Dans le cadre du Festival des Arts Martiaux, qui aura lieu à l’Adidas Arena (Paris) le 22 mars, de nombreuses disciplines seront mises à l’honneur. Parmi elles, le sambo, art martial originaire de l’URSS, dont les spectateurs pourront découvrir la forme “sambo combat”. Bruno Schmitt, président de la Commission Sportive Nationale Sambo, présente à SPORTMAG l’histoire et les spécificités de cette discipline.
Quelles sont les origines du sambo ?
Le sambo est un art martial de l’ex-URSS. Sa première forme était à usage militaire, pour former les soldats à combattre à mains nues parce qu’ils manquaient de munitions. L’objectif était d’handicaper les troupes adverses, car on n’abandonnait jamais les blessés à l’époque. Elles étaient ainsi forcées de faire du port de brancard. C’est né comme ça, puis le sambo a été repris par les forces spéciales militaires. Il s’agissait alors de ce qu’on appelle aujourd’hui le sambo défense. C’était un système de combat rapproché militaire.
En voyant la pertinence de cette discipline, les pouvoirs publics ont voulu la rendre accessible à la jeunesse, et ils ont créé le sambo sportif. Les défenses sur arme ont été retirées pour cette forme, ainsi que quelques techniques de frappes rudimentaires. Ce n’était pas encore de la boxe, mais plutôt des frappes qui se rapprochaient du karaté. Un mélange de lutte et de judo en somme.
Le sambo sportif a ainsi été enseigné dans les écoles d’ex-URSS, puis de Russie, et est devenu un sport très populaire là-bas. Puis, c’est au moment de la chute de l’URSS que la troisième forme de sambo, le sambo combat, est née. C’est aujourd’hui la plus connue, même si les deux autres formes sont toujours pratiquées. Elle est un assemblage de la lutte sambo avec les techniques de boxe pieds-poings.
C’est vous qui êtes à l’origine de cette forme…
En effet, je suis à l’origine de son apparition. Puis je l’ai initiée en France, qui a été l’une des pionnières en la matière. Jeune, j’ai pratiqué tous les sports de boxe pieds-poings, et en découvrant le sambo je me suis étonné qu’un sport aussi efficace soit aussi rudimentaire dans ses formes de combat pieds-points. J’ai passé mes ceintures une à une, et lorsque je suis arrivé au niveau de passer un diplôme d’instructeur, la fédération m’a demandé de créer comme mémoire d’étude une forme de sambo de synthèse, que j’ai appelée sambo global. J’ai commencé à la codifier, et les Russes ont repris ce travail pour fonder le sambo combat, en ajoutant donc notamment des techniques de boxe.
À cette époque, contrairement à nous, ils étaient de très piètres boxeurs, mais ils ont mis le paquet quand ils ont créé le sambo combat et ont ainsi très vite progressé. Ils ont créé des écoles, les jeunes avaient la possibilité de faire du sport-études. Aujourd’hui, ce sont les meilleurs en sambo combat, et Vladimir Poutine est d’ailleurs président d’honneur de la Fédération Internationale de Sambo. Dans toutes les nations de l’Est, les combattants sont maintenant grassement payés. Quand on regarde les plus grands combattants de l’UFC aujourd’hui, on constate qu’ils viennent presque tous du sambo. Ce qui prouve que le sambo forme les meilleurs combattants au monde.
Vous serez présents au Festival des Arts Martiaux. Quel sera votre programme ?
On va simplement organiser un combat de sambo. On avait fait de beaux tournois les autres années, mais on se noiera davantage dans la masse sur cette édition. Ce sera sous la forme de sambo combat, et au K.O, à l’instar du MMA. Le sambo y ressemble d’ailleurs beaucoup, mais il a la particularité de munir les combattants d’un casque et de protège-tibia. De plus, on a le droit d’attraper le kimono de l’adversaire et de mettre des coups de tête.
Comment voyez-vous le futur du développement du sambo en France ?
Le sambo est affilié depuis 2007 à la Fédération Française de Lutte et Disciplines Associées. Il est reconnu comme sport de haut niveau par le ministère des Sports. C’est-à-dire qu’il y a des statuts de haut niveau, des championnats de France officiels, des titres officiels, des championnats d’Europe et des championnats du monde. On est d’ailleurs un des seuls sports de synthèse à être reconnu par les pouvoirs publics avec un statut de haut niveau. En France, nous avons donc 75 athlètes classés sur les listes ministérielles de haut niveau. On a de bons résultats, notamment en sambo combat, mais on souffre terriblement d’un manque de moyens, puisqu’on ne touche aucune subvention.
Le sambo est également reconnu discipline olympique, et l’objectif est d’intégrer aux Jeux Olympiques le sambo sportif en premier lieu, puis le sambo combat. On devait participer aux JO de Paris, mais ça ne s’est pas fait en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine. On espère donc pouvoir être programmés à Los Angeles en 2028.