Après plusieurs participations à Race Across America, Arnaud Manzanini s’est lancé le défi de créer la version made in France de cette course d’ultra-cyclisme. Celle-ci s’est développée avec plusieurs centaines de participants, au point même de s’étendre à l’international.
Comment vous est venue l’idée de créer Race Across France ?
Quand j’ai lancé ce projet, j’étais encore salarié dans mon ancienne entreprise. La première édition de Race Across France a eu lieu en 2018. Pour expliquer l’origine de ce projet, il faut remonter il y a quelques années. J’ai participé à 3 reprises à Race Across America qui existe depuis 42 ans et qui consiste à parcourir les États-Unis d’Est en Ouest dans un temps imparti. En y participant, je me suis dit : « Race Across France, un jour je le ferai ! »
Tout est inspiré de Race Across America ?
J’ai lancé la version France sous forme associative alors que la modèle américain ne prévoit pas de franchises. C’est-à-dire qu’il fallait obligatoirement faire une course du groupe pour être qualifié à Race Across America. En plus, elle oblige chaque équipe à avoir 8 équipiers et au moins 2 véhicules. Cela représente un budget énorme !
Et en dehors de l’aspect « équipe », les deux modèles sont-ils similaires ?
Notre concept est bien différent du modèle américain ! Tous les 300 à 500 kilomètres on retrouve une « base de vie », comme ce qui est fait sur l’UTMB par exemple. Je l’ai juste importé dans le vélo. Et c’est une chose que l’on ne retrouve pas dans le modèle américain. Cela donne accès à des personnes qui pensent que l’ultra-distance n’est pas faite pour eux. Cela leur assure une sorte de sécurité. Le tracé est reconnu au préalable, présenté aux participants et obligatoire.
Il y a plusieurs distances de 300 à 2500 kilomètres. Pourquoi proposer plusieurs formules ?
J’avais déjà cette vision en plusieurs distances. Le but est d’éduquer nos participants ! Si quelqu’un ne se sent pas de faire 2500 kilomètres, il y a la version à 1000, et ainsi de suite. En 2018, 42 participants était sur la ligne de départ dont 19 qui réalisaient la plus grande distance. Aujourd’hui, nous sommes à 1300 participants, dont certains qui ont commencé par la version à 300 kilomètres.
« Le but est d’éduquer nos participants !«
Vous parlez d’éduquer les cyclistes. Qu’entendez-vous par cela ?
Il faut vraiment voir l’ultra-distance comme un chapitre de vie sportive si on peut le nommer comme cela. Ce n’est pas un « one shot » ! Quand je parle d’éduquer, c’est que Race Across va permettre aux gens de mieux se connaitre, de se dépasser. On va apprendre à mieux s’alimenter, à améliorer son matériel, sa position sur le vélo, etc.
On parle de plusieurs centaines de kilomètres, voire des milliers. Le « cycliste du dimanche » peut-il prétendre à ce genre de courses ?
Il ne pourra pas faire les deux plus longues distances parce qu’on demande un minimum d’expérience. Mais sur le 300 kilomètres, c’est faisable ! Il est vraiment accessible à toutes personnes ayant la détermination et l’envie. Comme je vous l’ai dit, certains sont passés du 300 au 2500 kilomètres en quelques éditions !
Aujourd’hui on peut remarquer un changement majeur : Race Across France est devenu Race Across Series. Pourquoi ?
Il y a des pays étrangers qui sont entrés dans le programme ! On s’est structuré. Notre course traverse maintenant plusieurs pays. On est un évènement sportif qui se déroule en France, en Belgique, en Suisse et au Québec cette année.
L’ultra-distance est en vogue en France, notamment avec le trail. Est-ce que vous comptiez sur cet intérêt grandissant ?
J’ai toujours compté là-dessus ! Je ne suis pas surpris de l’essor de la discipline car je m’y attendais. Pour l’ultra-cyclisme, on n’ira jamais sur des épreuves à plusieurs milliers de participants comme ce que le trail connait. Mais l’intérêt est là.
Le cyclisme est important dans la préparation ou dans la rééducation des sportifs. Pensez-vous voir des visages venant d’autres sports dans l’ultra-cyclisme ?
J’avais discuté avec un médecin à l’époque où Race Across France n’était qu’un projet. Il m’avait dit que cela exploserait car beaucoup de traileurs se blessent. Ces gens-là, qui ont goûté au dépassement de soi, iront sur du sport comme le cyclisme. Comme vous le dites, les sportifs de haut-niveau ont du cyclisme intégré à leur préparation. Et tous les sportifs en rééducation aussi. Je ne serais pas surpris de voir des traileurs sur de l’ultra-cyclisme.