Anne-Sophie Da Costa : « Je rêvais de boxer au Cirque de Reims »

Championne du monde WBF des mi-mouches, Anne-Sophie Da Costa défendra son titre le 12 mai prochain au Cirque de Reims. Entretien avec la boxeuse licenciée au Ring Régional de Champagne.

 

En fin d’année dernière, vous avez récupéré votre titre mondial WBF mi-mouche (-48 kg) après un contrôle antidopage positif de l’Ardennaise Justine Lallemand. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

Plutôt bien, c’était une bonne nouvelle. Déjà, cette défaite était un mal pour un bien. Afin de rebondir, j’avais songé avec mon club à organiser un combat dans la catégorie de poids inférieure. La ville de Reims, par le biais de Stéphane Lang, était prête à nous aider sur le plan logistique. Après Noël, j’ai appris que je récupérais mon titre. La WBF (World Boxing Foundation, une fédération de boxe anglaise professionnelle, NDLR) m’a dit de faire ce que je voulais. J’ai alors choisi de défendre mon titre.

Vous allez le défendre au Cirque de Reims, le 12 mai prochain. Que représente cette salle pour vous ?

J’ai toujours rêvé de combattre dans cette salle. Et je vais avoir la chance de concrétiser ce rêve ! Le Cirque ressemble à une arène de gladiateurs, c’est la salle idéale pour boxer. Depuis le début de ma carrière, je n’ai encore jamais combattu dans un endroit aussi prestigieux. À cette occasion, j’aimerais pouvoir dédier ce titre, qui serait le sixième de ma carrière, à mon coach. Sans lui, je n’aurais jamais rien gagné…

Le fait de combattre à domicile est-il un gros avantage pour vous ?

Pas forcément. Cela met une grosse pression. Personnellement, je suis plutôt angoissée dans ce genre de situation, car j’ai peur de décevoir mon public. Je me sens plus détendue lorsque je vais combattre à l’extérieur.

Vous allez affronter une Tanzanienne, Halima Vungavei. Vous estimez-vous favorite face à elle ?

L’an dernier, j’avais déjà boxé face à une Tanzanienne. J’avais alors entendu parler d’Halima Vungavei. Depuis, j’ai regardé plusieurs de ses combats. C’est une boxeuse très résistante, une « dure au mal » comme on dit dans notre jargon. Son style est assez imprévisible. L’idée sera d’être plus rapide qu’elle, avant qu’elle ne puisse délivrer ses extérieurs. Pour moi, il n’y a pas de favorite. Elle a la jeunesse pour elle, puisqu’elle a 10 ans de moins que moi. Mais j’ai l’expérience en ma faveur. J’aurai beaucoup de choses à me prouver sur ce combat…

Comment le préparez-vous ?

J’ai commencé à me préparer au début du mois de février, dans mon club, avec un sparring-partner de 60 kilos, Arthur Derlain. C’est un technicien, quelqu’un de très haut niveau. Puis, en mars, je me suis déplacée hors de ma salle, dans différentes villes, pour rencontrer des sparring filles. C’est toujours très compliqué, car elles sont plus lourdes que moi. Donc, je prends beaucoup de coups avec des risques de blessures.

Vous êtes professeur en SEGPA (sections d’enseignement général et professionnel adapté). Comment conciliez-vous votre activité professionnelle avec l’entraînement ?

C’est compliqué et fatigant. J’ai sacrifié ma vie pour la boxe. Voir des amis, sortir… Ça n’existe pas pour moi. Généralement, je me lève à 6 h 00, j’ai une heure de route pour me rendre sur mon lieu de travail, dans les Ardennes. Quand j’ai une heure de « trou » dans mon emploi du temps, je transforme ma salle de classe en salle d’entraînement. J’ai d’ailleurs mis une vidéo sur Facebook où on me voit à l’œuvre. Mon coach m’a créé des objets pour travailler dans celle-ci. À 17 h 00, lorsque les cours sont finis, je rentre pour m’entraîner à Reims, jusqu’à 20 h 45. Les vacances et les demi-journées où je n’ai pas cours sont également consacrées à la boxe.

Vos élèves doivent être fiers de vous…

Je ne sais pas s’ils sont fiers (rires). Les élèves de 6e trouvent ça bizarre, surtout que je suis très féminine. Ils tapent mon nom sur Internet, ils s’aperçoivent que je suis aussi boxeuse. Ils me voient arriver en classe avec des coquards… Après, au fur et à mesure des années, ils me vannent, certains viennent même assister à mes combats. Une véritable complicité s’est instaurée entre nous.

Est-ce une fierté pour vous de représenter la ville de Reims ?

Totalement. Dans cette ville, c’est rare que je rentre dans un magasin sans qu’on me reconnaisse. Cela me surprend toujours. En plus, on ne me dit que des choses gentilles. J’ai également la chance d’être bien soutenue par les médias locaux, comme L’Union ou Champagne FM. J’ai effectué un gros travail sur moi-même à ce niveau-là. Au départ, je ne faisais du sport que pour me faire plaisir. Je ne voulais même pas apparaître en photo sur les affiches présentant mes combats.

Propos recueillis par Arnaud Lapointe

 

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