Les clubs de gymnastique font face aux différentes restrictions sanitaires, notamment l’interdiction de pratiquer en salle, même pour les mineurs. Jean-Luc Ducerf, président du Comité régional de Bourgogne-Franche-Comté de gymnastique, met en avant l’incertitude pour tous.
De quelle manière la pandémie de Covid-19 a-t-elle affecté les structures de gymnastique en Bourgogne-Franche-Comté ?
Le nombre de licenciés est tombé à près de 11 000 contre environ 15 000 avant. Les défections se situent surtout dans le secteur des adultes qui ont attendu pour prendre leurs inscriptions au début de la saison 2020-2021, puis qui ne sont finalement pas revenus avec le deuxième confinement en novembre. Il n’y a eu de grosses pertes du côté des mineurs. En tout, la chute des licences est de 27% sur le territoire de la Bourgogne-Franche-Comté, elle est de 28% pour la Fédération française, nous sommes dans les mêmes chiffres. Aujourd’hui, nous comptons 87 clubs affiliés au Comité régional. Nous sommes à l’équilibre par rapport à l’année dernière. Du côté économique, les clubs ont perdu des cotisations des licences et les recettes des fêtes de fin de saison pendant cette crise, mais ils n’ont pas eu de frais de matériels ou de frais de compétitions et bénéficient des aides de l’État pour mettre les éducateurs au chômage partiel.
De quelle manière le Comité régional accompagne-t-il les clubs dans ce contexte ?
Nous avons organisé des réunions en visio, mais ce n’est pas facile de monter des assemblées générales et des formations à distance quand tout le monde n’a pas le même niveau en informatique. En 2020, le Comité a redonné un euro par gymnaste aux clubs pour les soutenir. La fédération avait également remis une somme d’argent aux structures selon leur nombre de licenciés. Peut-être allons-nous reconduire l’opération pour la saison 2021-2022. On envisage déjà que la prochaine rentrée sera compliquée, si les adultes sont encore frileux et ne veulent pas prendre une licence par peur que tout s’arrête un mois après. Nous cherchons des solutions.
Le Gouvernement a suspendu l’activité sportive en intérieur même pour les mineurs sans donner de date de reprise. Comment voyez-vous la suite de la saison ?
La grande question est « quand les jeunes pourront-ils reprendre les compétitions ? ». On essaye de rester optimiste, mais cela ne semble pas faisable. Même si les sportifs sont autorisés rapidement à revenir en salle, il sera difficile de faire des compétitions alors qu’ils ont beaucoup perdu dans leur technique. C’est difficile pour les gymnastes de s’entraîner de leur côté, ils ont besoin des agrès. Déjà, les compétitions interdépartementales prévues en mars n’auront pas lieu. Le championnat régional des ensembles, des équipes et des duos est toujours programmé en avril, mais il n’est pas certain que la municipalité de Belfort souhaite encore l’accueillir dans le gymnase Le Phare, alors que ses équipes de basket et de handball doivent rattraper leur championnat. S’il n’y a pas de compétitions officielles, le Comité régional essayera d’organiser des rencontres entre les enfants de 12 et 13 ans pour leur permettre d’échanger et instaurer un esprit de compétition. Mais est-ce que des clubs vont organiser des compétitions à huis clos qui ne leur rapporteront rien ? Et des parents vont-ils venir de loin pour accompagner leurs enfants alors qu’ils n’auront pas le droit d’entrer dans la salle ? Le mot incertitude revient toujours.
Les gymnastes de haut niveau peuvent-ils continuer à s’entraîner ?
Les jeunes inscrits dans le parcours de performance de la Fédération Française de Gymnastique, c’est-à-dire susceptibles de matcher dans les sélections espoirs, juniors, avenir et élite, ont droit à une dérogation. Les municipalités peuvent ouvrir une salle uniquement pour leurs entraînements. La dérogation concerne également le couvre-feu après 18 heures. Les gymnastes et les encadrants ont une attestation qu’ils peuvent montrer s’ils sont contrôlés. C’est le cas de quatorze jeunes au Pôle espoir de Montceau-les-Mines, dont je suis le président.
Un gymnaste originaire de la Bourgogne-Franche-Comté sera-t-il au rendez-vous des Jeux olympiques de Tokyo ?
Coline Devillard (photo), qui a été championne d’Europe de saut de cheval en 2017, peut faire partie de l’équipe de France féminine qui a obtenu son quota pour les JO l’an dernier. Elle est licenciée à l’Amical laïque Digoin, en Saône-et-Loire, mais s’entraîne à l’INSEP depuis plus de 4 ans. On croise les doigts pour elle. Coline Devillard pourrait aussi obtenir un quota grâce au circuit de Coupe du monde, mais cela va être compliqué car les tournois organisés par la Fédération européenne de gymnastique lors des premiers mois de l’année ont été suspendus, et on ne sait pas si le Championnat d’Europe aura bien lieu en avril à Bâle.