Arnaud Di Pasquale : « Une vitrine exceptionnelle »

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A quatre semaines du lancement du Greenweez Paris Premier Padel Major qui se tiendra du 11 au 17 juillet prochain, Arnaud Di Pasquale, directeur du tournoi et de la mission Padel à la FFT, s’est confié à SPORTMAG sur la création de cet événement, sur son déroulement ainsi que sur le développement du padel en France.

Pourquoi avoir accepté la mission de directeur du Major en plus de votre fonction de directeur de la mission padel à la FFT ?

C’était dans la continuité de mon poste de directeur de la mission padel à la FFT car j’ai fait partie des acteurs qui se sont battus pour qu’on ait ce Major Padel au stade Roland-Garros. Quand je suis arrivé à ce poste, avec Amélie Oudéa-Castera, qui était alors la directrice générale de la FFT, et Gilles Moretton, président de la fédération, c’était une des actions qu’on voulait engager le plus rapidement possible, d’où les discussions qu’on a eues très tôt avec Luigi Carraro, le président de la Fédération Internationale de Padel. Amélie (Oudéa-Castera, actuelle ministre des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques, ndlr.) me dit : « Si on arrive à avoir ce Major à Roland-Garros, est-ce que tu aimerais prendre le poste de directeur ? » J’étais ravi car j’adore le padel. Au-delà de ça, je trouve que c’est un des axes de développement essentiels aussi bien en France qu’à l’international. Je pense qu’il peut y avoir un avant et un après Roland-Garros. J’étais ravi qu’on me témoigne cette confiance.

Pourquoi avoir choisi le stade Roland-Garros pour ce tournoi ?

Le stade Roland-Garros est un écrin mythique. En faisant un tournoi d’une catégorie équivalente à un Grand Chelem de tennis pour le padel à travers les Major (il y en aura quatre maximum), il nous paraissait essentiel que ce soit dans un lieu avec toute une histoire. On sait très bien combien Roland-Garros attire. C’est un sacré coup de projecteur, une vitrine exceptionnelle pour le padel. C’est pour cela que je pense que Roland-Garros peut mettre le padel dans une autre dimension.  Il y a cette volonté aujourd’hui de notre côté d’essayer de hisser ce sport dans d’autres sphères.

Et ça passera par ce genre d’événements. On fera le bilan après car je ne souhaite pas tirer de conclusions trop hâtives mais j’avoue qu’on veut proposer une journée complète à Roland-Garros pour aller voir du padel mais pas que. Pour visiter le lieu, pour des animations. Il y a une possibilité assez variée, assez diverse et sympa que l’on propose. Je pense que Roland-Garros attire aussi énormément. Il y a ce double enjeu d’attirer par Roland-Garros et faire découvrir le padel aux non-initiés. Je pense que la communauté est acquise à notre cause mais comme la communauté padel grandit en France et est de plus en plus importante, on va désormais aller chercher un public plus large. C’est aussi l’ambiance et le ton que l’on veut donner sur ce Greenweez Paris Premier Padel Major.

Cette manifestation se veut donc à la fois ludique et familiale…

Exactement, c’est un peu la couleur que l’on veut lui donner. Les prix sont très accessibles et oscillent entre 20 et 50 euros sur toute la semaine pour passer une journée complète à Roland-Garros, c’est peu par rapport à ce qui se pratique globalement au stade Roland-Garros. C’est vrai qu’il y a cette volonté de dire « On est mi-juillet, venez passer un moment convivial et chaleureux, venez découvrir la pratique du padel, venez ! ». Il y aura des pistes qui seront aussi accessibles pour essayer la pratique. Des animations de pétanque, de molkky seront présentes. De même qu’un DJ qui mettra un peu d’animation sur la Place des Mousquetaires. Le principe est simple : venir passer un bon moment entre copains, en famille et que ce soit un lieu de vie et d’animation sympa dans Paris dans lequel on souhaite se rendre.

« 60% des pratiquants de padel ne proviennent pas du tennis »

Les derniers chiffres dénombrent 280 000 pratiquants de cette discipline dont 130 000 réguliers en France. Un tournoi de cette envergure va-t-il selon vous  permettre un développement plus conséquent ?

Oui, je pense. Pour le coup, vos chiffres sont un peu obsolètes car une enquête menée par Union Sport & Cycle révèle que 250 000 pratiquants jouent régulièrement au padel. C’est un chiffre qui augmente considérablement. Il y a de plus en plus de compétiteurs, de plus en plus de tournois, de demandes. Cette communauté existe et elle est déjà très forte, elle grandit et c’est à nous de répondre à cette demande avec notamment la création du Greenweez Paris Premier Padel Major. Au-delà de satisfaire cette communauté, je pense qu’il faut qu’on aille bien au-delà, qu’il y ait de la diffusion parce que ce sport doit gagner en notoriété aujourd’hui.

En termes de notoriété, je pense qu’il y a encore 3-4 ans, une personne sur quatre connaissait le padel et aujourd’hui, on est quasiment à une personne sur deux. Il y a eu un boom assez impressionnant sur ces trois dernières années. On le voit d’ailleurs au nombre de pistes construites en France, il y en a de plus en plus partout, on a des demandes partout. Encore une fois, la communauté grandit. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’impulsion du padel a plutôt été donnée par des (anciens) joueurs de tennis. Je reviens dix à quinze ans en arrière où c’était uniquement des joueurs de tennis qui pratiquaient un peu ce sport et qui arrêtaient le tennis : on les appelle les abandonnistes. On se rend compte qu’aujourd’hui que la courbe est en train de fléchir. 60% des pratiquants de padel ne proviennent pas du tennis. Ce chiffre est très intéressant car il prouve que l’on touche tous les horizons et non pas uniquement des joueurs de tennis anciens et/ou actuels.

Pour développer davantage le padel, 500 terrains sur 5000 équipements sportifs annoncés par le gouvernement seront construits d’ici 2024. Cela peut-il avoir un plus gros impact sur la discipline ?

Bien sûr ! Aujourd’hui, il y a deux fléchages possibles en termes de subventions quand on souhaite construire des terrains de padel. Le premier, c’est via la FFT et ce qu’on appelle l’ADCP (Aide au Développement des Clubs et de la Pratique) : la FFT subventionne et accompagne toutes les pratiques, le tennis, le padel et le beach-tennis dans la construction d’infrastructures. Ils accompagnent les clubs dans leur développement et les subventionnent à une certaine hauteur. Il y a des critères d’éligibilité pour obtenir ces aides.

La deuxième façon, c’est en effet le plan de l’Etat avec la sortie de terre de 5 000 infrastructures sportives d’ici 2024 dont 500 pistes sanctuarisées dans ce plan gouvernemental. Nous avons dépassé environ les 1 000 pistes de padel en France. Notre objectif en 2024, c’est d’atteindre 2 000 pistes et par conséquent de doubler via les deux accompagnements possibles. Il y a aussi des structures qui se construisent sans ces différentes aides. Oui, nous avons besoin de ces aides et ce plan de développement des équipements est essentiel au regard de la demande.

Nous avons fait une étude dans chaque région dans laquelle on a rationné les pistes par habitant et il faut savoir qu’en Île-de-France par exemple, le nombre d’habitants est beaucoup plus dense que dans d’autres régions, il manque cruellement de pistes de padel. C’est la même chose en province. Il y a des régions qui sont vraiment carencées. C’est là où nous devons réussir à accompagner le développement de ces équipements pour avoir plus de padel dans ces régions car la demande est forte partout. En voyageant, je me rends compte qu’il y a beaucoup d’embouteillages. En PACA, en Occitanie ou même à Paris, il faut réserver 7 à 10 jours avant voire parfois davantage pour pouvoir réussir à avoir une piste de padel. Je ne parle pas des heures creuses, je parle des créneaux 12h/14h et à partir de 17 heures selon l’heure à laquelle ferment les clubs. Cela fait partie de nos plans d’action, d’un de nos axes prioritaires.

Y a-t-il d’autres axes prioritaires ?

Il y en a d’autres, oui. Tout à l’heure, j’évoquais la notoriété. On essaie vraiment d’avoir des actions de communication comme la piste de padel posée durant la deuxième semaine de Roland-Garros où des exhibitions étaient présentes. Des joueurs, joueuses et VIP venaient pour animer nos réseaux et de faire gagner ce sport en notoriété. Depuis septembre dernier, on dispose d’un titre à finalité professionnelle, qui est un monitorat de padel.

Nous essayons également de réglementer la profession pour l’enseignement du padel. Selon moi, c’est aussi essentiel puisqu’aujourd’hui, les diplômés d’Etat tennis ont le droit d’enseigner le padel. Après, quand on joue au tennis, est-ce qu’on est capable d’enseigner le padel ? Je ne suis pas certain, il faut se former pour ça. C’est comme dans tous les sports du monde et donc nous avons eu envie de prendre ce sujet en mettant en place des formations pour les formateurs. Il y a des formateurs dans chaque région et toutes les régions sont prêtes à dispenser ce monitorat. Dès cette année, il y a trois ligues qui l’ont dispensé et nous avons les premiers diplômés qui vont arriver. Ça fait partie des axes prioritaires qu’il faut pour animer les clubs, les jeunes et les moins jeunes et donc avoir des personnes compétentes pour pouvoir enseigner le padel. C’est un sport à part entière.

Comme partout, il y a des gens compétents mais aussi ceux qui ne le sont pas suffisamment. On laissera un temps de mise en conformité à ceux qui souhaiteraient obtenir le diplôme et qui enseignent déjà la discipline depuis un moment mais ça fait partie des axes forts. Ce qu’on désire quand on se projette un peu, c’est d’avoir les premières générations de joueurs de padel très rapidement. Comme les écoles de tennis et de foot, on aimerait aussi posséder des écoles de padel dès que possible, bien qu’il en existe déjà quelques-unes dans certains clubs mais on voudrait les répandre davantage, avec si possible un enseignant avec des groupes de jeunes. Ce sujet est tout aussi important. Si déjà nous réussissons à mettre tout cela en place entre Greenweez Paris Premier Padel Major, les axes de communication forts, le plan national de développement des équipements, la formation des enseignants, des jeunes avec les écoles de padel. Derrière, si on structure ça correctement, avec des fondations solides pour la compétition et l’accompagnement du haut niveau parce qu’on a aussi un haut niveau, il ne faut pas l’occulter et c’est aussi important. Ça fait pas mal de choses et je pense qu’on est en train de travailler sur les fondations pour qu’elles soient très solides à l’avenir sans que la base soit fragilisée. J’espère que tout ce que nous entreprenons servira pour l’avenir et pour cela, il faut que ce soit le plus consistant possible.

« Je vois le padel comme un sport très complémentaire du tennis »

Le padel peut-il être complémentaire du tennis ?

Je pense qu’il l’est. Les clubs de tennis se dotent de pistes de padel et on peut voir qu’ils sont beaucoup plus dynamiques. On voit que le modèle économique est plus intéressant aussi pour ces clubs-là. Ça leur permet, par exemple, de générer des revenus et de pouvoir les réinvestir dans des nouveaux courts, de resurfacer les terrains de tennis. En fait, cela bénéficie un peu à tout le monde, aux adhérents, aux clubs pour mettre un petit coup de peinture au club house si nécessaire. C’est vrai que cela permet de booster la vie des clubs. On sait que le bar fonctionne beaucoup plus avec les joueurs de padel, qui vont tous prendre un petit verre après leur partie.

Nous savons maintenant que les clubs de tennis s’étant munis de terrain de padel ont vu le nombre de licenciés augmenter. On est presque à 10% dans ces clubs-là. C’est aussi très intéressant de voir que ça dynamise vachement quand même. Bien qu’il y ait une crainte de cannibaliser le tennis, ce sport va bien, très bien aujourd’hui puisqu’il a atteint le million de licenciés durant Roland-Garros. Je pense que cela faisait trois ou quatre ans qu’on n’était pas au million. Je suis persuadé que le post-Covid, pour le sport en général, fait du bien. Les gens ont besoin de faire du sport, de sortir mais c’est vrai qu’aujourd’hui, le padel est complémentaire pour toutes ces raisons. On est sur des sports de raquette. Je suis sûr qu’on pourrait se dire qu’un joueur de tennis pourrait être sur un terrain de padel et inversement. On est sur la notion de réflexe, de volée, de smash. On peut faire des transferts, pourquoi pas, mais je n’en suis pas sûr. Pour le moment, c’est plutôt le côté convivial et ludique qui l’emporte mais il y a aussi des qualités à développer au padel qui peuvent peut-être faire du bien au tennis avec la qualité de toucher, cette façon très subtile et tactique, beaucoup plus qu’on ne le pense au départ. Je vois le padel comme un sport très complémentaire du tennis.

Pour en revenir au tournoi, quels sentiments prédominent en vous à quatre semaines du lancement du Greenweez Premier Padel Paris Major ?

Beaucoup d’excitation. Savoir quel succès cet événement va rencontrer, bien qu’il y ait beaucoup de pointillés, de points d’interrogation, ce qui est tout à fait normal. Est-ce que le public répondra présent ? Toutes ces questions sont présentes mais en même temps, nous sommes sur un plan pluriannuel. Il faut que nous arrivions à nous projeter. Nous avons signé ce tournoi il y a très peu de temps. Nous sommes dans un timing très serré mais nous allons faire au mieux, avec les moyens du bord mais nous sommes très excités d’organiser un tournoi de cette envergure au stade Roland-Garros. Encore une fois, il faut imaginer le Central complètement modifié avec une piste de padel au milieu du Philippe-Chatrier, ce qui est quand même assez fou. Etant donné que nous sommes dans le souci du détail, nous voulons le meilleur accueil possible pour les joueurs. Nous voulons aussi que les animations soient sympas, que le public s’éclate. C’est une première, c’est assez historique. Il faut un début à tout et en imaginant que ce sport continue son explosion, on aura été à l’origine avec la FFT de son essor. On est en train de créer l’histoire du padel, c’est ce qu’on ressent et ce dont on a envie.

QSI et la FIP soutiennent l’événement. Quelle est leur importance dans la tenue de ce rassemblement à Paris ?

Pour clarifier le schéma, nous sommes affiliés de facto à la Fédération Internationale de Padel (FIP). Notre lien direct est avec Luigi Carraro, le président de l’organisme, avec qui nous échangeons depuis de longs mois sur différents sujets importants pour le développement du padel. C’est la FIP qui a signé un contrat de partenariat avec QSI (Qatar Sports Investments), qui organise un nouveau circuit mondial de padel, le Premier Padel. Notre lien n’a pas changé. On était et on est toujours affilié à la FIP. Nous suivons les recommandations et le circuit de l’institution internationale est celui soutenu effectivement par QSI. On s’inscrit complètement là-dedans. Il faut que les gens y croient fort. Je crois que le tour Premier Padel, ce tout nouveau circuit, y croit très fort avec cette volonté de créer des Grands Chelems, qui sont donc l’équivalent des Majors aujourd’hui, de créer un circuit avec plein de tournois derrière dans un contexte international un peu compliqué, c’est vrai, avec le World Padel Tour. Nous, on pousse pour que demain, on gagne en lisibilité parce qu’il ne faut pas que différents circuits s’affrontent. On veut que ce soit Premier Padel, avec les Majors, les tournois qui vont suivre à côté, le tout, sous le giron de la FIP.

Ce tournoi sera-t-il amené à perdurer dans les années à venir ?

Nous souhaitons que le Greenweez Paris Premier Padel Major soit pérenne. On a trois ans devant nous pour faire nos preuves, pour constater l’évolution du padel. Notre volonté est très ambitieuse puisqu’on veut en faire un succès national, international et par conséquent s’inscrire dans la durée. On veut être avec la FIP à l’origine de l’explosion internationale du padel. On espère que la croissance assez folle que connaît la France depuis ces trois dernières années va se poursuivre et que ça dépasse les frontières. En termes de communication, un tournoi au stade Roland-Garros va faire un bien fou à l’échelle française et mondiale. C’est là-dessus que je parle de coup de projecteur important, à travers toute la communication qu’il y aura autour. Les médias ont un rôle très important à jouer dans la communication d’un événement de cette ampleur. En Espagne et en Amérique du Sud, le padel a déjà une très forte réputation. Ce qu’il faut désormais, c’est aller à la conquête d’autres pays et continents. C’est là tout l’enjeu de ces prochaines années.

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