Rentré chez lui mardi à 3 heures du matin après « un vrai périple » pour se rendre puis rentrer de Chine, Bastien Midol, 31 ans, n’a malgré tout pas perdu son temps sur la piste olympique de Secret Garden : accrocher un podium dès la première étape de Coupe du monde de ski cross et prendre quelques repères bien utiles avant les Jeux olympiques de Pékin (4 au 20 février). Mais le skieur du Grand-Bornand insiste bien : les JO, il y pensera uniquement quand il sera sûr d’y aller. Et la qualification se joue dans les prochaines semaines, dès le week-end des 10-11 décembre à Val-Thorens.
Bastien, que retenez-vous de cette première étape de Coupe du monde ?
Que la saison a bien commencé, et même de la meilleure des façons ! Commencer par un podium ça fait du bien, cela donne de la confiance pour la suite. Quand on s’entraîne tout l’été et tout l’automne, on se pose beaucoup de questions avant de commencer la saison. Au vu de cette première étape, je sais que je suis prêt.
Vous auriez pu encore mieux commencer si vous aviez gagné. Et vous avez été tout près de la victoire.
J’aurais pu effectivement finir 1er mais je sais que j’ai été devant les ¾ du run final. Le ski que je produis est bon, ça ne m’a pas souri en Chine à cause de ma petite erreur tout près de l’arrivée. Ça reste positif, j’espère que ça sourira plus tard.
Vous voulez dire dans un peu plus de deux mois lors des JO ?
Dans 2 mois, on n’y est pas encore. Les JO, ça deviendra un objectif quand j’aurai ma qualification. On a une équipe de France dense, il y a 4 places pour 8 gars. Les places sont chères, ça va commencer par un bon début de saison. On pourra penser aux JO après. La liste des sélections sera donnée le 17 janvier, après les deux courses au Canada et avant celle en Suède. Je penserai donc aux JO juste avant les JO si j’y suis. Je n’ai pas envie de griller d’étapes car par le passé cela ne m’a pas souri : en 2014 à Sotchi, j’étais blessé, et en 2018 j’ai loupé mon début de saison donc je n’ai pas été sélectionné. Mon but, c’est d’y participer et même d’y performer. J’ai connu un peu toutes les joies que peuvent procurer mon sport : une médaille aux Mondiaux, une médaille aux X-Games, n°1 mondial et Globe de cristal. Une médaille olympique, c’est le truc qui me manque.
En attendant, vous avez forcément pris quelques repères de cette piste ?
Oui ce sera quasiment la même piste. On ne va pas se mentir, c’est une piste qui m’a réussi, j’ai trouvé de bonnes choses. Après, entre nous, dès le premier jour, on s’est rendu compte que le parcours était assez facile. Pour les JO, ils vont tout grossir, les sauts, les rollers et tout ce qu’on retrouve dans le ski cross. Il faudra juste éviter de répéter le genre d’erreur technique bête que j’ai commise. J’étais en tête avec un peu d’avance dans le dernier virage. Mais la neige au fil de la course ramollissait énormément, le virage était de plus en plus mou, j’ai fait tomber la ligne d’épaule et j’ai perdu l’équilibre : je me suis rattrapé avec le coude et la main et ça m’a fait perdre de la vitesse. Le Russe m’a doublé puis le Canadien à la photo finish. Finalement, beaucoup de monde m’a dit après : ce n’est pas celle-ci de course qu’il fallait gagner (rires).
Le long voyage jusqu’à Secret Garden n’a pas entamé votre motivation pour y retourner ?
C’est vrai que cela a été un vrai périple avec déjà beaucoup de préparation en amont pour obtenir son visa, un paquet de documents à remplir, un aller-retour à Marseille courant novembre pour la demande, puis un voyage en bus jusqu’à Francfort pour prendre notre avion, de longues heures à attendre ensuite à l’aéroport de Pékin le résultat de notre test PCR puis dans un bus. Au total, on a mis 34 heures pour arriver jusqu’au site olympique de Secret Garden. Heureusement, un peu moins pour rentrer puisqu’on a été épargné des 6 heures d’attente à Pékin. Mais non, j’ai toujours très envie d’y retourner pour les JO. Pour les Jeux, d’autres mesures seront mises en place, ce sera mieux ficelé et mieux organisé.
Quel est le programme des prochaines semaines ?
On a une petite semaine de break puis on enchaîne les étapes de Coupe du monde jusqu’à Noël : à Val-Thorens les 10 et 11 décembre, puis en Suisse et en Italie. La qualification se joue en grande partie maintenant. J’ai bien commencé mais il ne faut pas s’endormir. La piste de « Val-Tho » me convient bien, les Championnats de France ont lieu régulièrement là-bas en fin de saison, il y a une ambiance très familiale avec la présence de la famille et du fan club. Donc cette piste, on la connaît tous bien dans le groupe France. Elle me correspond bien mais pas qu’à moi.
Quelles sont vos ambitions de manière générale ?
Depuis que j’ai fini n°1 mondial en 2018-19, gagner le Globe de Cristal est un des objectifs qui me correspond le mieux et qui me donne envie. Le classement général, ça marque la régularité sur toute une saison, j’aime bien. J’espère qu’aller chercher un deuxième Globe de Cristal va devenir un objectif au fil de la saison en fonction de mes performances.
Vous avez un nom qui fait plutôt penser au rugby, vous avez un gabarit de 3e ligne (1,90 m, 94 kg) mais pour vous, il a n’a toujours été question que de ski ?
Oui, je fais du ski depuis tout petit. J’ai habité au Grand-Bornand à 200 m des pistes, mon père était pisteur secouriste, j’ai chaussé mes premières chaussures à 3 ans, pris ma première licence dans un club à 6 ans. Pour nous, le choix c’était plutôt soit ski alpin, soit ski de fond. Je n’ai pas choisi ski de fond par rapport à une question d’endurance qui me manquait un peu. Et puis, jeune, on s’éclatait plus à descendre qu’à monter.
Propos recueillis par Sylvain Lartaud