Vincent Defrasne, médaillé d’or en biathlon en poursuite lors des Jeux olympiques d’hiver en 2006 à Turin (Italie), a créé sa marque de vêtements techniques pour le sport en plein air : « AYAQ ». Il revient sur sa marque éco-responsable et sur le futur de cette dernière.
Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas la marque AYAQ, pourriez-vous expliquer ce que c’est ?
AYAQ est une gamme de vêtements avec des vêtements techniques et fonctionnels pour pratiquer différentes activités physiques et sportives sur les sports en plein air au sens large. Cela nécessite de la technicité, de la fonctionnalité pour être confortable quelque soit la météo et le niveau de pratique. On a des vêtements qui sont faits pour la performance, pas nécessairement au sens de la compétition, mais plutôt au sens pratique comme aller en montagne afin d’être habillé de manière efficace. C’est la raison pour laquelle on a une gamme très technique avec des matières qui permettent de gérer aussi bien la pluie, que la neige, le vent, mais aussi la respirabilité et la conservation de la chaleur.
Comment vous est venu le nom AYAQ ?
« Ayaq » est un mot inuit qui veut littéralement dire « la neige sur les vêtements ». En effet, les Inuits ont de nombreux mots pour parler de la neige, et celui-ci m’a inspiré particulièrement, puisque nous voulons faire des vêtements qui permettent d’aller n’importe où, notamment sous la neige. De plus, avoir un mot inuit comme nom de marque permet de passer des messages à la fois de performance mais aussi sur la préservation de l’environnement.
L’environnement est un sujet important pour la marque, comment faîtes-vous pour proposer des vêtements éco-responsables ?
Il est complexe de fabriquer des vêtements, déjà car il y a un impact environnemental. Maintenant, on peut largement le diminuer en ayant une attention sur les matières que l’on utilise, c’est-à-dire des matières naturelles ou recyclées. C’est ce que l’on fait. C’est donc d’être dans le détail de chaque phase et chaque sujet du cycle de vie d’un produit afin qu’une de ces étapes minimise vraiment ce qui rend le vêtement coupable, si je puis dire, concernant l’impact carbone. Pour avoir des exemples concrets, c’est diminuer au maximum les transports en faisant très local. Avoir une gamme complètement made in Europe, c’est très possible. C’est ce qu’on fait, puisqu’on a un écosystème de fournisseurs de matières et d’accessoires et un écosystème de confectionneurs qui nous confectionnent les vêtements. Ces deux derniers sont entièrement européens.
A quel(s) sport(s) est plutôt destinée la marque ?
Nous avons une collection qui est très polyvalente pour la majeure partie des sports de plein air d’hiver, mais également d’été. La collection d’hiver est sortie, il y a maintenant quatre saisons,. Depuis l’année dernière, nous avons lancé la collection d’été, qui est principalement dédiée à la randonnée, au running, au trail et à la course à pied. Dans quelques mois, nous allons proposer des vêtements d’escalade, d’exploration, de bivouac. Concernant la collection d’hiver, on a des vêtements pour le ski, le ski de fond, le ski alpin, le ski de randonnée, la découverte de la nature en hiver. En parallèle de cela, on a une collection urbaine que nous sommes en train de préparer, avec le parti de pris de décliner toute la technicité qu’on utilise pour la montagne dans des vêtements de ville qui permettent d’être très confortable avec des couleurs plus adaptées à la ville.
Est-ce que c’est envisageable de voir la marque sur des nouveaux sports, notamment les sports aquatiques ?
Pour l’instant, on ne développe pas de vêtements spécifiques. Néanmoins, on a pas mal de couches qui sont très bien pour le ski ou pour la randonnée et qui peuvent être utilisées en kayak. On a fait le choix d’investir dans le polyvalent outdoor, dont on peut se servir de manière versatile ou détournée.
Initialement, la marque AYAQ est plutôt orientée vers la pratique sportive, pourquoi vous orientez-vous vers une gamme citadine ?
C’est notre stratégie, c’est d’avoir une collection sportive et une collection urbaine lifestyle technique, avec les mêmes fondamentaux : l’écologie, la technicité et cette fabrication européenne. Le premier pilier sportif, c’est la collection performance, et le second pilier urbain, c’est la collection studio. Nous sommes encore en train de développer cette dernière, qui n’est pas encore en vente, mais qui va se lancer dans une grosse année.
« AYAQ est fournisseur de l’Équipe de France handisport »
La marque AYAQ a produit trois vêtements phares récemment : un t-shirt, un short et une veste. Quelles sont leurs avantages pour la pratique sportive ?
Le t-shirt MÉRINOS, c’est une de nos stars en termes de produit, parce qu’on a réussi à développer cette pièce technique avec de la laine très fine, qui donne un confort au porté. Quand c’est bien travaillé, la laine ne gratte pas. Avec notre partenaire italien, on a un t-shirt qui a tous les avantages de la laine, c’est-à-dire que ça tient chaud quand il fait froid, ça permet quand même de respirer, et puis on a les caractéristiques naturelles de la laine avec l’anti-odeur. De plus, il a une utilisation très polyvalente. En effet, on peut le mettre en sous-couche sous une veste pour l’hiver ou bien le mettre en couche unique pour courir quand il fait meilleur. Il possède également des coutures plates, qui empêchent les irritations aux zones des coutures. Ensuite, on a le short LEVICO plutôt orienté vers la randonnée active et le running, c’est un short qui permet de se balader comme de courir avec intensité, puisqu’il est très léger. Enfin, la veste RAVEN est assez apprécié car elle est aussi très légère, elle apporte juste ce qu’il faut de renfort de chaleur quand il fait frais, ou un peu froid.
Quels sont les prochains objectifs pour la marque ?
Les prochains objectifs sont de continuer le développement des produits et de développer le réseau de partenaires de distribution. En termes de produits, que l’on continue d’améliorer nos gammes de sport hiver et d’été afin de rajouter des nouveaux styles, des nouvelles fonctionnalités. Nous terminons également le développement de la fameuse gamme urbaine, l’objectif est de la lancer au moment de l’hiver 2025/2026. L’autre gros objectif est donc de développer les ventes, notamment par le réseau de partenaires boutiques revendeur de la marque. Nous avons une centaine de partenaires revendeurs dans quatre pays : la France, l’Autriche, l’Italie et la Suisse. On travaille afin d’en avoir plus en France et dans d’autres pays, comme en Scandinavie ou encore au Japon.
En tant qu’ancien porte drapeau de l’Équipe de France lors des Jeux olympiques d’hiver en 2010, est-ce que ce serait une consécration de voir les Bleu(e)s porter votre marque lors des prochains Jeux d’hiver à Milan (Italie) en 2026 ?
Oui ! C’est d’ailleurs déjà le cas, on est fournisseur de l’Équipe de France handisport. En effet, cet hiver, l’Équipe de France handisport a été utilisatrice de la marque AYAQ pour les entrainements et les compétitions. On est avec eux de tout cœur, parce qu’ils se dirigent vers les Jeux de Milan en 2026. Pour la suite, nous verrons petit à petit. Le client type de la marque n’est pas forcément le compétiteur, je viens de cela et c’est fantastique, mais la marque s’adresse vraiment à une pratique intense, exigeante, mais plus dans le cadre de l’exploration et de la découverte que de la compétition.