Malgré les belles performances de l’équipe de France, le volley français peine à briller au niveau des clubs, sur la scène européenne. A la fois président de Nice et de la Ligue nationale de volley, Alain Briguer relativise le manque de résultats à l’échelle européenne, tout en admettant qu’il n’est pas simple de faire bouger les choses avec les hautes instances européennes.
Comment expliquer les difficultés rencontrées par les clubs français en Ligue des champions ?
On a quand même Chaumont qui a fait un beau parcours l’an dernier, donc le volley français ne va pas si mal que ça.
Les charges sociales sont-elles un problème majeur pour les clubs français ?
Les charges sociales, ça pèse très lourd par rapport à d’autres clubs européens. Les Italiens n’ont pas le statut professionnel et ne payent donc pas les mêmes charges que nous. Ceux qui payent des charges comme nous, comme l’Allemagne, ne sont pas mieux lotis que la France. Je pense qu’actuellement, on n’est pas sur la même planète au niveau des budgets avec la Russie, la Pologne et l’Italie. Quand il y a un écart de budgets si important et des avantages sociaux en plus, ça va être compliqué de briller en Ligue des champions, sauf à réussir des coups, comme on a toujours réussi à le faire.
On peut également regretter l’absence de droits TV pour les clubs…
Vous savez, les droits TV, c’est un autre sujet, ça n’a rien à voir avec la Coupe d’Europe. Ce n’est pas les droits TV qui enrichiraient les clubs pour leur permettre d’être au niveau de la Pologne et de la Russie.
Ça pourrait quand même les aider, non ?
Ça pourrait forcément aider, c’est certain, mais ce ne sont pas les droits TV du rugby ou du foot. On peut peut-être avoir ceux du basket ou du hand, mais ça ne permettrait pas au volley d’avoir beaucoup plus de moyens.
« Les saisons internationales sont 10 fois trop longues »
Certains présidents évoquent des saisons internationales trop longues. Êtes-vous d’accord avec cela ?
C’est un gros problème du volley, les saisons internationales sont 10 fois trop longues, on met nos joueurs à disposition des équipes nationales gratuitement, etc. On a créé une association des Ligues professionnelles avec les Italiens, les Belges, les Allemands et les Grecs, puisqu’on est tous concerné par le même problème. Nous avons une action auprès de la CEV pour essayer de modifier tout ça, mais c’est compliqué parce que la CEV, c’est un Etat dans l’Etat. C’est compliqué de bouger les lignes. Les cinq fédérations ont quand même un poids assez important, donc on est en train d’avoir depuis maintenant deux ans une action pour modifier ça. Il y a quelques petits aménagements, mais ça ne nous satisfait pas encore. Ainsi, la CEV nous laisse jouer un petit peu plus tôt et jusqu’à un peu plus tard en fin de saison, mais en janvier on va être coupé par les qualifications olympiques, alors que ce n’est pas prévu. Les calendriers sont très difficiles à faire. C’est très compliqué de travailler dans le volley.
Comment faire, alors, pour faire progresser le volley dans la hiérarchie européenne ?
Le plus gros souci, c’est de mobiliser la communauté volley qui est un peu individualiste, et je crois que notre travail est plutôt là. Dans la communauté volley, il y a certainement des chefs d’entreprises, des gens bien placés pour nous donner un coup de main. Après, il y a toujours des petites guerres entre tout le monde, le Français est ainsi fait.
« On ne peut pas tous être d’accord sur tout »
Y a-t-il des tensions entre la Ligue et les clubs ?
Il n’y a pas d’incompréhension entre la Ligue et les clubs. La Ligue est là pour faire appliquer des règlements, qui sont votés par les présidents de clubs. Alors si les règlements ne sont pas bons, il faut que les présidents de clubs se remettent en cause eux-mêmes, c’est déjà le premier point. Cela étant, on est tous là pour essayer de faire progresser le volley, avec des politiques différentes, mais c’est normal, on ne peut pas tous être d’accord sur tout. Il faut sortir un consensus, et le problème c’est de ne pas réussir à en sortir. J’espère qu’on y arrivera un jour.
A Nice, que faites-vous pour que le club se développe ?
On est l’un des plus gros clubs de la ville, nous sommes le troisième club français en nombre de licenciés, on a énormément d’équipes, on ne sait plus quoi faire des jeunes, on est en train de demander de nouveaux créneaux. La politique que nous menons au sein de la ville est très forte. On est presque au summum de ce que l’on peut faire par rapport aux disponibilités de salles que nous avons. Notre public est de plus en plus fidèle, on a une salle assez bien remplie. En revanche, on a une défaillance de salle, donc on n’a pas l’outil qui nous permet de nous développer davantage.
Vous espérez donc une nouvelle salle prochainement ?
La nouvelle salle, c’est un projet, on est en train d’en discuter. J’espère que ça verra vite le jour. La ville a un projet, mais qui est un peu lointain. Avec d’autres clubs, nous allons voir si nous pouvons faire accélérer le processus.
–
A lire aussi > le volley en France, un constat alarmant
–
A lire aussi > le volley en France, des solutions pour l’avenir
–