Pour la première fois de son histoire, le Clermont Foot évoluera la saison prochaine au plus haut niveau. Un succès qui réjouit tout le monde, aussi bien la mairie que le club de rugby historique de la ville, l’ASM Clermont Auvergne. Pas question de leur parler de concurrence !
L’an prochain, Neymar visitera Clermont et les supporters parisiens retrouveront le stade Gabriel-Montpied, lieu d’un souvenir très douloureux. Lors des huitièmes de finale de la Coupe de France 1997, le PSG de Raï, Bernard Lama, Paul Le Guen ou encore Vincent Guérin s’inclinait aux tirs au but face aux Clermontois (4-4, 3-4 tab) alors qu’il menait 4-1 à 20 minutes de la fin. Les habituels pensionnaires de Ligue 1, Paris, Lyon, Marseille et les autres, se déplaceront en Auvergne pour y affronter un petit nouveau à cet échelon, le Clermont Foot, qui a vaillamment décroché son billet pour le plus haut niveau après une saison de Ligue 2 très aboutie. « C’est une montée historique. Au sein même de la ville, comme on est en contact régulier avec le club, on sentait que c’était possible cette année, même si on ne voulait pas y croire, parce que plusieurs fois, le club avait tutoyé les sommets avant, dans les derniers matchs, de ne pas très bien finir. On accueilli ça avec beaucoup de joie et d’enthousiasme parce que ça permet de concrétiser une politique sportive au niveau de la ville qui est en place depuis plusieurs années », se félicite Christine Dulac Rougerie, première adjointe au maire de Clermont, chargée des sports. Les exploits clermontois ont été suivis avec attention, même par le club de rugby. « Quand on est à Clermont, tout ce qui tourne autour de l’activité de la ville nous intéresse. En plus, quand il s’agit de sport, on suit particulièrement cela », assure Jean-Michel Guillon, président de l’ASM Clermont Auvergne.
« A Clermont, notre histoire est un peu la leur, et inversement » Jean-Michel Guillon
Ces réjouissances partagées ne cachent-elles pas la crainte d’une nouvelle concurrence, dans une ville où le rugby est roi ? Jean-Michel Guillon assure que non et donne les preuves d’une belle collaboration avec le Clermont Foot : « Nous avons toujours eu des relations assez proches. Nous avons un centre de formation partagé avec eux. C’est unique en France ! Et nous sommes même, en ce moment, en train d’envisager avec le club de foot la possibilité d’utiliser notre terrain de rugby pour quatre ou cinq matchs de Ligue 1. Cela montre bien que nous ne sommes pas dans la guerre de tranchées que certains peuvent se représenter. A Clermont, notre histoire est un peu la leur, et inversement. » Un sentiment partagé par la ville, qui ne manque jamais l’occasion de faire le lien entre les deux clubs, quand cela est nécessaire : « Ce centre de formation partagé constitue les premières bases d’une bonne collaboration. Tout le monde se parle, c’est le plus important. Ils ne sont pas restés dans leur tour d’ivoire pour développer leur projet chacun de leur côté. Notre rôle, c’est de s’assurer que les échangent perdurent. Nous sommes dans une métropole à taille humaine où l’on arrive à discuter régulièrement avec les dirigeants. Nous pouvons donc être l’accompagnateur de certaines discussions. »
Le président de l’ASM Clermont Auvergne ne craint pas de voir les supporters et les partenaires du club partir vers le football : « Pour moi, c’est plus une émulation qu’une concurrence. Je le pense vraiment. Avec la crise sanitaire, je suis régulièrement en contact avec nos partenaires. On se pose la question de savoir comment sera l’année prochaine à cause du Covid, mais la majorité des partenaires continueront à nous soutenir au niveau du rugby. Et je pense que les partenaires du foot qui existaient en Ligue 2 continueront à les supporter aussi. Pour les supporters, ce n’est pas exactement le même public. On en saura un peu plus une fois que la saison sera lancée, mais il n’y a pas d’inquiétude particulière. Le rugby, ce n’est pas une mode. Le rugby est ancré à Clermont depuis 1911, il plus que centenaire. Mon souci principal, ce n’est pas le football, c’est de faire en sorte que le rugby devienne de plus en plus attractif en offrant de nouvelles façons d’intéresser les spectateurs et les partenaires, et de leur donner envie de s’impliquer dans ce merveilleux sport. » Et si Jean-Michel Guillon ne s’inquiète pas pour l’avenir du rugby clermontois, Christine Dulac Rougerie estime que l’arrivée du Clermont Foot en Ligue 1 peut créer une émulation qui profitera aux deux clubs : « C’est une ville très marquée rugby, c’est vrai, mais rien n’est inscrit dans le marbre. Le football peut trouver sa place au sein de la ville. S’il y a de bons résultats et un beau projet sportif, les gens vont s’y intéresser beaucoup plus. On sait très bien qu’il y a des cycles dans les clubs, avec le besoin, parfois, d’un second souffle à trouver. Je pense qu’il y avait besoin de cette concurrence au plus haut niveau sportif. Le rugby et le football ont déjà commencé à travailler ensemble, et je pense que les bons résultats du club de football cette année permettront un échange encore plus pointu entre les deux clubs. Ca va les tirer tous les deux vers le haut, j’en suis persuadée. »
« Plus il y a d’équipes au plus haut niveau, plus la vitrine est belle » Christine Dulac Rougerie
Voir le Clermont Foot accéder à la Ligue 1, c’est d’abord l’opportunité de mettre un sérieux coup de projecteur sur la ville et la région. « Cette image et cette attractivité, on en a besoin. Cela va amener des regards plus positifs vers la ville de Clermont. C’est très bénéfique », explique Christine Dulac Rougerie. Le président de l’ASM Clermont Auvergne abonde en son sens : « Cela va donner un éclairage encore plus important à la ville de Clermont-Ferrand. Nous représentons un club de rugby, mais tout ce qui tourne autour de notre écosystème et qui le renforce est important pour nous. Ce que je retiens surtout, c’est la visibilité qu’on va avoir. » L’année prochaine, Clermont fera partie du cercle très fermé des villes présentes au plus haut niveau aussi bien en football qu’en rugby, avec Paris, Lyon, Bordeaux et Montpellier. « Voir le football et le rugby ensemble au plus haut niveau, c’est une fierté pour nous, assure le président de l’ASM Clermont Auvergne. Et je pense que chacun a à apprendre de l’autre. » La première adjointe au maire voit même plus loin : « Il faut assumer notre rôle de métropole au niveau sportif. Plus vous avez d’équipes au plus haut niveau, plus la vitrine est belle pour la ville et pour les sports qu’elles représentent. Et il n’y a pas que ces deux équipes, nous voulons développer le sport féminin, et notre équipe de rugby (ASM Romagnat Rugby) a joué et gagné la finale du championnat de France. Il y a de la place pour tout le monde, cela permettra de vivre de grandes émotions. » Les futurs adversaires du Clermont Foot sont prévenus, tous les acteurs de la ville seront derrière le club cette saison.