Plus jeune champion du monde de trail de l’histoire, Benjamin Roubiol, 23 ans, revient sur cet incroyable titre décroché du côté d’Innsbruck (Autriche).
Benjamin, vous êtes le plus jeune champion du monde de trail de l’histoire. Une surprise à vos yeux ?
Un peu, j’étais vraiment surpris de ce résultat. C’était ma première sélection en équipe de France, j’avais à cœur de découvrir ce qu’est une compétition internationale. Découvrir un nouveau pays, un autre relief : c’était mon but. Sur le plan sportif, je m’étais préparé du mieux possible, je savais que je pouvais faire quelque chose de bien. Je pensais pouvoir bien apprivoiser le parcours. Et finalement, ça s’est mieux passé que ce que je pensais !
Vous l’avez dit, c’était votre première compétition internationale. Aviez-vous en permanence un plan en tête et des erreurs de jeunesse à éviter ?
Tout était planifié. Je me suis bien concentré sur mon rythme, mon alimentation, mon hydratation et sur tous les petits détails de course. Sur une longue distance, il faut être le plus sérieux possible pour rester rapide le plus longtemps possible. Je ne voulais pas trop être au courant du classement, mais finalement, je savais où j’en étais parce que j’ai eu beaucoup d’indications de la part du public. J’avais la vision sur ce qui se passait devant, on était assez proches les uns des autres. A chaque petit coup de moins bien, je pouvais corriger et reprendre mon rythme, retrouver de l’énergie. Je n’étais pas du tout concentré sur le classement, mais plutôt ce que je pouvais ressentir en termes de sensations.
« Je me rappellerai toujours de ce moment »
Et ce moment où vous passez en tête, comment le vivez-vous ?
Quand on se rend compte qu’on est en tête et on s’aperçoit qu’on est encore en forme, il ne faut surtout pas s’emballer et crier victoire trop vite. C’est là qu’on se déconcentre et qu’on peut tout perdre. Je me rappellerai toujours de ce moment, j’avais une vision assez claire de ce qui se passait autour de moi. J’avais beaucoup d’avance, j’étais conscient que j’allais remporter la course. Les applaudissements du public, le staff qui me pousse… je me souviens de tout. C’était très émouvant à vivre, d’autant que je n’avais jamais imaginé gagner des championnats du monde aussi jeune.
Ce titre, qu’est-ce qui peut changer pour vous ?
Oui, je le pense. Ça fait longtemps que je cherche à me professionnaliser. Depuis deux ans, j’ai un peu de mal à franchir les étapes. Ce titre peut donc me faire avancer beaucoup plus vite. Et puis pour présenter ce que je fais, quand je dis que je suis champion du monde, ça change beaucoup de choses. Ça permet aux gens, y compris à mon entourage, de mieux comprendre mes efforts au quotidien et mon mode de vie.
A quel point le collectif de cette équipe de France a-t-il été crucial dans votre victoire ?
Quand on se bat pour une médaille, avoir tout un groupe qui pousse derrière, c’est énorme. Le collectif, ça nous pousse vraiment dans la performance individuelle. On a une sacrée équipe de France, un groupe de haut niveau où on se pousse les uns et les autres.