Biathlon – Camille Bened : « Les JO, j’en rêve depuis toute petite »

La jeune biathlète de Haute-Savoie, 20 ans, termine ce week-end sa saison en IBU Cup à Obertilliach, en Autriche, où elle est devenue double championne du monde juniors la semaine dernière. Camille Bened (ne prononcez pas le d) nous raconte sa course et dévoile ses rêves olympiques.

 
Camille, quelques jours après votre titre de championne du monde à Obertilliach, vous êtes toujours en Autriche ?
Oui, on a enchaîné avec l’IBU Cup, elle devait se dérouler en Italie mais finalement les dernières étapes ont été rassemblées à Obertilliach. On a couru l’individuel mercredi, j’ai souffert du début à la fin, je finis 34e, les jambes ne suivaient pas.
 
Tout l’inverse de la semaine dernière quand vous être sacrée championne du monde junior. Racontez-nous.
Oui, c’est vrai que ce jour-là, tout m’a réussi. J’étais super contente d’avoir réussi à 20. Le 20/20 en biathlon, c’est quelque chose de sacré on va dire. C’est plus rare, par rapport à un 10/10. Je n’explique pas cette réussite : j’étais bien sur les skis, bien derrière ma « cara » (carabine), c’était le bon jour, rien ne pouvait m’arriver.
 
Vous réalisez une course pleine et vous gagnez avec 1’25 d’avance, c’est énorme.
Même sur les skis, qui est d’habitude mon point moins fort, tout allait bien. C’était le bon jour pour aller chercher cette médaille d’or. C’étaient mes quatrièmes Mondiaux et après 3 titres en relais, j’avais à cœur de remporter une médaille en individuel. Ça m’a libéré dans un sens mais d’un autre côté, je me suis laissé reposer sur cette médaille et la suite s’est moins bien passée : je finis deux fois 4e en sprint et poursuite.
 

 
Vous vous êtes quand même bien rattrapée en relais pour boucler la boucle lors de la dernière épreuve des Mondiaux.
Oui, c’est la 4e année consécutive que l’on gagne le relais. C’est une course qui me tenait à cœur, j’ai réussi à me libérer et redevenir moi-même, en tant que dernière relayeuse, pour cette dernière course des Mondiaux. En individuel, on ne peut pas laisser exploser notre joie comme on le voudrait. En relais, c’est différent. On partage des émotions à plusieurs, on n’est pas tout seul.
 
Ce titre en individuel a-t-il changé quelque chose pour vous ?
Je ne pense pas. Après, je vais voir quand je vais rentrer chez moi. J’ai reçu plus de sollicitations par les médias. Un titre de champion du monde, c’est quand même quelque chose. Après, je n’ai pas coupé, je ne réalise pas encore totalement je pense.
 
Vous n’avez pas pu partager cette victoire avec votre famille, ce n’est pas trop long ?
Non ça va, on part souvent 3-4 semaines d’affilée, d’autant plus durant cette saison particulière qui a été très courte mais intense. Elle n’a pas commencé comme d’habitude en décembre, mais en janvier et s’est déroulée sur un format de 3 semaines en janvier, et un mois maintenant. Je suis partie de chez moi depuis le 16 février. On a l’habitude. C’est la fin de la saison, on aura tout le temps de profiter en avril qui est un mois assez cool généralement. C’est vrai que je commence à avoir hâte de rentrer, de me poser. J’ai eu mes parents au téléphone, ils savent combien cela vient récompenser tout le travail accompli, ils ont toujours été dernière moi. Je suis attendue dans mon village de Vacheresse (dans la vallée d’Abondance), ça fait chaud au cœur.
 

 
Quel sera ensuite le programme ?
Il reste une course le 26 mars aux Contamines, les championnats de France de la mass start. Les U22 courent avec les seniors. On se retrouve avec les filles de la Coupe du monde, c’est toujours intéressant d’avoir des temps de repère et de pouvoir les comparer même si ce sera la fin de saison et qu’il y aura forcément de la fatigue.
 
Quel sera votre objectif ?
L’an dernier, je n’avais pas eu la chance de prendre le départ de cette course, ce sera donc une première pour moi. Après je n’ai pas trop réfléchi à mon objectif. J’aimerais bien être à la bagarre une partie de la course. Il y a un titre à la clé !
 
Cela va être plutôt sympa de courir avec les Anaïs Chevalier, Julia Simon ou Justine Braisaz.
C’est sûr que la présence des filles de la Coupe du monde va rendre la course plus explosive, plus rapide. Elles sont plus rapides. C’est leur niveau qu’on espère atteindre. J’ai suivi toutes leurs courses à la télé, cela permet d’apprendre beaucoup sur la gestion de la course, la façon de skier. Il y a une biathlète en particulier qui m’a vraiment inspirée, c’est Tiril Eckhoff. Tenir un niveau aussi élevé sur la saison complète avec une telle régularité, c’est fort ce qu’elle a réalisé pour gagner le Globe de cristal.
 
Espérez-vous courir bientôt sur le circuit Coupe du monde ?
Cela fait partie de mes objectifs. Tout comme de participer aux Jeux olympiques. La saison prochaine, il y a les JO justement donc ce sera particulier. Il n’y a que 4 Françaises qui pourront les courir. L’équipe de France sera encore assez dense, beaucoup de monde peut prétendre y aller. Il faut se faire se place, cela demande encore du travail. Je pense d’abord à me construire sur le circuit IBU Cup. La saison prochaine, ce sera trop tôt, d’ici 2 ans pourquoi pas ?
 
Les JO de Pékin, cela paraît inaccessible ou vous y croyez quand même ?
J’aimerais y croire, j’en rêve depuis toute petite. Mais ça me paraît trop compliqué, je ne pense pas y aller. Mais je vais continuer à m’entraîner et aller chercher le meilleur que je peux. J’ai commencé à 8 ans, je regardais le biathlon à la télé, j’ai beaucoup suivi l’Allemande Magdalena Neuner. Elle a gagné plusieurs titres olympiques. Un titre olympique, c’est l’aboutissement d’une carrière. Martin Fourcade a apporté beaucoup au biathlon français, mais moi j’étais plus sur Neuner. Elle m’a marquée et m’a donné l’envie de me lancer là-dedans.
 
Sur quel domaine devez-vous encore progresser ?
Je dois travailler énormément sur les skis. Je ne suis pas une des plus rapides. Je peux m’appuyer sur mon niveau de tir, cela toujours été mon point fort. Mais les biathlètes aujourd’hui doivent être performants à la fois sur les skis et en tir. On l’a vu avec Johannes Boe. Avant, il était capable de gagner malgré 2 ou 3 tours de pénalité. Cette saison, ce n’est plus possible. »

Propos recueillis par Sylvain Lartaud
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