Alexandre Camarasa, membre de l’équipe de France de water-polo et sept fois champion de France avec le Centre des nageurs de Marseille, a remporté le Trophée Sport et Management de TPS Conseil dans la catégorie meilleure reconversion pour un sportif en activité. Il parle de cette nouvelle carrière.
Quel métier exercez-vous ?
J’ai intégré KPMG, un réseau international de cabinets d’audit, de conseil et d’expertise comptable, dans la section audit de la branche de Marseille. C’est un emploi aménagé à 50% pour me permettre d’aller à l’entraînement, en compétition et en stage avec l’équipe de France. Je passe d’associé au water-polo à junior en entreprise, sachant que les juniors de KPMG sont plus jeunes que moi, j’ai 33 ans (rires). Mais ce n’est pas grave, je suis un homme de défis et cela ne me dérange pas d’apprendre pour progresser. Être sportif de haut niveau c’est une remise en question permanente.
Comment êtes-vous entré dans cette société ?
La vie, c’est une histoire de rencontres. J’ai eu la chance d’échanger avec le président de la branche marseillaise et sa vision m’a beaucoup plu. J’ai soumis ma candidature et j’ai été recruté. J’ai retrouvé à KPMG le même état d’esprit que dans le water-polo, une équipe composée d’un manager, de superviseurs et de juniors. Comme dans mon sport, il y a toujours les anciens qui chapeautent les plus jeunes.
Avez-vous déjà mené carrière sportive et carrière professionnelle de front ?
Je suis titulaire d’un master droit des affaires avec spécialité droit du sport obtenu à l’Université d’Aix-Marseille, et d’un diplôme d’études supérieures en management, grade de master, de l’établissement Grenoble École de Management. Lors de mon parcours à l’Université d’Aix-Marseille, il n’y avait pas d’aménagements pour les sportifs de haut niveau, sauf en M2. J’avais juste le droit de manquer les travaux dirigés. Heureusement que j’avais des amis qui m’ont donné les cours, sans eux je n’aurais pas eu cette carrière. Entre 2012 et 2016, je me suis concentré uniquement sur le water-polo avec l’objectif de participer aux Jeux olympiques de Rio avec l’équipe de France, ce que nous avons réussi. Ensuite, je me suis inscrit à Grenoble École de Management, une grande école qui propose un cursus aménagé aux sportifs de haut niveau. J’ai suivi les cours à distance en e-learning, mais j’ai passé les examens là-bas. J’ai été diplômé cet été. L’année dernière, j’étudiais encore à l’école, je travaillais dans une boîte de pétrochimie qui m’avait pris en CDI après mon stage, et je jouais aussi au Cercle des nageurs de Marseille et en équipe de France. En ajoutant la paternité, c’était une année chargée.
Avez-vous décidé du moment où vous allez arrêter votre carrière de joueur de water-polo ?
Après les Jeux olympiques de Tokyo, si l’équipe de France y va. Je vais ranger le maillot pour enfiler le costume. Je tenais à anticiper ma reconversion pour ne pas me retrouver sans rien du jour au lendemain au moment où j’arrête le water-polo. L’année qui vient sera importante afin de bien apprendre le métier d’audit financier.
Quel était votre sentiment après avoir reçu le Trophée Sport et Management de TPS Conseil dans la catégorie meilleure reconversion pour un sportif en activité ?
J’étais très heureux et très fier que le jury ait été touché par mon parcours. Je remercie Jean-Luc Sadik, président de TPS Conseil, d’autant plus que la cérémonie de remise des Trophées Sport et Management était très belle, j’étais heureux d’y participer. J’ai aussi reçu des messages de personnes qui ont été inspirées par mon parcours. Je suis content de donner envie aux jeunes sportifs de continuer dans les études. Elles apportent une ouverture d’esprit qui aide dans la performance sportive. Mon cursus m’a sorti la tête des bassins et permis de rencontrer des personnes exceptionnelles et d’avoir des échanges qui m’ont fait grandir. Je suis aussi heureux de donner une bonne image du water-polo qui est toujours un sport confidentiel.
Côté sport, quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Me qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo avec l’équipe de France. Ce sera une grande saison chargée avec plusieurs stages avant le tournoi de qualification olympique qui devrait avoir lieu en février. C’est très compliqué d’obtenir son billet pour les JO en sport collectif, mais on s’entraîne dur pour y parvenir. Au Cercle des Nageurs de Marseille, nous avons pour objectif de faire partie du Final 6 de la Ligue des Champions et d’être à nouveau champion de France. Avec l’équipe qu’on a, on se doit de prendre le titre chaque année.