Arthur Bauchet : « Je ne pouvais pas rêver mieux »

Arthur Bauchet (FRA) races in the Alpine Skiing Sitting Men's Super G at the Jeongseon Alpine Centre, The Paralympic Winter Games, PyeongChang, South Korea, Sunday 11th March 2018. Photo : Bildbyran / Icon Sport

Aux Jeux paralympiques d’hiver de PyeongChang (Corée du Sud), Arthur Bauchet a remporté quatre médailles d’argent (descente, super-G, super-combiné et slalom) au mois de mars dernier. Entretien avec le jeune skieur handisport.

 

À seulement 17 ans, vous attendiez-vous à obtenir de tels résultats ?

Franchement, je ne m’y attendais pas du tout. J’avais quelques espoirs, car je sortais d’une saison satisfaisante. Cependant, j’avais mal commencé la saison actuelle. Mes objectifs étaient donc revus à la baisse. Je ne visais même pas de médaille. Mon but premier était de me faire plaisir et de donner le maximum. Mes coachs m’avaient conseillé de profiter de chaque moment. J’ai eu plus de stress à l’arrivée des épreuves, en attendant les résultats, qu’au départ. C’était magique ! Je n’avais rien à prouver, je venais simplement pour découvrir. Je ne pouvais pas rêver mieux.

Ces bons résultats vous ont permis de bénéficier d’une mise en lumière médiatique. Comment gérez-vous cette médiatisation plutôt soudaine ?

Je ne m’attendais pas à ce qu’autant de journalistes s’intéressent à mon parcours. Ça fait plaisir, d’autant plus que c’est la possibilité de faire une bonne promotion du handiski. Je reçois énormément de messages sur les réseaux sociaux. Des gens me disent que je leur ai redonné de l’espoir. Quand je lis ce genre de commentaires, j’en ai les larmes aux yeux. Concernant les médias, je suis naturel avec eux. Je reste moi-même, je ne vais pas changer de comportement sous prétexte que j’ai décroché 4 médailles.

Vous souffrez de paraparésie spastique. À quel moment avez-vous contracté cette maladie génétique rare ?

Depuis que je suis tout petit. Mais cela est allé en empirant au fil du temps. Au départ, je marchais sur la pointe des pieds. Puis j’ai commencé à sentir de fortes douleurs lorsque j’étais en CM2. Par exemple, quand je jouais au foot, je ne pouvais plus marcher à la fin de la séance d’entraînement. Je suis alors parti consulter un médecin à Marseille. J’ai entamé un traitement avec des injections de botox dans les jambes. Lorsque je suis entré en 3ème, cela ne suffisait plus. Les douleurs étaient intenses, je ne pouvais pas rester assis ou debout, mais seulement allongé. Heureusement, le professeur Chabrol m’a trouvé un traitement qui me correspond bien, avec des cachets et des gouttes à prendre ainsi que des injections à faire. C’est ce qui me permet aujourd’hui de me déplacer et de skier. Si cette situation pouvait se stabiliser, ce serait l’idéal. Mais je sais que ma maladie ne peut qu’empirer. Je préfère relativiser. Si je me retrouve en fauteuil roulant, ce ne sera pas la fin du monde…

Estimez-vous être assez soutenu par les instances sportives ?

Oui. Je suis soutenu par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), ma région, mon département, la Fédération française handisport, le Comité paralympique et sportif français (CPSF)… Plusieurs de ces instances m’aident au niveau de la communication. Même au quotidien, notamment avec l’attribution de bourses pour l’achat de matériel. Quant aux coachs, ils s’adaptent à chaque pathologie. Les miens ont très bien compris la mienne. Ils savent que je me fatigue très vite. Donc ils adaptent leur entraînement en connaissance de cause.

Où en êtes-vous dans les études ?

Je suis encore au lycée, à Albertville. Je suis le seul athlète handisport faisant partie du pôle France des sections ski de haut niveau. Au mois d’avril, je suis entré en Terminale, je passerai mon bac en juin 2019. De novembre à avril, je me consacre au ski, je vais en cours l’été lorsque les autres sont en vacances.

Comment envisagez-vous votre avenir de sportif de haut niveau ?

Je sais bien que je ne ferai pas du ski toute la vie. Une blessure peut survenir à tout moment et tout peut s’arrêter. Je vais continuer les études après le bac. J’ai de grandes ambitions : j’envisage de devenir ingénieur en biomécanique. Je ne sais pas encore par quel cursus il faudra que je passe pour exercer cette profession. Je vais rapidement me renseigner.

La grande vedette des derniers Jeux paralympiques, Marie Bochet, porte un nom identique au vôtre. Le public doit souvent imaginer que vous êtes son petit frère ?

Effectivement, c’est une question qui revient assez souvent. Pourtant, il n’existe aucun lien entre nous, si ce n’est qu’elle était dans le même lycée que moi. Marie Bochet a ouvert la voie au handiski français. Elle possède un palmarès énorme. J’aimerais bien avoir le même dans quelques années (rires).

Arthur Bauchet, ambassadeur de Serre Chevalier

Installé à Briançon depuis l’année 2016, Arthur Bauchet est soutenu par l’office du tourisme de Serre Chevalier. « Notre première rencontre remonte au mois de janvier dernier, se souvient le directeur de l’organisme, Yannick Moreddu. À l’époque, bien qu’il soit déjà champion du monde, il n’avait pas sollicité notre aide. Nous lui avons demandé de devenir notre ambassadeur. Depuis, il bénéficie de notre capacité à communiquer et nous l’aidons sur le plan financier, notamment pour l’achat de matériel. Arthur me fait penser au Petit Prince de Saint-Exupéry ».

Par Arnaud Lapointe
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