L’entraîneur du club de volley de Saint-Jean d’Illac, Anisse Guechou, savoure le titre de champion de France de Ligue B. Et se projette déjà vers l’avenir, au sein de l’élite.
Un titre de champion de France et une montée en Ligue A. C’est une saison rêvée que vous avez vécu cette année ?
Oui dans le travail, même si tout n’a pas été facile. On a eu notre lot de péripéties sur des maladies, des choses en internes, des blessures… On a réussi à créer une vraie structure pour pouvoir surmonter toutes ces aventures-là. Le groupe a tout simplement été fantastique en termes de cohésion et de travail, ce qui nous a permis de nous donner cette opportunité de jouer le titre et de le remporter.
Cela symbolise quoi pour vous, en tant qu’entraîneur ?
Beaucoup de bonheur déjà (sourire). On va pratiquer notre passion au plus haut niveau, on va se professionnaliser. Derrière, il s’agit de détermination, d’engagement, de travail pour potentiellement maîtriser tous les aspects de la performance parce qu’on se confronte à des équipes qui veulent exactement le même objectif que nous. Au final, il n’y a qu’un vainqueur et beaucoup de perdants. Cela ne tient qu’à un fil. C’est un long travail de onze mois, à construire l’équipe, à l’entraîner, à la motiver au quotidien.
Qu’est ce qui explique cette réussite d’après vous ?
La cohérence du projet. Chaque club a son identité, ses objectifs, ses paramètres. On a pris le temps avec le président du club, Stéphane Hassoun, et le manager pour créer un club qui nous ressemble. Il fallait vraiment que cela soit complémentaire, que cela ait du sens. Notre discours est clair et cohérent. Même quand tu échoues et que tu ne gagnes pas, ce n’est jamais une déception.
On est une très petite ville ou un grand village (sourire). Le club forme depuis près de 50 ans des jeunes talents malgré le fait qu’on ne soit que Saint-Jean d’Illac. Il fallait qu’on prenne cela en compte dans le projet de professionnalisation et que cela en fasse notre force. Pour former des joueurs, on s’est concentré et focalisé sur des joueurs qu’on connaissait, c’est-à-dire sur des joueurs issus de la formation française. Tout cela reste cohérent par rapport à notre localité et notre histoire.
A vos yeux, qu’est ce qui a changé la donne cette saison ?
Cela ne se joue pas à grand-chose. En cinq ans on fait trois demi-finales où à chaque fois on joue contre l’ogre de la division, une fois Paris, l’autre fois Saint-Nazaire. Il y a forcément un peu de réussite dans le parcours. Le facteur capital c’est la complémentarité et la cohésion de l’équipe. C’est vraiment une bande de potes qui viennent d’univers totalement différents, mais cela a matché dès le premier jour. Il y a eu un respect mutuel, cette envie de se battre pour eux mais aussi pour le projet collectif. C’est ça, notre réussite.
Comment vous projetez-vous en Ligue A désormais ?
On veut continuer à donner la priorité à des joueurs issus de la formation française. On veut s’appuyer sur des joueurs que l’on connaît. En fonction des compétences qui seront nécessaires pour trouver un équilibre d’équipe, technique et physique, on fera au mieux pour garder cet ADN. On souhaite trouver ce juste milieu, pour que notre cohérence sportive aille avec notre projet.
Je pense que c’est plus dur de se maintenir en Ligue A que de monter en Ligue A. Dans le sens où les dynamiques sont différentes. C’est facile de venir à l’entraînement quand tu viens de gagner six matchs de suite. Par contre, quand tu viens d’en perdre six, que cela s’est joué à rien et que tu as une pression négative, cela sera plus compliqué mentalement.
Sur le plan financier, on sera le petit poucet du championnat (sourire). Il va falloir créer une cohésion hors du commun pour pouvoir se confronter à ces équipes. Il nous faudra être très malin sur le recrutement. On va devoir y croire du début jusqu’à la fin, quels que soient les dynamiques et le scénario de la saison.
Propos recueillis par Séverine Bouquet