Benoît d’Argenlieu est l’un des cofondateurs de la marque de vêtements Sports d’époque avec son frère Géraud. Entretien avec un passionné de sport et textile.
Comment a été lancé Sports d’époque ?
Derrière Sports d’époque, il y a une histoire de passion mais aussi l’idée de vendre des produits qui ont du sens, de l’histoire. Mon frère et moi sommes passionnés de sport, l’idée de cette marque est de raconter des histoires à travers le textile.
L’idée est donc de mêler sport et mode…
Exactement. L’idée, c’est d’amener un côté sportswear, lifestyle et mode avec des produits qui ont une vraie histoire de sport. Quand on dessine, on fait des clins d’œil à de vraies petites choses de l’histoire sportive. On est parfois très littéral. Par exemple, on va reproduire un maillot réplica d’une telle époque. On l’a déjà fait pour le maillot de rugby avec le premier coq de l’histoire du sport qui était en 1905. Nous allons éplucher les archives, on va retrouver des broderies, on va essayer de coller au plus possible à ce qui se faisait à l’époque exacte. On est aussi parfois éloignés dans l’image en faisant un petit clin d’œil (graphique) et beaucoup moins dans le réplica. Nous sommes beaucoup plus dans l’inspiration.
Vous sortez souvent des collections dédiées à de grands moments d’histoire du sport. Pourquoi ?
C’est vrai qu’on aime bien faire des collections en lien avec des thématiques fortes du moment. Pour la Coupe du Monde de rugby 2023, on va avoir un angle très historique et graphique en fonction des histoires que l’on aura choisies de raconter.
Vous avez sorti une collection intitulée « A bicyclette ! » qui rend hommage au Tour de France. Comment cette idée a-t-elle germée ?
Cette idée est venue en se demandant ce que l’on pourrait raconter de sympa sur le vélo. On s’est questionné : Quelles sont les choses qui ont marqué l’histoire du cyclisme ? Que peut-on faire ? Comment peut-on jouer sur des éléments qui concernent le sport mais pas seulement ? Le vélo, ce ne sont pas que des produits qui sont vendus à des passionnés de sport, c’est aussi tout l’esprit du vélo. Vous parliez de la bicyclette, c’est un clin d’œil à des chansons. Ça germe du fait que nous voulons raconter des histoires qui donnent soit des larmes soit de la joie. Quand on raconte l’histoire du Vieux Gaulois, on ne peut pas parler vélo et histoire sans faire un clin d’œil à Eugène Christophe. Pareil lorsqu’on évoque de grands cols mythiques du Tour de France. Des expressions qui émanent de l’univers sportif sont arrivées dans notre langage courant comme la bicyclette ou avoir la tête dans le guidon.
« On essaie d’amener de l’émotion à travers les histoires et expressions choisies »
Au-delà du côté sportif très marqué, on voit aussi que vous voulez casser certains codes de la mode…
Avant toute chose, on amène notre personnalité. On essaie encore une fois d’amener de l’émotion à travers nos graphismes, les histoires et expressions choisies. C’est la valeur ajoutée que l’on ramène. En termes de production, nos produits sont confectionnés dans le Sud-Ouest de la France et au Portugal. On y tient car on fait cela depuis 2007.
C’est important pour vous de fabriquer vos collections en France et au Portugal ?
Oui, c’est hyper important. Ça a été un choix dès 2007 car nous croyons à fond à la production locale. De plus, c’est compliqué de raconter des histoires de sport français si la production est éloignée de la France. Nous sommes à fond là-dedans depuis 2007. Il y a un gage écologique qui prend de plus en plus de place et un gage de qualité. Ça nous permet de pouvoir bien contrôler la production locale étant donné que nous sommes une société de taille moyenne. Il y a également une idée de cohérence avec le produit, la marque, de contrôle-qualité et d’écologie.
Comment se passe la conception d’un vêtement, de l’idée de base au produit fini en passant par l’histoire que vous souhaitez conter ?
L’idée, c’est plutôt de se dire « On va raconter des histoires », trouver les histoires. Il y a tout un plan que l’on va chercher. On recherche dans des livres, sur Internet, on se renseigne auprès de collectionneurs. On s’inspire aussi de ce qu’on a pu voir, entendre. Une fois l’histoire définie, on va travailler sur l’artwork où on va essayer de mettre en images ou en texte l’histoire. Après, on décide de la manière de le traiter, soit en impression soit en broderie. Ensuite, on décide sur quel support on émet. Le développement passe par une recherche, une sélection, une mise en design et la mise en pratique. Nous utilisons énormément de techniques mélangeant print et broderie.
Quels vont être les objectifs de Sports d’époque pour les prochaines années ?
Nous avons plusieurs objectifs. Tout d’abord, continuer à faire ce que l’on fait en gagnant un peu en notoriété. Ensuite, garder la même qualité et le même positionnement sur l’histoire du sport et de la mode. Bien se mettre en lumière lors de grands événements sportifs. Il y en a pas mal qui arrivent. De plus, nous allons bientôt lancer quelques chaussures dès le mois de septembre prochain.