Quintuple médaillé paralympique, Arnaud Assoumani attend avec impatience les championnats du monde de Paris, cet été. Un moment qui, selon lui, peut contribuer à susciter l’intérêt du grand public et à faire bouger les choses.
Arnaud, comment se passe la préparation à quelques semaines des championnats du monde ?
Très bien, je reviens d’un stage de préparation de deux semaines à Barcelone. J’y étais avec mon entraîneur, Jocelyn Pia, Benjamin Compaoré, ami et ancien collègue d’entraînement. Je débute ma saison ce samedi à Talence avec un premier meeting qui sera d’ailleurs qualificatif pour les Mondiaux de Paris. Pour le moment, ça va, la forme est là. L’objectif principal, c’est d’être en bonne santé, de prendre du plaisir, ce qui est le cas, et de réussir à bien gérer l’entraînement et les sollicitations professionnelles.
Vous avez vécu les derniers Mondiaux en France, en 2013 à Lyon. Que représentent des Mondiaux à Paris pour vous ?
Avoir des championnats du monde à domicile, il n’y a rien de mieux. On va avoir la famille, les amis et énormément de gens qui nous soutiennent, les partenaires et le grand public. Évoluer à la maison, c’est extrêmement positif, on va pouvoir partager des émotions avec les gens. La vie de sportif de haut niveau, c’est dur. On s’entraîne pendant des années pour être au top le jour J. Donc c’est super de pouvoir partage ce type de moment avec plein de gens.
Vous parliez des sollicitations, sont-elles en forte hausse à l’approche des Mondiaux et des Jeux ?
Oui, bien sûr, et c’est assez logique. C’est une bonne chose, c’est notamment très important pour les athlètes paralympiques, qui sont victimes d’un vrai manque visibilité de manière de manière générale. A l’approche des Jeux, on sent qu’il y a un vrai engouement qui monte. Il y a des faits, des actes concrets qui sont mis en place. C’est un rôle que j’ai en parallèle de ma discipline et de mon rôle d’athlète, c’est aussi de faire comprendre que l’enjeu dépasse le cadre du sport. Il y a des enjeux d’accessibilité et des enjeux de visibilité pour les personnes en situation de handicap. Le sport permet de lutter contre les stéréotypes, de les dépasser. Ces championnats du monde puis les Jeux doivent nous permettre de faire parler du handicap pour ensuite faire bouger les choses de manière concrète.
Pour cela, les médailles et les titres seront-ils nécessaires ?
Bien sûr, je pense qu’avoir des résultats va permettre de susciter la curiosité du grand public. Il y a un côté chauvin, lorsque les Françaises et les Français gagnent, on s’y intéresse et on se prend au jeu. Les Mondiaux de cet été, c’est une première étape très importante pour l’équipe de France. Le but est de montrer qu’on sera au niveau, qu’on est en passe de faire de belles choses. Les athlètes feront leur maximum, même s’ils n’ont pas toujours les moyens nécessaires pour s’exprimer au plus haut niveau. Concernant le parasport, les moyens sont grandement insuffisants. Et même s’il y a des améliorations ces dernières années, ça reste très insuffisant par rapport à d’autres pays. On fera le maximum cet été et l’été prochain. Et je peux vous dire que le rôle du 12e homme sera capital.
« J’ai un peu ce rôle de grand frère »
Avec votre expérience et votre palmarès, estimez-vous être le leader, le capitaine de cette équipe de France ?
Ce qui certain, c’est que j’échange beaucoup avec les jeunes athlètes de l’équipe de France, j’ai un peu ce rôle de grand frère avec les jeunes. C’est important de le faire, de donner des conseils pour leur éviter de passer par des difficultés par lesquelles je suis passé. C’est un rôle complètement informel, mais que j’ai plus ou moins toujours eu. Ça se fait de manière assez naturelle, je pense que j’ai une proximité et une facilité à discuter avec tout le monde. L’idée, c’est de pouvoir transmettre l’expérience entre les jeunes et ceux qui sont là depuis plus de dix ans. Pour ma part, ça fait vingt ans ! Ma première sélection pour un championnat d’Europe était en 2003.
Prenez-vous le même plaisir aujourd’hui qu’il y a vingt ans ?
Le plaisir est différent, mais il est toujours là. Je progresse encore sur plein d’aspects, notamment en travaillant en groupe. La force de ce sport, c’est que c’est un sport individuel, mais qui permet de travailler en équipe. On peut avoir une émulation, partager, rigoler. Je prends beaucoup de plaisir dans le travail. Je travaille la préparation mentale et mon alimentation. L’hygiène de vie est une construction très intéressante.
Concernant votre carrière, vous voyez-vous prolonger l’aventure au-delà de Paris 2024 ?
Ce qui est sûr, c’est que j’aimerais être porte-drapeau en 2024. Je le dis haut et fort. J’ai envie de porter des messages forts. La France a été sanctionnée par le Conseil de l’Europe et le Comité international des Nations unies par rapport à son manque de traitement des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, on est très très loin du compte. En 2005, la loi sur le handicap devait permettre de rendre les villes plus accessibles. Des choses ont été faites, mais la situation reste catastrophique. Porter ces messages hyper importants, c’est un rôle que j’ai envie de continuer à occuper.
Concernant le sport, je veux être performant et pas simplement participer. L’objectif, c’est de gagner cet été et l’année prochaine. Je compte poursuivre au moins jusqu’en 2025 tout en continuant à mener de nombreux projets.