Football : Amine Harit, diamant brut à polir

Amine Harit of Nantes and Edson Mexer of Rennes during the Ligue 1 match between FC Nantes and Stade Rennais at Stade de la Beaujoire on October 22, 2016 in Nantes, France. (Photo by Vincent Michel/Icon Sport )

Révélé lors de l’Euro U19 cet été, Amine Harit est l’un des joueurs les plus utilisés au FC Nantes cette saison. S’il continue sur ces bases, le milieu offensif de 19 ans semble promis à un très bel avenir.

 
Né le 18 juin 1997 à Pontoise, Amine Harit a fait ses classes en Île-de-France, en passant par l’Espérance Paris 19ème, le PSG, l’INF Clairefontaine ou encore le Red Star. Dès l’âge de 13 ans, le FC Nantes lui fait signer un accord de non-sollicitation. Deux ans plus tard, après avoir convaincu le scout Philippe Casagrande, il rejoint les Canaris. Avec l’octuple champion de France, le jeune joueur d’origine algérienne paraphe un contrat aspirant de trois ans. Mais ses débuts avec les Jaune et Vert s’avèrent compliqués. « Durant les premières semaines, nous nous sommes un peu chamaillés », se souvient Charles Devineau, son entraîneur en U18 et U19. « Il a fallu attendre le début de l’année 2015 pour qu’il travaille davantage et prenne plus confiance en lui ». Lors de la saison 2015-16, il doit se contenter de quelques apparitions dans le groupe de CFA. Le championnat d’Europe 2016 des moins de 19 ans, disputé en Allemagne au cours de l’été dernier, lui donne une vitrine inattendue. Aux côtés de Lucas Tousart, Kylian Mbappe, Jean-Kevin Augustin ou encore Issa Diop, Amine Harit remporte le tournoi en battant l’Italie en finale (4-0). Au cours de la compétition, le milieu de terrain offensif s’impose comme le dépositaire du jeu des Bleuets. Sa qualité de passe et sa vision du jeu font merveille. À son retour en club et à l’occasion de la première journée de Ligue 1, René Girard le titularise pour un déplacement à Dijon. Aligné au poste de milieu relayeur, le numéro 14 brille par sa distribution du jeu. À partir de la quatrième journée, lors de la réception de Metz, le coach nantais le positionne en meneur de jeu. Après douze journées, le garçon n’était encore jamais sorti du 11 de René Girard. « Je suis surpris par sa capacité à répéter les efforts au plus haut niveau », confie Charles Devineau, champion de France avec le FCNA en 2001. « Par contre, son insouciance, dans le bon sens du terme, ne m’étonne pas. C’est un joueur qui n’a pas peur. Désormais, il doit se montrer encore plus régulier dans ses performances. Pour cela, il faudra qu’il soit plus efficace dans les 25 derniers mètres, plus tranchant dans les derniers gestes ».

Une trajectoire à la Payet ?

Avec Issa Diop (Toulouse), Amine Harit est le seul champion d’Europe U19 à pouvoir se targuer d’un statut de titulaire installé dans le championnat de France. Alors qu’il n’avait pas joué la moindre seconde en professionnel avant le mois d’août dernier, le natif du Val-d’Oise est le joueur de Ligue 1 comptabilisant le plus de dribbles réussis et de duels gagnés cette saison. Néanmoins, il fait également partie des éléments ayant effectué le plus de tirs au but sans trouver le chemin des filets. Dans la zone de vérité, son coach le trouve encore trop tendre. « Amine doit être beaucoup plus méchant, plus agressif, à l’abord des 16m50 », a expliqué René Girard lors d’une conférence de presse. « C’est un des rares joueurs capables de se créer des situations par son jeu. Il faut qu’il aille au bout des choses. Je lui ai mis un coup de pied au cul », a même précisé l’ancien entraîneur de Montpellier. Avant le déplacement des Canaris à Nice, à la fin du mois d’octobre dernier, Amine Harit évoquait justement ses rapports avec son coach. « Il nous parle énormément », soulignait-il. « Il est très fusionnel et ça nous permet, nous les jeunes, de pouvoir discuter et d’être plus proches que ce n’est le cas dans d’autres clubs. Ça m’arrange, ça me permet de voir les points précis sur lesquels je dois travailler ».

« On veut profiter de lui comme joueur »

Avec tant de talent, rien d’étonnant à ce que de grosses cylindrées européennes s’intéressent à son profil. À la fin du mois d’août, des émissaires du Bayern Munich se trouvaient dans les tribunes du Matmut Atlantique, à l’occasion du déplacement de Nantes à Bordeaux (lors de la troisième journée de Ligue 1). En début de saison, Waldemar Kita insistait sur la nécessité de conserver ce joyau. « Ce serait stupide de le perdre comme ça, on veut profiter de lui comme joueur et c’est aussi son intérêt de rester », indiquait le président du FCNA dans les colonnes de L’Équipe. « Il est hors de question qu’il parte, c’est clair, net et précis ». Pour que son ascension soit cohérente, son ancien formateur lui conseille de procéder palier par palier. « Il n’a que 19 ans, et personne ne le connaissait au mois de juin », rappelle Charles Devineau. « Ce qu’il fait avec Nantes, il faudrait qu’il le reproduise dans un club du Top 5 de notre championnat. Mais c’est vrai qu’il est doté d’un fort potentiel. Ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça chez nous. La dernière fois, c’était peut-être Dimitri Payet. Je lui souhaite d’avoir la même trajectoire ». À l’heure où le FCNA traverse une saison laborieuse, sa « pépite » marche sur l’eau. Mais comment réagira le jeune homme lorsqu’il sera confronté à ses premières difficultés de joueur professionnel ? « Il sera intéressant d’observer sa capacité à rebondir s’il vient à sortir du groupe, ou s’il se fait doubler par un autre joueur », conclut Devineau.

Arnaud Lapointe
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