Les organisations sportives ont de plus en plus de mal à trouver des bénévoles. Afin de lutter contre cette situation, Alexandre Gérard et Emmanuel Aujouannet ont créé la plateforme digitale bénégo qui fait le lien entre organisations et bénévoles. Ils expliquent.
Quel est le but de la plateforme bénégo que vous avez créée ensemble en avril 2019 ?
Alexandre Gérard : bénégo est la 1ère plateforme de France qui simplifie l’accès au bénévolat sportif et qui valorise l’engagement bénévole dans le sport. bénégo facilite la mise en relation entre les bénévoles et les organisations sportives qui peuvent être des associations, des collectivités ou même des entreprises. Ces dernières peuvent diffuser des offres de bénévolat sur bénégo, autant pour un poste de signaleur lors d’une manifestation que pour trouver un nouveau trésorier ou entraîneur, par exemple. Toutes les annonces des organisations sportives sont visibles par n’importe quels visiteurs du site et ceux-ci peuvent proposer leur aide en devenant bénévoles. Ces derniers renseignent également leur profil personnel, puis ils recevront les offres de bénévolat les plus pertinentes, selon leurs compétences ou encore leur niveau de mobilité qui peut être départemental, voire national.
Comment la mise en relation se fait-elle ensuite ?
A.G. : Les contacts entre l’organisation et les bénévoles peuvent être pris par mail ou téléphone, mais une messagerie est proposée dans la version Essentiel de bénégo qui est payante. Face à des grands volumes de bénévoles, l’organisateur à la possibilité de faire des envois de mails groupés, cela lui évite de rechercher chaque profil dans un tableur Excel.
« Valoriser le niveau de bénévolat »
Proposez-vous un suivi une fois la manifestation passée ?
Emmanuel Aujouannet : Lorsqu’une personne s’inscrit sur la plateforme pour aider sur un événement, elle gagne des points, puis d’autres quand elle finit sa mission. C’est un moyen de valoriser le niveau de bénévolat sur le long terme, voir si on peut lui faire confiance et lui donner des missions dans ses compétences.
A.G. : À chaque fin de mission, le bénévole reçoit un Certificat bénégo qui le valorise, qui offre un gage de qualité et de confiance. Pour le moment, c’est symbolique, mais on réfléchit à faire gagner des récompenses en fonction des points, grâce à des partenariats avec des marques.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous associer pour créer ce service ?
E. A. : Alexandre et moi, nous sommes rencontrés en L3 au STAPS de Montpellier et avons fait ensemble un stage au Montpellier Triathlon. Nous avions aussi une appétence commune pour le digital. Nous avons décidé d’agir en nous orientant vers le développement de bénégo.
A.G. : Du fait de nos expériences sportives et bénévoles, nous avons remarqué les soucis pour trouver, puis fidéliser les bénévoles et nous voulions proposer une solution pour le mouvement sportif. Il nous est venu l’idée d’une plateforme digitale qui touche aussi bien une population jeune que des seniors de plus en plus connectés. Nous travaillons entre Paris et Montpellier. Emmanuel développe la partie produit site web et application, moi tout ce qui concerne la communauté, la communication et les partenariats. Nous avons depuis été rejoints par des stagiaires et des consultants free-lance.
Savez-vous combien d’organisateurs sportifs et de bénévoles utilisent bénégo ?
E. A. : D’avril à juillet 2019, nous avons testé la plateforme pour voir si des organisations publiaient des événements ou des missions de vie quotidienne afin de vérifier qu’il y avait vraiment un besoin. Nous avons eu beaucoup de retours positifs à cette période. Plus de 200 bénévoles ont répondu pour 30 missions, et donc quelques mois plus tard, nous avons sorti un site renouvelé, automatisé et avec de nouvelles fonctionnalités comme un logiciel de gestion de bénévoles. Cette nouvelle plateforme est sortie en janvier 2020. Aujourd’hui, plus d’une centaine d’organisations sportives utilise la plateforme et le nombre de bénévoles ne cesse de croitre.
Avez-vous trouvé des partenaires ?
A.G. : Nous avons conclu un partenariat avec l’association nationale des étudiants en STAPS (ANESTAPS). C’est fort pour nous, car nous étions en STAPS et nous souhaitons valoriser cette formation, ainsi que contribuer à aider les étudiants à monter en compétences et à accéder à des postes à responsabilité grâce au bénévolat. Nous sommes aussi en lien avec des écoles spécialisées dans le sport pour diffuser des informations au sein de leur organisation. Nous faisons aussi des partenariats avec des événements sportifs comme la SMS E-Sport Cup, mais aussi avec des clubs professionnels comme le Paris Volley. Nous avons également établi un partenariat avec My weekend for you, une plateforme d’hébergement collaboratif. Grâce à ce partenariat, les membres de la communauté bénégo peuvent trouver gratuitement des hébergements le temps de leurs missions de bénévolat. Les bénévoles peuvent aussi en accueillir d’autres chez eux, ce qui renforce les liens et crée de la cohésion.
E. A. : Nous avons commencé à réfléchir à nous adresser à des établissements publics, toujours avec l’objectif de développer la reconnaissance des étudiants. Le sport étant universel, ce genre de bénévolat peut susciter l’intérêt des établissements généraux.
« On reste proche des membres de bénégo »
Comment comptez-vous faire évoluer bénégo ?
E. A. : Nous demandons un retour d’expérience à la fin de chaque événement. Les impressions sont plus générales pour l’organisation, alors que les bénévoles mettent une évaluation de 1 à 5 étoiles et des commentaires visibles uniquement par l’organisation sportive. Nous souhaitons toujours améliorer l’expérience plateforme et réalité, et pour cela nous travaillons beaucoup avec le principe du Test and Learn. Nous restons proches des utilisateurs, nous posons des questions pour concevoir des fonctionnalités qui leur conviennent. Par exemple, des utilisateurs nous ont demandé d’avoir la possibilité de créer des formulaires personnalisés pour recueillir des informations supplémentaires sur les bénévoles. Avant, le bénévole ne renseignait que ses disponibilités et ses choix de mission. Depuis le mois de mars, les organisateurs peuvent ajouter des questions supplémentaires. Une autre demande que nous avons prise en compte a été de créer un planning pour avoir une meilleure vision des disponibilités des bénévoles. Les Jeux olympiques et paralympiques en France offrent-ils une belle opportunité pour bénégo ?
A.G. : Un grand événement comme les Jeux olympiques dynamise le mouvement sportif en France et cela ne peut qu’être bénéfique. Forcément, il va y avoir de plus en plus d’actions sportives, il faut donc encourager tout le monde à faire du bénévolat, et pour cela, bénégo est là !
Une application qui va devenir incontournable
Élisabeth Megaly, membre de l’Association française de Teqball (AFTEQ), a utilisé bénégo pour l’organisation du Paris Teqball Challenger Cup, un sport qui mêle tennis et football, où les joueurs s’envoient un ballon avec toutes les parties du corps, sauf les bras et les mains, par-dessus une table incurvée. Cette manifestation, qui devait avoir lieu les 28 et 29 mars mais annulée à cause de l’épidémie du COVID-19, devait rassembler une soixantaine de joueurs français et étrangers devant 500 à 1 000 spectateurs. « Il fallait donc entre 50 et 100 bénévoles pour le montage des tables, la préparation de la buvette, l’accueil des joueurs et du public », donne pour exemple Élisabeth Megaly. Elle a donc utilisé bénégo pour la première fois, « après avoir constaté une belle évolution du site », et « j’ai eu une bonne surprise ! » confie-t-elle. « J’ai eu trois candidatures en deux heures ! » La Paris Teqball Challenger Cup n’a pas eu lieu, mais ce n’est que partie remise. « Nous avons plusieurs compétitions dans l’année lors du Circuit Teqball France et nous allons toujours utiliser bénégo à partir de maintenant », annonce la membre de l’AFTEQ. Elle ne doute pas que d’autres organisateurs vont suivre son exemple : « C’est une application qui a un bel avenir devant elle, qui va devenir incontournable dans les années à venir. »