Après des Jeux paralympiques réussis, le para aviron se projette sur Paris 2024 avec la volonté de continuer à développer la discipline. Dans le même temps, l’aviron adapté est lui aussi sur le pont.
La rentrée a sonné pour l’aviron adapté. Les 23 et 24 octobre, le collectif national participe à la première régate internationale à Turin. Une grande première sur l’eau pour ces athlètes, âgés de 19 à 34 ans. « En 2018, nous avons participé aux Jeux Européens Indoor. En 2019, la France n’a pas pu participer aux Jeux Mondiaux en Australie, où ont eu lieu les premières compétitions en bateaux. Nous attendons donc la prochaine échéance, en Pologne en 2022, pour nous mesurer à l’ensemble de la concurrence internationale », détaille Hélène Gigleux, Conseillère Technique Nationale chargée de développement au sein de la Fédération Française d’Aviron. « Cette régate à Turin est un événement qui va leur permettre de participer à une compétition à l’étranger avant les grandes échéances. Ils vont prendre leurs repères et de notre côté nous pourrons apprendre à mieux les connaître dans le cadre d’une telle compétition. C’est un vrai test. » Un pas en avant qui témoigne également du bon travail mené par la Fédération Française d’Aviron et la Fédération Française de Sport Adapté. « Nous avons signé une convention avec la Fédération Française de Sport Adapté et nous sommes en train de préparer ensemble le déplacement en Pologne en 2022. Le collectif va donc concourir sous les couleurs de la FFSA », confirme Hélène Gigleux.
Des Jeux de Tokyo réussis
Si l’aviron adapté débute sa saison, le para aviron est lui aussi en pleine relance après des Jeux paralympiques réussis. « Le bilan des derniers Jeux est positif dans la mesure où c’est la première fois que nous avons un quatre barré médaillé sur la scène internationale avec Erika Sauzeau,, Antoine Jesel, Rémy Taranto, Margot Boulet et Robin Le Barreau. Les deux filles pratiquaient depuis relativement peu de temps, et puis c’est aussi une belle récompense pour les garçons qui sont présents depuis une dizaine d’années. Une bonne alchimie a été trouvée. » On peut aussi noter la très belle médaille de bronze obtenue par Nathalie Benoit, rameuse de 41 ans, atteinte de sclérose en plaques. Des performances qui sont une bonne base de travail pour la suite, à savoir Paris 2024. « Le gros du travail va consister en de la détection », révèle Hélène Gigleux. « Dans chaque Ligue, nous allons organiser une réunion de manière à réunir tous les partenaires du handicap. Il y a des référents paralympiques dans chaque région et qui sont là pour aider à faire le lien entre le public et les clubs. Ces réunions vont permettre d’amorcer une dynamique de détection au niveau régional. Le but est de donner un maximum d’informations à nos clubs, qui ne sont pas encore tous ouverts à la pratique handi. »
Développer le para aviron, c’est aussi l’un des enjeux forts de la période qui s’ouvre. « On progresse, mais doucement. Le problème, c’est que cela repose seulement sur un ou deux individus dans les clubs. Si la personne ne revient pas, le club ne va pas chercher à renouveler l’expérience. On reste également beaucoup confronté au fait que quand les gens pensent handicap, ils pensent fauteuil. Alors qu’il y a beaucoup de handicaps où les gens sont tout à fait autonomes et n’ont pas besoin d’adaptation particulière concernant leur pratique », confie Hélène Gigleux. « Je pense que Paris 2024 est un rendez-vous qui peut nous aider. Il y a des opportunités financières, l’achat de matériel est financé à hauteur de 80%, il y a de l’aide à l’emploi pour aider les Ligues à développer la pratique para… On sait que des moyens sont mis sur le développement et la pratique du haut niveau, c’est donc le bon moment pour se lancer. Si on arrive à développer ça maintenant, on peut l’ancrer dans le temps. »
Paris 2024 dans le viseur
Concernant la compétition et le haut niveau, « certains handicaps sont plus favorisés que d’autres. Pour être performant, on sait que nous devrons avoir des rameurs qui auront des handicaps minimums », assure Hélène Gigleux. « Les handicaps sont aujourd’hui très déterminants. On sait par exemple qu’il est quasi impossible d’être médaillé aux Jeux avec une paraplégie haute. Dans cette catégorie, plus la personne a d’abdos, plus elle sera avantagée. Ce sont donc des éléments qui peuvent être décourageants pour les athlètes. On essaie aussi de montrer qu’il n’y a pas que la pratique du haut niveau, la pratique quotidienne pour la santé et le bien-être est également un élément fort que nous mettons en avant. » Une volonté de développer la pratique qui laisse entrevoir de belles heures pour le para aviron.