Des pointes de 80 km/h, c’est la vitesse que peut atteindre le kite-surfeur Anthony Picard. Ce sportif de haut niveau a le vent en poupe. Son palmarès est prometteur : 22ème au classement mondial senior, 3ème au championnat d’Europe de Twin tp race en 2017 et 6eme des qualifications pour les JOJ en 2018. Cinq fois vice-champion de France. Son kiff, c’est la glisse. Vents, vagues, marrées… rien ne lui fait peur. Aujourd’hui, il se consacre entièrement au Kitefoil. Persévérant et ambitieux, Anthony est un compétiteur qui voit loin et plus particulièrement l’horizon 2024. Depuis que le Comité International Olympique vient d’annoncer la présence du kitesurf parmi les nouvelles disciplines de voile, l’espoir de médailles lui est permis. A la lune, il préfère décrocher l’or olympique ! Interview « salé mouillé » d’un jeune homme aussi à l’aise dans l’eau que sur terre.
Le Kite et toi, quand, où et comment l’histoire commence ?
Je découvre ce sport sur la plage du Prévost, terrain de jeu du KWM, club de Villeneuve-lès-Maguelone que mon beau-père préside. Je passais mes étés sur la plage et je le regardai faire du kite. J’étais impatient, je piétinais de faire comme lui. Mais ce n’est pas un sport que tu peux pratiquer avant d’avoir un certain gabarit. À l’âge de neuf ans, mon beau-père m’a donné du matériel. J’abandonne alors mon cerf-volant pour le kite. Il m’a dit : « tu regardes les autres et tu apprends par toi-même », tout en m’observant du coin de l’œil. Je me suis lancé et vogue la galère… non la passion !
Est-ce que tu te rappelles de ta première sensation avec le kite ?
Oui, bien sûr. Au début, ce n’est pas évident. Il faut arriver à gérer la voile et la planche. Je me souviens lorsque j’ai réussi à faire mes premiers bords, c’était vraiment incroyable ! Egalement, lorsque j’ai fait mes premiers tours. J’étais super content. J’avais l’impression de m’envoler à des centaines de mètres de hauteur alors que je sautais, à peine 50, centimètres.
… et là tu te dis « je tiens le sport de mes rêves » …
Je me dis : c’est vraiment ce qui me plaît ! J’ai envie d’y aller et de continuer à fond. J’aime la liberté de ce sport. Si tu veux partir à des centaines de mètres du bord et bien tu pars à des centaines de mètres du bord. Etre sur l’eau, c’est être coupé de tout, du monde… tu es seul face aux éléments, la mer, les mouettes, le bruit des vagues et surtout face à toi-même. Franchement, c’est une sensation que j’adore.
Est-ce que tu as eu déjà peur en kite ?
Cela m’est déjà arrivé, dans de très grosses conditions, de me faire quelques petites frayeurs. Se faire rouler par une vague et être un peu déboussolé en prenant une chute… oui bien sûr. Quoiqu’il en soit, je remonterai toujours sur un kite !
Anthony, tu es un compétiteur avant tout ?
Je l’ai toujours été. Essayer de me pousser au bout de moi-même, de faire bouger mes propres lignes… oui j’ai toujours su que c’était ça qui me faisait vibrer. J’admirais mon beau-père en compétition à Leucate. Je voulais faire comme lui, partir et essayer d’être le premier sur la ligne d’arrivée. J’ai toujours testé la compétition, même lorsque je faisais du karaté pour décrocher la ceinture bleu marron.
Ton premier podium ?
Je pense que cela devait être sur le mondial du vent à Leucate. C’est vraiment cool. Tu es devant une foule qui t’applaudit. C’est incroyable et grisant. C’est ultra stressant mais c’est une belle sensation. C’est un moment d’adrénaline comme si tu étais encore en course. Cela vaut le coup d’être vécu. Comme sur l’eau, c’est aussi un moment où tu es coupé du monde.
Le stress : as-tu un secret pour le gérer ?
Je travaille beaucoup avec mon préparateur mental. Depuis plusieurs années, il m’aide à comprendre ma nature secrète, sur ce qui peut arriver pendant une manche ou avant un départ ou bien encore la perte de confiance en soi lors d’une chute. Comment aller chercher en toi, en tes capacités le degré de résilience nécessaire pour repartir dans la course. Réussir à toujours positiver et être plus fort. Ensemble on essaie de trouver les clefs.
Est-ce que tu dirais, aujourd’hui, que tu as confiance en toi ?
Ce n’est jamais gagné. Ce n’est jamais acquis. Le définitif n’existe pas. Il faut toujours se remettre sur l’ouvrage, n’est-ce pas ? Ceux qui ont le plus de confiance en eux… se plantent ! Il faut avoir assez de recul, assez d’intelligence pour dire que la confiance en soi c’est quelque chose qui met beaucoup de temps à arriver. Elle se travaille autant que les muscles. Il y a trois piliers pour faire du sport de haut niveau : le physique, la tactique et le mental.
Gagnez facile ou victoire dans la difficulté : qu’est-ce que tu choisis ?
La seconde. La victoire dans la difficulté te transporte beaucoup plus loin. Tu t’es donné à fond et cela a fini par payer. Trop cool !
C’est un peu compliqué. Je suis en école d’ingénieur sur Toulouse et ne m’entraine que le week-end. Après un échange avec mon coach, j’arrive sur le spot où il m’explique le contenu de la séance. On prépare le matériel et je fais mes exercices successivement dans l’eau alors qu’il m’observe depuis son bateau, en mer aussi. Après chaque exercice, on partage nos ressentis et ses réflexions. Les entrainements prennent fin en fonction de ma fatigue musculaire.
Est-ce que ce coaching physique et mental peut t’aider dans ta vie de tous les jours ?
Oui, sans aucun doute. La préparation mentale me sert pour mes études. On travaille sur tout. C’est ce qui est enrichissant. Idem pour la préparation physique qui implique une hygiène de vie, tout simplement. Le coaching t’apprend à appuyer sur les bonnes touches pour répondre au bon moment et de façon adéquate aux situations que tu vis.
Ambition sportif et professionnel, peux-tu nous en dire plus ?
A court terme, pour le sport, c’est le championnat d’Europe au mois de septembre, puis le championnat de France. Des parfaits entrainements pour le graal de 2024, les Jeux Olympiques. C’est mon objectif ultime. Mon rêve c’est d’y aller, de remporter une médaille et de vivre le moment le plus intensément. C’est une chose qui n’arrive pas tous les jours.
… et ton objectif professionnel…
Finir mes études d’ingénierie en génie mécanique. Si je valide cette année, il ne me reste plus que deux ans. Par la suite, je souhaite travailler dans l’aéronautique ou dans le nautisme pour concevoir des « formules un » des mers comme, pourquoi pas, le bateau de compétition Banque Populaire ! Rêver d’abord, s’en donner les moyens et construire son avenir.
Par Banque Populaire du Sud