Quadruple champion du monde de BMX Flatland, Alexandre Jumelin a participé à la création de la FISE Academy en 2017. Le Français confie ses émotions autour de la transmission de son sport.
Vous êtes le créateur de la FISE Academy à Baillargues. Comment est née cette idée-là ?
À l’origine, c’était un échange entre Hervé André-Benoît, le maire de Baillargues, Jean-Luc Meissonnier, et moi. On s’était dit qu’il faudrait créer une entité où l’on pourrait recevoir des locaux et les former à cette discipline particulière qu’est le BMX Flatland. Ma contrainte, c’était d’avoir un spot cool pour s’entraîner. On est parti sur une ancienne école maternelle qu’on a réhabilité en salle spécifique pour riders avec du bois. La création de la FISE Academy s’est déroulée ainsi.
Cela compte beaucoup pour vous de partager votre vécu ?
Ça compte énormément pour moi. J’ai toujours été dans cette passion de la transmission. Aujourd’hui j’ai un DEJEPS (Diplôme d’État de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport), donc je suis légitime à le faire. Je pense que l’important c’est de gagner des compétitions. C’est cool d’être un grand nom du BMX mais la transmission, c’est ce qu’on laissera sur le long terme. Si des rideuses d’ici finissent par devenir des championnes, elles pourront se dire “J’ai commencé à la FISE Academy, je me rappelle de cette époque où Alex était pro-riders”. J’essaye de voir un peu plus loin que ma carrière. Le BMX Flat mérite d’être développé. Il y a beaucoup de pays dans le monde où les riders sont très forts mais ils ne sont plus qu’un ou deux. Comme ils n’ont pas fait cette structure, faire cet effort de donner le flambeau à d’autres riders, malheureusement, la discipline meurt dans certains pays. Quand on a une école comme la FISE Academy, tu tends le plus possible de torches possibles pour que cela continue.
Quel est le bilan de la FISE Academy depuis sa création ?
J’en retiens déjà beaucoup d’émotions. Au quotidien c’est beaucoup de travail mais je suis récompensé quand je vois que sur les quatre finalistes juniors garçons, trois en font partie. Les filles comme les garçons passent des moments intenses. Quand on arrive ici et qu’ils réalisent des runs qu’on a préparés ensemble, pour moi, c’est une satisfaction qui n’a pas de prix. La plupart des métiers d’aujourd’hui, on veut savoir combien on est payé pour. Là, ce n’est pas la question. Ce n’est pas tant le moteur rémunération, c’est plutôt la satisfaction personnelle. Et puis de les voir sourire aussi. Il y a des plus jeunes, des parents, des histoires de famille autour de cette Academy qui sont juste incroyables. Ce tout petit sport qu’est le BMX Flat peut créer des émotions pour des familles entières. C’est fou.
Comment avez-vous commencé le BMX Flat ?
Il y avait une petite structure, une association, où j’habitais à Paris. C’était deux à trois heures, deux fois par semaine, dans une petite salle municipale. C’étaient des grands qui m’entraînaient. C’était comme si dans mon ADN, j’avais déjà un lien spécial depuis le début. Je me sens obligé de le retranscrire parce que cela aide les autres.
L’enfant que vous étiez aurait bien aimé intégrer la FISE Academy…
C’est sûr ! Il y a un grand vecteur d’accélération parce que je gagne beaucoup de temps quand je suis à la FISE Academy. Je leur apprends exactement pourquoi ont fait tels tricks et pas tels tricks, là où tu mets le pied, là où tu mets la main… Je leur apprends des techniques pour qu’ils progressent plus vite. Plus vite tu t’améliores, plus vite tu t’amuses.
Le BMX Flatland n’est pas encore aux Jeux olympiques…
En effet, ni à Paris, ni à Los Angeles. On n’est pas là à se dire “il faut absolument que le Flat soit aux Jeux” pour vivre. Il y a énormément d’événements, de compétitions. Ne serait-ce qu’au FISE, on a des compétitions de FISE Métropole, FISE Expérience et FISE World. On a suffisamment de compétition pour pouvoir s’épanouir. Ce serait la cerise sur le gâteau d’être aux JO mais ce n’est pas une fin en soi. La discipline est prête à y être mais ce n’est pas une décision qui nous appartient pour l’instant.
Le FISE est une belle vitrine pour faire découvrir votre sport…
C’est un événement incroyable. Le FISE est toujours le premier à supporter notre discipline. Cela fait 25 ans que le BMX Flat est représenté. C’est le contest le plus fidèle à mon sport donc je les en remercie.
Quel est votre objectif cette saison ?
C’est une année exceptionnelle avec le retour du public. Ce sont des sourires, des bons moments. À titre personnel, je n’ai pas très bien roulé aux qualifications donc malheureusement je ne suis pas en finale aujourd’hui. Je suis là, c’est le bonheur.
Vous êtes quadruple champion du monde. Quels souvenirs gardez-vous de ces titres ?
Gagner un championnat du monde ou faire une médaille aux X-Games, c’est quelque chose d’exceptionnel. Ce qui compte, c’est de continuer sur sa lancée, d’être là tout le temps, année après année, continuer à inspirer les autres et continuer à s’épanouir en tant que rider.
Propos recueillis par Séverine Bouquet