsi d’élargir l’offre et d’accueillir un nombre croissant d’adhérents. Cette augmentation est une très bonne chose puisque j’ai beaucoup de retours d’éducateurs et de professionnels de santé : ils me signalent que les enfants bougent beaucoup moins qu’avant. Pour autant, les gens ont conscience de l’intérêt de l’activité physique sur leur santé. La prise de conscience est bien réelle.
Les médecins sont-ils de plus en plus enclins à proposer du sport sur ordonnance ?
Fabrice Dugnat : La réponse est oui. Les centres Prescri’Forme sont aussi des lieux de réunions et d’informations à destination des médecins. En 2019, lors du premier colloque sport santé organisé par la ligue de tennis, une quarantaine de médecins étaient présents, ce qui prouve qu’il y a une vraie curiosité de la part des médecins concernant le sport sur ordonnance. Ils affichent leur envie de s’informer sur ce sujet de l’activité physique liée à la santé. Sur le site www.prescriforme.fr, une partie est réservée aux médecins. Elle permet de faciliter la prescription d’activité physique.
William Fiadjoe : Prescri’Forme est un outil qui permet aux médecins d’identifier les lieux de pratique et d’aider à la prescription médicale. Nous faisons la promotion d’un tel outil, nous avons notamment mis en place une campagne de communication pour aider les différents acteurs du sport santé.
Comment la période liée à la Covid-19 a-t-elle impacté le dispositif ?
William Fiadjoe : Pendant les deux premiers confinements, nous avons tous constaté les effets néfastes de la sédentarité. Nous avons aussi pu voir une prise de conscience de l’importance de pratiquer une activité physique. De nombreuses personnes ont poursuivi leur activité physique pendant les confinements. Dans ce contexte, le sport santé a gagné en notoriété. À notre niveau, cela implique donc d’autant plus de travail pour sensibiliser la population et permettre que l’offre sport santé soit diverse et adaptée au profil de chacun.
Fabrice Dugnat : Nos structures Prescri’Forme, qui mettent en place des activités physiques adaptées, ont choisi de faire des séances en visioconférence. Il y a eu pas mal de séances sur Zoom, ce qui a permis d’alterner séances en présentiel et en distanciel. Il s’avère que l’adhésion autour de ces séances a été très forte.
« Créer du lien entre les acteurs »
Cet aspect digital peut-il changer la donne sur le long terme ?
Fabrice Dugnat : Nous le pensons car nous misons d’ores et déjà dessus. Nous avons d’ailleurs été étonnés puisque la majorité du public concerné est âgée de plus de 50 ans et malgré cela, l’adhésion a été au rendez-vous autour de ces séances Zoom. C’est une très bonne surprise.
Paris 2024 peut-il être une opportunité unique pour la promotion du dispositif et du sport santé ?
William Fiadjoe : C’est en effet une véritable opportunité. Nous voulons mobiliser les différents acteurs pour travailler dans ce sens-là. Il est important de mobiliser et de travailler autour des bienfaits du sport sur la santé.
Fabrice Dugnat : Quand un tel événement est organisé, les retombées sont forcément importantes. Il y a des projets qui sont lancés autour de la thématique spécifique du sport santé, tant au niveau scolaire qu’au niveau fédéral. C’est une réelle opportunité de donner un coup d’accélérateur fantastique au développement de l’activité physique au service de la santé. Prescri’Forme s’inscrit dans la suite logique d’un tel événement, mais aussi dans la volonté de mettre en place 500 maisons sport santé à l’horizon 2022. Ces maisons sport santé – dont 14 ont été déjà labellisées en Île-de-France – viennent en complément des centres Prescri’Forme et permettent d’avoir un maillage important du territoire qui va continuer de s’améliorer.
Comment continuer à développer le dispositif Prescri’Forme ?
Fabrice Dugnat : Le principal projet est de continuer à développer notre site internet. C’est un véritable outil de travail. L’idée est de créer du lien entre les médecins, les éducateurs, les associations, les patients et les adhérents. Cet outil de travail permet aux médecins de faire une prescription d’activité physique adaptée, d’envoyer des informations à l’éducateur sportif qui lui permettront d’adapter au mieux son enseignement à l’adhérent. Quand il est en salle d’attente, l’adhérent peut remplir son questionnaire de santé avec son téléphone. Quand le médecin reçoit le patient, il a donc déjà toutes les informations nécessaires. C’est un gain de temps pour tous les acteurs et ça permet de créer du lien. Le site internet est la base de tout cela.